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Key findings
  • Près de la moitié (46%) des Guinéens déclarent ne s’être pas sentis en sécurité dans leur quartier au moins une fois au cours des 12 derniers mois, et 40% disent avoir craint d’être victimes de crime à domicile. o Ces expériences d’insécurité sont en hausse depuis 2015 et sont plus fréquentes en ville qu’en milieu rural
  • Un Guinéen sur neuf (11%) déclarent avoir eu recours à l’assistance de la police au cours des 12 derniers mois, et plus du quart (27%) disent avoir eu affaire à elle dans d’autres circonstances. o Parmi ceux qui ont demandé l’aide de la police, 40% disent qu’il était difficile d’obtenir ce dont ils avaient besoin, et plus de la moitié (54%) ont dû verser un pot-de-vin. o Parmi ceux qui ont eu affaire à la police dans d’autres situations, les deux tiers (66%) disent avoir dû verser un pot-de-vin pour éviter des problèmes.
  • Plus de quatre sur 10 (42%) des répondants pensent que « la plupart » ou « tous » les policiers/gendarmes sont impliqués dans des affaires de corruption.
  • La majorité des Guinéens estiment que « parfois », « souvent » ou « toujours », la police utilise une force excessive lors des manifestations (71%) ou avec les suspects de crime (71%), arrête les conducteurs sans raison valable (70%) et s’engage dans des activités criminelles (59%).
  • Seuls 22% des Guinéens disent que la police agit « souvent » ou « toujours » de manière professionnelle et respectent les droits de tous les citoyens.
  • La majorité (58%) des citoyens ne sont pas satisfaits des efforts déployés par le gouvernement dans la lutte contre la criminalité.

La question de l’insécurité et de la criminalité est un problème à laquelle la Guinée peine à trouver une réponse efficace depuis quelques années. Le banditisme, les vols à main armée, les braquages routiers, les attaques de coupeur de route, les agressions et les introductions par effraction sont devenus récurrents dans le pays (Diallo, 2023 ; Raynal, 2023).

Cette insécurité est imputable peut-être au faible maillage du pays par les dispositifs sécuritaires et au manque de personnels sécuritaires (Bangoura, 2021 ; Seneplus, 2015).

A ces problèmes s’ajoutent les bavures et les violences policières qui mettent également en cause la sécurité des Guinéens. Le droit de manifester et de diffuser ses idées est reconnu aux citoyens guinéens par la Constitution, la Charte de la Transition ainsi que la charte des partis politiques de Guinée (République de Guinée, 1991, 2021, 2020).

Mais souvent les marches de protestation en Guinée riment avec la violence nourrie par des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Au cours des trois dernières années, plusieurs dizaines de Guinéens ont trouvé la mort en protestant contre le projet de modification de la Constitution de l’ex-Président Alpha Condé, contre le manque d’électricité, contre les mesures barrières mises en place pendant la pandémie de COVID-19 et lors des revendications à l’endroit de la junte actuelle au pouvoir (Amnesty International, 2020 ; Kum, 2022).

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire Afrobarometer Round 9 pour explorer les expériences et les évaluations des Guinéens sur le professionnalisme de leur police.
Les résultats montrent un sentiment croissant d’insécurité parmi les Guinéens, dont la majorité désapprouvent la performance du gouvernement dans la lutte contre la criminalité.

Parmi ceux qui ont eu de contact avec la police, la majorité ont dû verser un pot-de-vin pour obtenir l’assistance de la police ou pour s’éviter des ennuis.
En plus, des majorités estiment que la police utilise une force excessive lors des manifestations et avec des suspects criminels, arrêtent des conducteurs sans raison valable et s’engage dans des activités criminelles. Peu de citoyens affirment qu’elle agit régulièrement de manière professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens.

Djiba Kaba

Djiba Kaba est directeur de la rédaction de Stat View International (SVI), partenaire national d’Afrobaromètre en Guinée.