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Key findings
  • En moyenne, à travers les 39 pays sondés, la santé arrive en deuxième position des problèmes les plus importants auxquels les Africains veulent que leurs gouvernements s'attaquent, juste derrière le chômage parmi les priorités de l'action gouvernementale.
  • Deux tiers (66%) des Africains déclarent qu'un membre de leur famille a manqué de soins médicaux au cours de l'année précédente, dont 25% qui disent que cette situation s'est produite « plusieurs fois » ou « toujours ». Dans la plupart des pays sondés, l'expérience du manque de soins médicaux est devenue plus courante au cours de la dernière décennie.
  • Parmi les 58% d'Africains qui déclarent avoir eu un contact avec un établissement public de soins ou un hôpital public au cours de l'année précédente :
  • Plus de la moitié (55%) déclarent qu'il leur a été facile d'obtenir les soins dont ils avaient besoin.
  • Mais un sur cinq (20%) des répondants déclarent avoir dû verser des pots-de-vin, faire un cadeau ou rendre service à un agent de santé pour obtenir les soins dont ils avaient besoin, ce pourcentage allant de 2% pour les Seychellois à 59% pour les Libériens.
  • Une majorité (63%) d’Africains déclarent que le personnel de santé les a traités avec « un peu » (27%) ou « beaucoup » (36%) de respect.
  • Mais la plupart disent avoir rencontré divers problèmes, notamment de longs temps d'attente (80%), un manque de médicaments ou d'autres matériels (73%), des infrastructures en mauvais état (61%) et l'absence de médecins ou d'autres membres du personnel médical (56%).
  • Bien que les expériences varient considérablement d'un pays à l'autre, en moyenne, 41% seulement des Africains déclarent que leur gouvernement réalise une performance « plutôt bonne » ou « très bonne » en ce qui concerne l'amélioration des services de santé de base. A travers 27 des 39 pays sondés, la majorité des répondants estiment que leur gouvernement ne réalise pas une bonne performance dans le domaine de la santé.

Le thème de la Journée Mondiale de la Santé 2024 (7 avril) est « Ma santé, mon droit » (Organisation Mondiale de la Santé, 2024). Un élément clé du message consiste à  encourager les gouvernements à respecter le droit des citoyens à la santé en rendant les  services de santé « disponibles, accessibles, acceptables et de bonne qualité pour tous,  partout ». Les gouvernements africains sont-ils sur le point d’atteindre cet objectif ambitieux ? 

Depuis 1990, la charge de morbidité a considérablement diminué en Afrique (Roser, Ritchie  & Spooner, 2024 ; voir également la Figure A.1 en annexe). Entre 2000 et 2019, l’Afrique a  enregistré la plus forte croissance de l’espérance de vie en bonne santé au monde, qui est  passée de 46 à 56 ans (Adepoju & Fletcher, 2022). En outre, entre 2015 et 2021, le taux de  mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté de 87 à 74 décès pour 1.000 naissances  vivantes en Afrique subsaharienne (Nations Unies, 2023). Selon l’Organisation Mondiale de la  Santé, ces progrès ont été réalisés grâce à l’augmentation de la fourniture de services de  santé essentiels et à un meilleur accès aux soins et aux services de prévention des maladies  (Adepoju & Fletcher, 2022). 

Malgré ces progrès importants, de nombreux Africains n’ont toujours pas accès à des soins  de santé de qualité. Par rapport à d’autres régions du monde, l’écart est particulièrement  marqué en ce qui concerne les maladies transmissibles, néonatales, maternelles et  nutritionnelles (par opposition aux maladies non transmissibles et aux traumatismes) (voir la Figure A.2 de l’annexe). Si l’Afrique subsaharienne a connu la croissance la plus rapide au  monde entre 2015 et 2022 pour ce qui est de la proportion d’accouchements assistés par du  personnel de santé qualifié, qui est passée de 59% à 70%, le continent a également  enregistré environ 70% des décès maternels dans le monde (Nations Unies, 2023). Le manque  de personnel de santé explique au moins en partie cette situation ; en 2021, l’Afrique  subsaharienne comptait en moyenne 2,3 médecins et 12,6 infirmières/sages-femmes pour  10.000 habitants, contre 39,4 et 89,5 en Europe (Nations Unies, 2023). 

Si l’on se concentre sur les intrants des systèmes de santé, une analyse de l’Organisation  Mondiale de la Santé (2023) a révélé que les pays africains ont fait de modestes progrès  dans la gestion de systèmes de santé plus efficaces entre 2014 et 2019, mais qu’ils continuent  de perdre un dollar américain sur cinq en raison d’inefficacités techniques.  

Alors que les systèmes de santé se remettent des charges opérationnelles et financières  supplémentaires imposées par la pandémie de COVID-19, les Africains peuvent-ils espérer  que leurs gouvernements fournissent des services de santé accessibles et de qualité pour  tous et partout ? 

Les dernières données de l’enquête Afrobarometer dans 39 pays révèlent que deux tiers des  Africains déclarent avoir manqué de soins de santé au moins une fois et beaucoup  fréquemment au cours de l’année écoulée. Si la majorité des citoyens qui ont sollicité des  soins dans des établissements de santé publics affirment avoir été traités avec respect et  avoir facilement obtenu les services dont ils avaient besoin, une minorité substantielle de  répondants et dans certains pays, une majorité déclarent avoir dû verser des pots-de-vin.  Une forte majorité d’Africains se plaignent de la mauvaise qualité des services, notamment  du manque de médicaments ou d’autres matériels, de l’absence de personnel médical, du  mauvais état des installations et de la durée du temps d’attente.  

Dans l’ensemble, une majorité croissante d’Africains estiment que leur gouvernement ne  parvient pas à améliorer les services de santé de base. La santé est l’un des problèmes les  plus importants auxquels ils souhaitent que leur gouvernement s’attaque, en deuxième  position après le chômage.

Lionel Osse Essima

Lionel is the assistant project manager for Anglophone West Africa and North Africa.

Matthias Krönke

Matthias Krönke is a researcher in the Afrobarometer Analysis Unit.