L’éducation est un puissant outil de lutte contre la pauvreté, qui permet une mobilité socio-économique ascensionnelle et habilite les gens à vivre plus sainement. Mais si le taux mondial d’alphabétisation des adultes continue de croitre, allant de 81% en 2000 à 86% en 2018 (Banque Mondiale, 2019), la problématique de l’accès à une éducation de qualité demeure particulièrement préoccupante en Afrique. Même avant la crise du COVID-19, globalement un enfant sur cinq dans la tranche d’âge 6-17 ans n’allaient pas à l’école; plus de la moitié de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne. De surcroît, de nombreux élèves africains fréquentent des écoles qui ne sont pas suffisamment équipées, ce qui rend l’environnement d’apprentissage difficile. Par exemple, plus de la moitié des écoles en Afrique subsaharienne n’ont pas accès à des infrastructures de base comme l’eau potable, des équipements destinés au lavage des mains, l’Internet, ou des ordinateurs (Nations Unies, 2019).
La pandémie du COVID-19 pourrait aggraver ces défis à mesure que les écoliers perdent des heures de classe, le déséquilibre de l’accès à l’enseignement en ligne accentue les inégalités, et les coûts liés aux soins de santé et à la sécurité sociale ainsi que les difficultés économiques exercent une pression sur les ressources déjà limitées.
Les Africains sont conscients des défis en éducation. Parmi les 34 pays africains enquêtés entre fin 2016 et fin 2018 par Afrobarometer, un sur cinq répondants (21%) ont mentionné l’éducation parmi les problèmes les plus importants auxquels leurs gouvernements devraient s’attaquer, la classant parmi les cinq plus grandes priorités des citoyens (Coulibaly, Silwé, & Logan, 2018). Sans surprise, les jeunes accordaient plus d’importance à l’éducation que leurs aînés.
Sur le plan mondial, les Nations Unies ont souligné l’importance d’une éducation de qualité en l’incluant dans leurs Objectifs de Développement Durable (SDG). L’ODD 4 invite les gouvernements à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». À cette fin, les Nations Unies définissent des cibles spécifiques à atteindre d’ici 2030, notamment en veillant à ce que « tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire, et compter ». Une étape importante en vue de l’atteinte de cette cible serait que d’ici 2030, toutes les filles et tous les garçons puissent « avoir achevé des études primaires et secondaires gratuites, équitables, et de qualité » (Nations Unies, 2019).
De nombreux gouvernements africains ont pris des engagements importants en faveur de l’éducation universelle. Parmi les 34 pays enquêtés par Afrobarometer en 2016/2018, 33 ont rendu la scolarité obligatoire (pour des durées de cinq à 11 ans), et 33 garantissent la gratuité de l’enseignement primaire. (Voir le Tableau A.2 en annexe pour plus de détails.) Nombreux sont les gouvernements qui consacrent également une partie considérable de leur budget annuel à l’amélioration du système éducatif. En Côte d’Ivoire, en eSwatini, au Ghana, au Malawi, au Sénégal, en Tunisie, et au Zimbabwe, par exemple, plus de 25% des dépenses publiques totales sont consacrées au secteur de l’éducation (Banque Mondiale, 2020).
Les enquêtes d’Afrobarometer révèlent des progrès modestes mais constants dans la mesure où moins d’Africains se retrouvent sans instruction formelle et que plus nombreux sont ceux qui poursuivent leur scolarité au-delà du primaire. Dans certains pays, cependant, deux-tiers des adultes ne bénéficient toujours pas d’une scolarité formelle, et d’importants écarts sexospécifiques continuent de léser les filles et les femmes.
Dans l’ensemble, une petite majorité des Africains pensent que leur gouvernement affiche une bonne performance dans la satisfaction des besoins en matière d’éducation. Au nombre des facteurs qui contribuent à ces appréciations figurent la facilité ou la difficulté avec laquelle les citoyens obtiennent les services scolaires et le fait qu’ils pensent ou non que les écoles sont transparentes en ce qui concerne leur budget et réactives aux plaintes.
Plus fondamentalement, il ressort de notre analyse que les pays les plus démocratiques sont considérés plus aptes à garantir l’éducation publique. Les citoyens sont plus susceptibles d’être satisfaits des performances gouvernementales en matière d’éducation si les mesures concrètes de transparence et de redevabilité scolaires sont intégrées dans un système politique plus large qui stimule ces qualités.
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