Skip to content
Key findings
  • Près des trois quarts (72%) des Tunisiens disent que le pays se dirige dans « la mauvaise direction ».
  • Les Tunisiens considèrent la gestion de l'économie (94%) comme le problème le plus urgent auquel le gouvernement doit s'attaquer, suivi du chômage (45%), de la pauvreté (21%) et de la santé (21%).
  • Plus de huit citoyens sur 10 (84%) décrivent l'économie du pays comme « assez mauvaise » ou « très mauvaise », en hausse de 11 points de pourcentage depuis 2020.
  • Moins de la moitié (44%) s'attendent à ce que les choses s'améliorent au cours des 12 prochains mois.
  • La perception qu'ont les Tunisiens de leurs conditions de vie personnelles est de plus en plus négative (47%), notamment parmi les plus pauvres (81%), les moins éduqués (62%), et les résidents des régions du Nord-Ouest (59%).
  • Plus de quatre Tunisiens sur 10 (44%) déclarent s'être privés de revenus en espèces au moins « plusieurs fois » au cours de l'année précédente, avec plus d'un tiers rapportant des pénuries répétées d'eau potable (37%) et de soins médicaux (38%).

Depuis sa révolution de 2011, la Tunisie est aux prises avec une économie en difficulté. Selon la Banque Mondiale (2022a, b), l’économie a stagné entre 2011 et 2019, avec une croissance moyenne du produit intérieur brut (PIB) de seulement 1,7%. La pandémie de COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne ont aggravé les difficultés économiques du pays. Malgré une certaine reprise du PIB depuis une forte contraction de -8,8% en 2020, le pays n’a pas complètement rebondi, avec une croissance du PIB de 4,3% en 2021 et de 2,4% en 2022. Le pays a également connu une inflation à deux chiffres en forte hausse, atteignant 10,2% en 2023, avec une augmentation des prix alimentaires de 14,6%. Les taux de chômage restent élevés en 2023 (15,2%), en particulier chez les jeunes (38,8%) et les personnes très éduquées (24%) (Institut National de la Statistique, 2023a, b, c).

Les taux de pauvreté ont également augmenté, un sixième du pays étant désormais classé comme pauvre, et les pénuries alimentaires récurrentes sont devenues un problème répandu (Institut National de la Statistique, 2021 ; Le Monde, 2022). Les difficultés financières des entreprises publiques deviennent de plus en plus apparentes, plusieurs faisant face à la faillite (Reuters, 2023). Pendant ce temps, en ce qui concerne le secteur privé, la Tunisie se classe au 47e rang sur 51 économies en termes de réussite entrepreneuriale, selon le Global Entrepreneurship Monitor (2023).

Pour relever ces défis, le gouvernement tunisien a mis en place des mesures d’austérité plus strictes dans le but de se qualifier pour le soutien du Fonds Monétaire International (2022) et de relancer son économie (Reuters, 2022). Les dépenses publiques en subventions devraient baisser cette année de 26,4%, tandis que les recettes fiscales augmenteront de 12,5%. Cependant, un retard dans l’approbation du prêt du FMI et une récente dégradation de la dette souveraine tunisienne par l’agence de notation Moody’s (2023) présentent un risque de défaut sur les obligations financières et laissent le pays à un pas de la faillite. Standard & Poor’s (2023) a identifié trois scénarios potentiels pour l’économie tunisienne dans un avenir proche, le plus grave prédisant un défaut financier avec une dépréciation importante du dinar tunisien et une forte hausse de l’inflation.

Comment les Tunisiens ordinaires voient-ils ces défis économiques ?

Les résultats de la dernière enquête Afrobarometer en Tunisie révèlent qu’une écrasante majorité affirment que le pays se dirige dans la mauvaise direction, la gestion de l’économie étant considérée comme le problème le plus urgent. Les évaluations négatives de l’économie ont fortement augmenté, et moins de la moitié pensent que les choses iront mieux dans un proche avenir.

Les niveaux de pauvreté vécue ont considérablement augmenté car une grande partie de la population ont connu des pénuries de revenus en espèces, d’eau potable et de soins médicaux, et le mécontentement à l’égard de la performance économique du gouvernement est élevé. Une écrasante majorité soutiennent le maintien des subventions gouvernementales aux biens essentiels.

Mohamed Najib Ben Saad

Najib is the data quality officer at Afrobarometer