Skip to content
Key findings
  • La grande majorité (86%) des Togolais disent qu’il faut plus de réglementation gouvernementale de l’exploitation des ressources naturelles.
  • En ce qui concerne l’exploitation des ressources qui a lieu près de leur communauté, la majorité des répondants pensent que les citoyens ordinaires ont voix au chapitre (67%), que les avantages dépassent les coûts (60%) et que les communautés reçoivent une juste part des revenus (57%). o Les habitants des préfectures d’exploitation de ressources naturelles ont plus tendance que leurs concitoyens qui vivent dans des préfectures sans industrie extractive à penser qu’ils ont voix au chapitre des décisions (78% vs. 64%), que leur communauté reçoit une juste part (68% vs. 54%) et que les avantages dépassent les coûts (68% vs. 58%).
  • Les préfectures d’exploitation des ressources naturelles ne bénéficient pas forcément de plus de services ou d’infrastructures que les autres.
  • Huit Togolais sur 10 (80%) considèrent que la pollution dans leur communauté est « un peu grave » (35%) ou « très grave » (45%).
  • Pour les citoyens togolais, l’élimination des déchets, la déforestation et l’assainissement sont les trois majeurs problèmes environnementaux de leur communauté.
  • Plus de la moitié (52%) des Togolais se disent satisfaits de la performance de leur gouvernement dans la réduction de la pollution et la protection de l’environnement, mais l’écrasante majorité (89%) estiment qu’il devrait faire plus.

Le Togo n’est pas connu en Afrique pour l’exploitation des ressources naturelles et son  industrie extractive. Ce secteur ne contribue qu’à 1,04% du produit intérieur brut du pays et à 0,6% du secteur de l’emploi en 2018. Trois produits dominent le secteur extractif au Togo à  savoir le clinker (53%), phosphate (23%) et calcaire (22%), qui cumulent 98% des revenus du  secteur. Le Togo a rejoint l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (2021)  depuis 2010 et a déjà publié huit rapports. Cet engagement du gouvernement togolais de  faire des efforts de transparence en ce qui concerne les revenus tirés du secteur extractif est  à saluer. 

Le réel potentiel minier du pays reste néanmoins assez méconnu. Pour les ressources déjà  exploitées, les chaines de valeurs ne sont pas entièrement développées, bien que les  pouvoirs publics multiplient les efforts afin de développer les chaines de valeurs, surtout avec  le phosphate. Malgré plusieurs accords avec notamment un consortium mené par le groupe  israélien Elenilto en 2015 ou le groupe Dangote Industries en 2019 et plus récemment avec le  groupe marocain OCP, les fruits tardent à voir le jour (Ecofin, 2020 ; Djade, 2023).  

Avec l’aide de la Banque Mondiale, l’Etat togolais essaie de faire la cartographie du  potentiel minier du pays pour permettre au gouvernement d’organiser et de maîtriser le  secteur des mines et des carrières pour en tirer un maximum de profit, et par ricochet pour le  développement socio-économique des populations en limitant les atteintes à la santé et à  l’environnement (Akoda, 2021). 

Le secteur minier ou extractif est en général associé en Afrique avec la corruption,  l’incompétence ou l’inefficacité des gouvernements, l’instabilité politique (la malédiction  des ressources), l’abandon des autres secteurs de production (syndrome hollandais) ou  encore les impacts négatifs sur l’environnement, notamment la pollution (Kopf & Isbell, 2017 ;  Sall & Sall, 2016 ; Foka, 2022).  

Cette dépêche rend compte du module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire Afrobarometer Round 9 pour explorer les expériences et les perceptions des citoyens sur  l’extraction des ressources naturelles et la gouvernance environnementale. 

D’après les résultats, les Togolais pensent qu’il faut renforcer la législation en matière  d’exploitation des ressources naturelles mais trouvent que les bénéfices de cette exploitation  dépassent les inconvénients engendrés. L’exploitation des ressources naturelles n’apporte  pas forcément plus d’infrastructures ou de services aux communautés riveraines. 

Pour la majorité des Togolais, la pollution de l’environnement est un problème grave dans  leur communauté. La moitié d’entre eux se disent satisfaits de la performance du  gouvernement dans la lutte contre la pollution et la protection de l’environnement, mais ils sont une écrasante majorité à estimer que ce dernier devrait faire plus que ce qu’il fait  actuellement.

Hervé Akinocho

Hervé Akinocho is the director of the Center for Research and Opinion Polls – CROP, based in Lome in Togo.