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Key findings
  • Trois quarts (76%) des Togolais sont d’accord que le Parlement devrait décider des lois du pays même si le président de la République n’est pas d’accord.
  • Deux tiers (67%) des citoyens soutiennent que le président de la République devrait rendre compte régulièrement au Parlement. o Plus de six répondants sur 10 (63%) estiment que le président de la République ignore « rarement » (33%) ou « jamais » (30%) l’Assemblée Nationale, pendant que le tiers (34%) des citoyens pensent qu’il le fait « souvent » (23%) ou « toujours » (11%).
  • Près de sept Togolais sur 10 (69%) sont d’accord que le président de la République doit toujours obéir aux lois et aux décisions de justice même s’il pense qu’elles sont erronées. o La majorité (59%) des Togolais pensent que le président de la République ignore « rarement » (35%) ou « jamais » (24%) les tribunaux et les lois du pays tandis que 38% estiment qu’il le fait « souvent » (25%) ou « toujours » (13%).
  • Près de huit Togolais sur 10 (78%) désapprouvent que les élections et l’Assemblée Nationale soient abolies de sorte que le président de la République puisse tout décider.
  • Pour près de la moitié (47%) des citoyens, ce sont les électeurs qui devraient s’assurer de la performance du président et des députés à l’Assemblée Nationale

Presque toutes les constitutions en Afrique ont prévu l’institution des contres pouvoirs et la séparation des pouvoirs (Senou, 2019 ; Ahadzi-Nonou, 2020). La Constitution togolaise précise que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et exécutif. Le premier est incarné par les juges, le second par les députés au Parlement alors que le président et son gouvernement détiennent le troisième. Pour aboutir à la liberté politique par l’équilibre des pouvoirs, il faut des contres pouvoirs (Montesquieu, 1748). A partir de cette conception théorique, la nature des relations entre les trois types de pouvoir permet de déterminer le type de régime politique dans un pays. Il peut s’agir d’un régime présidentiel ou parlementaire ou encore « semi-présidentiel » (Duverger, 1986 ; Duhamel, 1988).

Le régime semi-présidentiel est un système mixte qui combine certains traits des régimes parlementaire et présidentiel, comme le cas du Togo depuis la révision constitutionnelle de 2002, où il y a un président élu au suffrage universel qui dispose de pouvoirs plus ou moins importants aux côtés d’un premier ministre, chef du gouvernement, responsable devant le Parlement.

Par ailleurs, s’il existe une séparation des pouvoirs, il existe également une confusion des pouvoirs où « un seul pouvoir imprime sa volonté à tous les autres organes » (Bourdon, Pontier, & Ricci, 1980, p. 384). Le Togo a eu à expérimenter, depuis son accession à l’indépendance, les régimes de séparation et de confusion des pouvoirs (Koupokpa, 2014 ; Ahadzi-Nonou, 2020).

De nos jours, comment les relations de pouvoir du président vis-à-vis du Parlement et de la justice sont perçues par les Togolais ? Qui devrait élaborer les lois ? Qui devrait s’assurer du bon travail de l’un ou de l’autre ? Et qui doit rendre compte à qui ? Voilà autant de questions auxquelles les données Afrobarometer permettent de répondre.

Pour les Togolais, le président doit toujours obéir aux lois et décisions de la justice et rendre compte au Parlement, à qui revient l’initiative de décider des lois du pays. Si la majorité des citoyens pensent que le président n’ignore pas le Parlement ainsi que les tribunaux et les lois du pays, nombreux sont-ils à penser le contraire. Les Togolais rejettent la dictature présidentielle, et la majorité relative d’entre eux soutiennent que ce soient les électeurs qui s’assurent qu’une fois élus, les députés et le président de la République effectuent leur travail correctement.

Koffi Amessou Adaba

Koffi Amessou Adaba is a researcher at the Center for Research and Opinion Polls (CROP), national partner of Afrobarometer in Togo.