- Six Togolais sur 10 (60%) considèrent que le niveau de la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois. De 2014 à 2021, cette perception s’est accrue de 21 points de pourcentage.
- Bon nombre de Togolais estiment que les autorités publiques sont impliquées dans des affaires de corruption. La perception que « tous » ou « la plupart d’entre eux » sont corrompus concerne surtout les policiers/gendarmes (51%), suivis des officiels de la Présidence (45%) et des chefs traditionnels (30%). Les leaders religieux sont moins perçus comme étant corrompus (18%).
- La confiance des citoyens envers les autorités reste assez mitigée, même si elle s’est améliorée depuis 2017 : La moitié (50%) des citoyens affirment qu’ils font « partiellement » ou « beaucoup » confiance en le Président de la République, la police et gendarmerie, et les forces de défense. Les leaders religieux (66%) et les chefs traditionnels (58%) bénéficient de plus de confiance publique.
- La majorité (55%) des Togolais ne font pas confiance aux statistiques officielles du gouvernement sur la pandémie de COVID-19
- Encore plus (62%) n’ont pas confiance envers le gouvernement pour assurer l’innocuité du vaccin contre la COVID-19 avant son administration.
- Toutefois, neuf Togolais sur 10 (89%) affirment qu’il faut obéir au gouvernement peu importe si on a voté ou pas pour le régime en place.
Depuis le premier cas confirmé de COVID-19, en novembre 2019 en Chine, cette pandémie a remis devant la scène internationale l’importance de la confiance entre gouvernants et gouvernés dans un contexte particulier de besoin de stratégies de communications de crise sanitaire.
Au Togo, où le premier cas a été enregistré le 6 mars 2020, le gouvernement avait rapidement décrété l’état d’urgence sanitaire. Cet état habilite le gouvernement à prendre par ordonnance toutes les mesures relevant du domaine de la loi, mettant ainsi en berne le fonctionnement ordinaire de l’Assemblé Nationale. L’une des mesures phares était est l’instauration des couvre-feux nocturnes de 20h à 6h après le bouclage de certaines villes (Lomé, Sokodé, Dapaong, Cinkassé). Toutefois, ces couvre-feux avaient entraîné des bavures policières avec la mort de plusieurs personnes (Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, 2020). Jusqu’au 11 mai 2021, le Togo enregistrait 13.167 cas confirmés avec 125 décès de COVID-19 (Organisation Mondiale de la Santé, 2021).
Le respect des mesures gouvernementales ne saurait se faire sans une confiance du public envers les institutions impliquées. En effet, la confiance envers les institutions publiques reste l’une des ressources les plus essentielles pour élaborer les réponses sociétales efficaces, mais elle fait défaut dans de nombreux pays africains (Gyimah-Boadi & Logan, 2020 ; Roché, 2016).
Certains événements ont contribué aux doutes du public sur la fiabilité des institutions impliquées dans la gestion de la réponse au COVID-19. Togbui Dagban Ayivon IV, un chef traditionnel de l’un des quartiers de Lomé, a sorti une note rendue publique dans laquelle il fustige les mesures barrières du gouvernement contre la COVID-19 (TogoInfos, 2020).
Du coté des médias, les actes supposés de corruption ne cessent d’être dénoncés en cette période de COVID-19 (Alternative, 2020 ; Correcteur, 2020). En effet, la riposte contre la pandémie a débouché sur des scandales de corruption liés à l’achat de respirateurs artificiels dont la qualité est douteuse. En plus, un projet de 5 millions de masques chirurgicaux aurait été détourné dans le cadre de la reprise partielle des cours dans les établissements scolaires.
Quel est le niveau de confiance des Togolais envers leurs leaders, surtout ceux impliqués dans la gestion de la COVID-19 ?
Les résultats de l’enquête la plus récente d’Afrobarometer au Togo révèlent que les citoyens perçoivent une hausse du niveau de la corruption et un déficit de confiance envers leurs autorités à l’exception des chefs religieux. En particulier, la majorité des Togolais manquent de confiance envers le gouvernement de publier des statistiques fiables sur la COVID-19 et
d’assurer l’innocuité du vaccin. Cependant, ils affirment que quel que soit les dirigeants à la tête du pays, il est toujours important d’obéir au gouvernement.
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