- La majorité (64%) des Maliens estiment que la corruption a diminué au cours des 12 derniers mois. Cette perception est montée en flèche depuis 2020.
- Les citoyens maliens pensent que parmi certaines institutions et leaders clés, les juges et magistrats, les hommes et femmes d’affaires, les fonctionnaires, les agents des impôts ainsi que les policiers et gendarmes sont les plus impliqués dans la corruption.
- Expériences de corruption dans des services publics : o Parmi les citoyens qui ont eu affaire à la police au cours des 12 derniers mois, 41% ont dû verser un pot-de-vin pour éviter des ennuis avec les policiers et 35% l’ont fait pour obtenir leur assistance. o Pareillement pour 17% des Maliens qui ont essayé d'obtenir un document d’identité, 13% de ceux qui ont obtenu un service médical et 10% de ceux qui ont sollicité un service dans une école publique.
- Près des trois quarts (74%) des sondés estiment que les médias devraient enquêter et publier constamment sur la corruption et les erreurs du gouvernement.
- La majorité (59%) des Maliens approuvent les performances de leur gouvernement dans la lutte contre la corruption au sein de l’administration publique, plus de deux fois plus qu’en 2020.
- Cependant, près des deux tiers (64%) des répondants estiment qu'il est plutôt risqué de signaler des actes de corruption contre seulement un tiers (34%) qui estiment être à mesure de le faire sans peur.
La corruption a connu une ampleur ces dernières années au Mali à telle enseigne que l’ex Président de la République feu Ibrahim Boubacar Kéïta, fraichement élu en 2013, assignait à la lutte contre la corruption la priorité de son mandat. Sous ledit mandat, malheureusement, le phénomène ira en s’aggravant avec des scandales de corruption à la fin écourtée de son mandat en 2020 (Shipley, 2017 ; Bintou, 2023).
Sous la transition politique, de fin août 2020 à nos jours, le phénomène semble reculer quelque peu, et il est attendu qu’il poursuive sa décélération. Depuis la fin 2022, la lutte contre la corruption est inscrite au fronton de l’action gouvernementale avec pour preuves la poursuite judiciaire et l’incarcération de nombreux hommes politiques et d’affaires impliqués dans les détournements de fonds publics, la malversation et la délinquance financière (Africanews, 2022 ; Studio Tamani, 2023). Les poursuites se fondent sur les rapports du Bureau du Vérificateur Général et de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite.
Le présent rapport de l’enquête d’Afrobarometer fait le point du phénomène dans toutes ses dimensions (secteurs, acteurs, formes et risques dans la dénonciation) et en retrace l’évolution sur la décennie écoulée.
Une large majorité des Maliens estiment que la corruption a diminué dans leur pays au cours des 12 derniers mois, un net revirement par rapport à 2020. Aux yeux des citoyens, les juges et magistrats, les hommes et femmes d’affaires, les fonctionnaires, les agents des impôts, et les policiers et gendarmes seraient les plus trempés dans des affaires de corruption. En plus, bon nombre de citoyens disent avoir versé un pot-de-vin pour obtenir un service public.
Les Maliens pensent que les médias devraient contribuer à lutter contre la corruption en enquêtant et en publiant sur les cas de corruption et les erreurs du gouvernement. Ils approuvent les efforts du gouvernement dans le combat contre la corruption, mais pensent toujours risquer des représailles en signalant un acte de corruption.
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