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Key findings
  • Presque deux tiers des Guinéens (63%) estiment que le niveau de la corruption a « beaucoup augmenté » ou « quelque peu augmenté » pendant l’année précédant l’enquête. Cette tendance a connu une hausse de 25 points de pourcentage depuis 2015
  • Les juges et les magistrats sont perçus comme étant la frange des fonctionnaires la plus corrompue, avec 56% des citoyens qui pensent qu’ils sont « tous » ou « la plupart d’entre eux » impliqués dans les affaires de corruption. Ils sont suivis par les agents de impôts (50%) et les policiers/gendarmes (49%).
  • Eviter les difficultés avec la police, obtenir son assistance, et obtenir un document administratif conduisent à une bonne partie des citoyens de verser un pot-de-vin aux agents du service public.
  • Les Guinéens ont plus de confiance envers les leaders religieux et traditionnels que les agents de l’Etat et les institutions étatiques.
  • Le gouvernement répond « plutôt mal » ou « très mal » à la problématique de la corruption au sein de l’administration publique, selon huit Guinéens sur 10 (82%).

La Guinée est classée parmi les pays les plus corrompus dans le monde, occupant la 130e place sur 180 pays de l’Indice de la Perception de la Corruption dans le secteur public de Transparency International (2019).

Pourtant, le Président Alpha Condé a montré une volonté de lutter contre la corruption avec la nomination de Me Cheick Sako au poste de ministre de la justice, qui a impulsé des réformes judiciaires pour éradiquer l’impunité. C’est dans ce cadre qu’en juillet 2017, une loi relative à la lutte contre la corruption a été adoptée, et il est souligné que désormais « les crimes économiques sont imprescriptibles » (Freland, 2019). Cette volonté de combattre la corruption s’est notamment traduite par l’éviction en juin 2018 des directeurs généraux de l’Office Guinéen des Chargeurs et celui de l’Office Guinéen de Publicité ainsi que leurs agents comptables pour suspicions de malversations (Nations Unies, 2018).

Malgré cela, comme l’a souligné en décembre 2019 le ministre guinéen en charge des investissements et des partenariats publics-privés, Gabriel Curtis, « la corruption est encore persistante en Guinée » (Diallo,2019), et aujourd’hui, avec la crise économique et sociale aggravée par la pandémie de la COVID-19, les besoins des populations confinées, et les ressources colossales que le gouvernement compte mobiliser, les risques de détournement des fonds sont réels.

L’enquête d’Afrobarometer en fin 2019 montre que la plupart des Guinéens pensent que le niveau de la corruption est à la hausse et les efforts du gouvernement de lutter contre ce fléau sont insatisfaisants. Les juges et magistrats, les agents des impôts, et les policiers sont perçus respectivement comme étant les corps les plus corrompus pendant que les chefs religieux et traditionnels ont plus de crédibilité que le personnel du service public. Par conséquent, la confiance des citoyens envers les institutions est faible, ce qui est susceptible d’entraîner des défiances populaires.

La corruption est aussi aggravée par une peur grandissante de représailles si les citoyens signalent les cas de corruption. D’ailleurs, une bonne partie des citoyens ont fait recours à la corruption pour obtenir des services et avantages dans le secteur public.

 


Lionel Osse Essima

Lionel is the assistant project manager for Anglophone West Africa and North Africa.

Ousmane Djiby Sambou

Ousmane Djiby Sambou is a knowledge management officer at UNICEF