Skip to content
Key findings
  • Les Tunisiens considèrent la VBG comme le problème le plus critique en matière de droits des femmes qui doive être traité par le gouvernement et la société.
  • Plus de la moitié (52%) disent que la violence contre les femmes et les filles est « assez courante » (31%) ou « très courante » (21%) dans leur communauté.
  • La plupart des Tunisiens (86%) pensent qu'il n’est « jamais justifié » qu’un homme utilise la force physique pour discipliner sa femme.
  • Une grande majorité (85%) des citoyens pensent qu'une femme qui se présente à un poste électif sera confrontée à des critiques ou à du harcèlement de la part des autres membres de la communauté.
  • Plus de huit répondants sur 10 (83%) affirment que la police est encline à prendre au sérieux les cas de VBG. Mais les trois quarts (74%) considèrent également qu'il est probable qu'une femme qui déclare être victime de violence liée au sexe sera critiquée, harcelée ou humiliée par d'autres membres de la communauté.

En septembre 2021, Najla Bouden Romdhane est devenue la première femme premier ministre de Tunisie et du monde arabe, une autre étape importante dans un pays largement considéré comme un pionnier dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en matière de droits des femmes (CNN, 2021 ; AFP, 2018). Une série de lois pro-égalité remontant à 1956, quelques mois seulement après l’indépendance, vise à garantir « l’égalité des chances entre les femmes et les hommes », comme le stipule la Constitution de 2014,
« pour accéder à tous les niveaux de responsabilité et dans tous les domaines » (Constitute Project, 2019 ; UNFPA, 2018).

En 2017, une loi de grande envergure visant à protéger les droits des femmes a adopté une définition large de la violence basée sur le genre qui inclut la violence physique, économique, sexuelle, politique et psychologique (ONU Femmes, 2017).

Cependant, malgré des progrès considérables, la violence basée sur le genre (VBG) reste un problème grave en Tunisie (PNUD, 2022). La définition de la VBG de l’Organisation des Nations Unies fait référence à toute forme de violence dirigée contre une personne en raison de son sexe, et comprend les abus physiques, sexuels et émotionnels, ainsi que la surveillance abusive et le harcèlement.

Selon une enquête menée par l’Institut National de la Statistique de Tunisie (2015), près de la moitié (48%) des femmes tunisiennes ont subi une forme de VBG à un moment donné de leur vie.

Une femme sur cinq (20%) a déclaré avoir subi des violences physiques, et 14% ont déclaré avoir subi des violences sexuelles. D’autres formes de VBG, comme la violence psychologique, la surveillance abusive et le harcèlement, sont également courantes. Malgré les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la VBG, l’application des lois est souvent faible, et de nombreuses victimes de VBG ne signalent pas les crimes par crainte de stigmatisation ou de représailles (PNUD, 2022).

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire du Round 9 d’Afrobarometer (2021/2023) pour explorer les expériences et les perceptions des Africains en matière de VBG.

Les résultats montrent que les Tunisiens considèrent la VBG comme le problème le plus urgent lié aux droits des femmes que le gouvernement et la société doivent aborder. Plus de la moitié des citoyens considèrent que la VBG est au moins « assez courante » dans leur communauté. Une majorité affirment que les hommes n’ont aucune excuse pour recourir à la force physique contre leur femme et pensent que la police prend les cas de VBG au sérieux.

Cependant, une majorité des répondants pensent également que la VBG est une affaire privée qui doit être traitée au sein de la famille. Près de la moitié des Tunisiens pensent que les femmes qui signalent la VBG aux autorités seront probablement confrontées à la critique, au harcèlement ou à la honte de la part de la communauté.

Mohamed Najib Ben Saad

Najib is the data quality officer at Afrobarometer