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Key findings
  • En moyenne, à travers 39 pays, les équipes d'Afrobarometer ont trouvé des postes de police, des officiers de police et/ou des véhicules de police dans 46% des localités sondées – 64% dans les villes et 29% dans les zones rurales.
  • Parmi les répondants qui ont sollicité l'assistance de la police au cours de l'année précédente, 54% déclarent qu'il était facile d'obtenir l'assistance dont ils avaient besoin.
  • Seulement un tiers (32%) des citoyens disent que leur police se comporte « souvent » ou « toujours » de manière professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens ; cette proportion varie de 13% au Nigéria à 58% au Burkina Faso.
  • Presque la moitié (46%) des citoyens estiment que « la plupart » ou « tous » les fonctionnaires de police sont corrompus, ce qui représente la pire appréciation des 11 institutions et dirigeants publics visés par l'enquête.
  • Parmi les répondants qui ont sollicité l'assistance de la police, 36% déclarent avoir dû verser des pots-de-vin pour obtenir l'assistance dont ils avaient besoin. Quant à ceux qui ont eu affaire à la police dans d'autres situations, 37% affirment avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des problèmes, dans une fourchette allant de 1% au Cabo Verde à 70% au Libéria.
  • A travers 39 pays, trois citoyens sur 10 (29%) pensent que la police se livre « souvent » ou « toujours » à des activités illégales, outre les 27% qui affirment qu'elle le fait « parfois ».
  • En moyenne, quatre Africains sur 10 environ déclarent que leur police fait « souvent » ou « toujours » un usage excessif de la force dans la gestion des manifestations (38%) et dans le traitement des criminels présumés (42%).
  • La présence et le contact avec la police sont peu corrélés avec les perceptions du professionnalisme de la police, de son comportement corrompu ou de sa violence. En revanche, un niveau élevé de professionnalisme de la police est corrélé à la perception de moins de corruption et moins de brutalités policières.
  • En moyenne à travers 39 pays, 48% des répondants affirment ne s'être jamais sentis en danger en se promenant dans leur quartier au cours de l'année précédente, et 59% déclarent n'avoir jamais craint d'être victimes d'un crime à leur domicile. Une perception plus faible de la corruption de la police est significativement liée à un sentiment plus répandu d'être en sécurité dans son environnement.
  • Moins de quatre citoyens sur 10 (37%) estiment que leur gouvernement parvient « assez bien » ou « très bien » à réduire la criminalité, allant de 10% au Soudan jusqu’à 77% au Bénin. Les pays qui affichent une meilleure évaluation du professionnalisme de la police ont tendance à enregistrer de meilleures évaluations de la performance gouvernementale en matière de lutte contre la criminalité.
  • Moins de la moitié (46%) des citoyens déclarent faire « assez » ou « beaucoup » confiance à la police. La perception du professionnalisme de la police est fortement liée à la confiance des citoyens vis-à-vis de la police.

Fin 2020, les Nigérians ont attiré l’attention du monde entier avec des manifestations massives  contre les violences et l’impunité policières, visant la brigade spéciale anti-braquage (SARS)  du pays (Al Jazeera, 2020 ; George, 2020). Trois ans après que les photos des manifestations  #EndSARS sont devenues virales et que cette unité a été dissoute, au moins 15 manifestants  sont toujours en détention arbitraire, et les informations faisant état d’exactions policières se  poursuivent sans relâche (Agboga, 2021 ; Amnesty International, 2021, 2023a ; Uwazuruike,  2021). 

Ailleurs en Afrique, et dans d’autres parties du monde, les médias font fréquemment état de  comportements non professionnels, d’une application sélective de la loi, d’arrestations  illégales, de corruption, de recours à une force excessive et d’autres violations des droits de  l’homme commises par la police (New York Times, 2022). Ces pratiques ne se limitent pas aux  criminels présumés et aux manifestations publiques contre la police, comme dans le cas de  #EndSARS, mais surviennent également à des moments charnières de reddition de comptes  démocratique (tels que les élections), d’urgence sanitaire (par exemple, COVID-19) et de situations ordinaires de contacts entre les citoyens et la police (comme les contrôles routiers). 

Par exemple, les récentes élections au Zimbabwe (2023), en Ouganda (2021) et en Tanzanie  (2020) ont été entachées d’actes de répression et de violence de la part de la police à  l’encontre des politiciens de l’opposition et de leurs partisans (Reuters, 2023 ; Human Rights  Watch, 2023a ; Kakumba, 2022 ; Salih & Burke, 2020). Les forces de l’ordre ont tué au moins  54 personnes au cours de la campagne électorale de 2021 en Ouganda (Amnesty  International, 2020). 

En octobre 2022 au Tchad, des forces de l’ordre ont été accusées d’avoir tué 128 personnes  et d’en avoir blessé beaucoup d’autres lors de manifestations réclamant une transition plus  rapide vers un régime démocratique (Human Rights Watch, 2023b). Deux mois plus tôt, plus  de 20 personnes avaient été tuées lors de manifestations contre la hausse du coût de la vie  en Sierra Leone (Amnesty International, 2023b). Des violences policières et des exécutions  extrajudiciaires ont également été signalées dans d’autres pays africains, allant de la Guinée  jusqu’au Kenya et du Sénégal jusqu’au Soudan, notamment dans le cadre de la mise en  œuvre de mesures de contrôle de la pandémie de la COVID-19 en 2021 (Amnesty  International, 2023c ; Diphoorn, 2019 ; Logan, Sanny, & Katenda, 2022). 

Plus fréquemment, les citoyens sont confrontés à des demandes de pots-de-vin de la part de  la police, qui est régulièrement citée comme l’une des institutions gouvernementales les plus  corrompues (Kakumba & Krönke, 2023 ; Keulder, 2021 ; Wambua, 2015a, 2015b). 

Dans ce contexte, les enquêtes Afrobarometer offrent de nouvelles données relatives à la  perception qu’ont les Africains du professionnalisme de leurs forces de police. Les données  de 39 pays africains, collectées entre fin 2021 et mi-2023, mettent en lumière les problèmes  de mauvaise conduite, de comportement scélérat, de violence et de corruption. 

Si les expériences et les appréciations varient considérablement d’un pays à l’autre, un tiers  seulement des Africains affirment que leur police agit généralement de manière  professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens. Nombreux sont ceux qui affirment  que les forces de l’ordre font régulièrement recours à une force excessive à l’encontre des  manifestants et des personnes suspectées de délits. 

Parmi les citoyens qui ont eu affaire à la police au cours de l’année écoulée, la plupart estimaient qu’il était facile d’obtenir de l’assistance, mais beaucoup déclarent avoir dû  verser des pots-de-vin pour obtenir de l’assistance ou pour éviter des problèmes. La police  demeure largement perçue comme corrompue.

Notre analyse révèle également que les perceptions négatives du professionnalisme et de la  corruption de la police vont de pair avec une moindre confiance du public vis-à-vis de la  police, de mauvaises notes relatives à la performance gouvernementale et un sentiment  d’insécurité chez les citoyens. Malgré la visibilité relativement élevée de la police dans de  nombreux pays, nos résultats suggèrent que cela n’améliore pas l’attitude des citoyens à  l’égard de la police. 

Matthias Krönke

Matthias Krönke is a researcher in the Afrobarometer Analysis Unit.

Thomas Isbell

Thomas Isbell is a postdoctoral research fellow at the Institute of Democracy, Citizenship and Public Policy in Africa, University of Cape Town.

Makanga Ronald Kakumba

Makanga Ronald Kakumba is a research associate for Hatchile Consult Ltd., Afrobarometer’s national partner in Uganda.