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Key findings
  • La plupart (74%) des zones enquêtées ne sont pas pourvus d’un poste de police ou de gendarmerie.
  • Trois quarts (75%) des Gabonais disent qu’ils n’ont « pas du tout confiance » ou ont « juste un peu confiance » envers la police et la gendarmerie.
  • L’écrasante majorité (98%) des Gabonais pensent qu’au moins « certains » des policiers et des gendarmes sont impliqués dans les affaires de corruption.
  • Deux tiers (66%) des citoyens qui ont eu recours à l’assistance de la police au cours de l’année écoulée affirment qu’il était « difficile » ou « très difficile » d’obtenir l’assistance dont ils avaient besoin.
  • Près de la moitié (47%) des Gabonais ayant eu recours à l’assistance de la police affirment avoir dû verser un pot-de-vin ou faire un cadeau ou une faveur pour obtenir l’assistance dont ils avaient besoin.

Dans tous les États, le rôle principal de la gendarmerie et de la police consiste à assurer la sécurité des personnes et des biens et de maintenir l’ordre public. Pour cela, les agents affectés à la sécurisation doivent construire une relation de confiance avec les populations pour susciter leur adhésion.

Au Gabon, cette relation de confiance s’est particulièrement détériorée depuis la décennie 1990. En effet, le retour au système démocratique multipartite a conduit à la multiplication des manifestations de contestation. Ces contestations concernent les revendications politiques notamment lors des périodes électorales ou pour réprouver les politiques du gouvernement.

Généralement, les interventions des forces de l’ordre sont remises en cause parce qu’elles sont souvent jugées coercitives. Lors des manifestations, par exemple, l’action des forces de l’ordre est parfois perçue par les populations comme répressive et politique, en faveur des gouvernants. Dans ce cas, la police est qualifiée de « police autoritaire », assimilée au pouvoir (Loquer, 2017 ; Mouloungui Mihindou, 2019).

Le sentiment de défiance envers les forces de l’ordre est renforcé par l’insécurité et les tracasseries (Wali Wali, 2018), surtout si les populations ont l’impression que les agents ne font rien pour endiguer ce phénomène. Bien au contraire, ces derniers sont parfois perçus comme des agents percepteurs et tracassiers abusant de leurs prérogatives (Etsila, 2018).

Les résultats de la dernière enquête Afrobarometer au Gabon montrent que le pays est très peu couvert en postes de police ou de gendarmerie, et les Gabonais affirment leur faible confiance envers les agents des forces de l’ordre de même qu’ils soutiennent que la plupart de ces agents sont impliqués dans les affaires de corruption.

Judicaël Etsila

Chercheur à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines et chercheur associé au CERGEP