- Plus de Togolais font « partiellement » ou « beaucoup » confiance à la chefferie traditionnelle (58%) qu’aux institutions modernes telles que la présidence (51%), le conseil municipal (42%), et les cours et tribunaux (40%).
- Deux Togolais sur cinq (42%) ont contacté un chef traditionnel pour un problème important ou pour échanger des idées au cours des 12 derniers mois.
- Les deux tiers (65%) des Togolais approuvent la performance de leurs chefs traditionnels au cours des 12 derniers mois.
- Presque la moitié (47%) estiment que les chefs traditionnels influencent « assez » ou « beaucoup » le vote des gens de leurs communautés.
- Mais la grande majorité (81%) préfèreraient que les chefs restent neutres pendant les votes
- Trois Togolais sur 10 (29%) trouvent que « la plupart » ou « tous » les chefs traditionnels sont impliqués dans des actes de corruption.
Bien avant la période coloniale, la chefferie traditionnelle était la seule organisation administrative territoriale africaine connue. Les chefferies assumaient tout le pouvoir politique, administratif, militaire, culturel, et spirituel (Bado, 2015). L’institution a continué par servir de trait d’union entre l’administration et les populations autochtones pendant la période coloniale. Même si l’étendue de leur pouvoir a été réduite, les chefs sont demeurés le relais de l’action administrative au sein de leurs communautés et le porte-parole des populations auprès de l’administration (Zucarelli, 1973).
De nos jours, la chefferie traditionnelle a perdu du pouvoir au profit de nouvelles entités politiques et administratives, mais dans beaucoup de pays elle est restée très active dans la gouvernance locale (Eberlee, 2011). Grâce à leur proximité des populations, les chefs traditionnels continuent de remplir un certain nombre de fonctions, surtout dans les zones rurales, notamment le renforcement de la cohésion sociale, le règlement de problèmes fonciers et de différends juridiques en s’appuyant sur le droit coutumier, et la contribution à la conception et à la mise en œuvre des projets de développement.
Ils apparaissent aussi souvent comme des agents de mobilisation dans le domaine électoral et sont très courtisés par les partis politiques (Loada, 2014 ; Xinhua, 2009 ; Agokoli IV, 2009). Et enfin, pour l’animation de la vie culturelle, l’Etat fait recours aux chefs pour l’organisation des festivités et la promotion de la culture locale.
Mais avec l’avènement d’un système d’administration moderne mis en place après les indépendances, les garants des us et coutumes font aussi l’objet de nombreuses critiques. La chefferie traditionnelle est souvent décriée pour ses procédures non démocratiques et son caractère androcentrique (Che, 2019).
Au Togo, la chefferie traditionnelle joue les mêmes rôles et subit autant de critiques. L’impartialité politique semble être le plan sur lequel la chefferie est plus un sujet à caution. Elle est souvent considérée comme complice et à la merci du pouvoir en place, qui influencerait le processus d’accession au trône en sa faveur dans certaines contrées, et ceci pourrait susciter de la méfiance au sein de la population (Perrot, 2009 ; Blivi, 2017 ; Kamako, 2018).
Les données récentes de l’enquête Afrobarometer confirment que la chefferie traditionnelle a toujours une place importante dans la cohésion sociale du Togo, car elle a toujours l’estime et la confiance de beaucoup de Togolais, mais qu’il faille qu’elle reste neutre pendant les processus électoraux.
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