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Key findings
  • Le châtiment corporel des enfants divise les Tunisiens : 47% d’entre eux pensent qu’il est justifié pour les parents d’utiliser la force physique pour discipliner leurs enfants, tandis que 53% estiment que cela n’est « jamais » justifié. o Cependant, près des deux tiers (65%) des Tunisiens déclarent que l’utilisation de la force physique pour discipliner les enfants est « assez » ou « très » fréquente dans leur communauté.
  • La majorité des Tunisiens affirment que les cas d’enfants victimes de violence, maltraités ou négligés (57%) et les cas d’enfants non scolarisés (56%) sont « assez fréquents » ou « très fréquents » dans leur communauté. o Les jeunes et les citoyens pauvres sont plus enclins de considérer les enfants maltraités ou négligés et les enfants non scolarisés comme des problèmes répandus dans leur communauté.
  • Pour la majorité des Tunisiens, des mécanismes de prise en charge sont disponibles dans leur communauté pour aider les enfants victimes de violence, maltraités ou négligés (69%), les enfants portant un handicap physique (67%) et les enfants et adultes avec des troubles mentaux ou émotionnels (66%). o Les Tunisiens instruits et nantis sont plus susceptibles de percevoir l’existence de ces aides dans leur communauté.
  • Plus de six Tunisiens sur 10 (64%) pensent que le gouvernement ne fait pas assez en matière de protection et de promotion du bien-être des enfants vulnérables.

En Tunisie, les enfants âgés de 0 à 14 ans représentent à peu près le quart de la population totale, soit environ 2,94 millions (Institut National de la Statistique, 2023).

En matière de protection des droits de l’enfance, le pays est doté d’un cadre juridique riche. En effet, la Tunisie garantit les droits des enfants dans sa Constitution (2022) et a ratifié et adopté des lois et conventions visant à protéger et à promouvoir le bien-être des enfants. En plus, le pays a entrepris des actions telles que l’élaboration du Plan d’Action National de Lutte contre le Travail des Enfants, la mise en place d’un mécanisme indépendant de suivi des droits de l’enfant, et le lancement d’une campagne nationale de lutte contre la violence faite aux enfants, entre autres (La Presse, 2019 ; Baraket, 2015 ; Ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, 2023).

Toutefois, malgré l’existence de ces mécanismes, la situation de l’enfance en Tunisie fait face à des défis importants. Dans son rapport sur l’analyse de la situation des enfants en Tunisie, l’UNICEF (2020) a précisé qu’en dépit des avancées significatives enregistrées, des insuffisances persistent dans le domaine de la santé de l’enfant, de la qualité de l’éducation et de la violence contre les enfants. Environ un enfant sur cinq (21,2%) vivent dans la pauvreté en Tunisie. Le rapport signale également, en 2018, une forte prévalence de l’obésité du jeune enfant (17,2% des enfants de moins de 5 ans sont obèses et 44,2% sont à risque d’obésité) et l’existence des problèmes affectant la santé mentale des enfants (16,6% des enfants de 5 à 17 ans souffrent d’anxiété et 4,4% de dépression).

Quant à l’éducation, les enfants font face à une faiblesse des acquis d’apprentissage (72% des élèves de 7 à 14 ans n’ont pas les compétences de base en calcul et près de 34% ne les ont pas en lecture). Pour ce qui est de la protection, en 2018, 22,6% des enfants en Tunisie ont été victimes de punition physique sévère, 88% des enfants de 1 à 14 ans ont subi une discipline violente à domicile, 84% ont été victimes d’agressions psychologiques (Institut National de la Statistique & UNICEF, 2019). En 2022, près de 8.000 cas de violences physiques, psychologiques ou sexuelles sur les enfants ont été recensés par les services publics dédiés à la protection de l’enfance (Ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, 2023).

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire Afrobarometer Round 9 pour explorer les attitudes et les perceptions des Africains concernant le bien-être des enfants.

La justification de l’usage de la force physique pour discipliner les enfants divise les Tunisiens, mais la majorité d’entre eux disent que cette pratique est fréquente dans leur communauté. Les cas d’enfants non scolarisés de même que les abus et négligences des enfants sont courants dans les communautés selon la majorité de ces derniers.

La majeure partie des répondants soutiennent que des sources d’aide et de soutien aux enfants vulnérables sont disponibles dans leur communauté, mais ils ne sont pas satisfaits des performances du gouvernement dans la protection et la promotion du bien-être des enfants vulnérables.

Lionel Osse Essima

Lionel is the assistant project manager for Anglophone West Africa and North Africa.

Imen Mezlini

Imen Mezlini is the national investigator for Tunisia.