- En moyenne, dans 39 pays, six Africains sur 10 (61%) estiment que les parents sont en droit d'utiliser la force physique pour discipliner leurs enfants. L'approbation des châtiments corporels a connu une baisse modeste au cours des cinq dernières années. o Si le soutien aux châtiments corporels avoisine neuf citoyens sur 10 au Bénin (88%), au Cameroun (87%), au Burkina Faso (86%) et au Niger (85%), 16 pays enregistrent des baisses significatives depuis 2016/2018, notamment de fortes baisses en Tanzanie (-31 points), au Kenya (-24 points), au Botswana (-22 points) et au Libéria (-22 points). o Concrètement, 43% des Africains déclarent que les adultes de leur communauté ont « assez fréquemment » ou « très fréquemment » recours à la force physique pour discipliner les enfants.
- Environ un tiers (35%) des citoyens déclarent que les abus, la maltraitance et la négligence envers les enfants sont « assez fréquents » ou « très fréquents » dans leur communauté, tandis que 64% les décrivent comme des évènements rares. Les perceptions de maltraitance généralisée varient de 16% en Tanzanie à 63% au Libéria.
- Presque la moitié (48%) des Africains déclarent que les cas d’enfants non scolarisés sont courants dans leur communauté, de 22% à Maurice à 83% au Libéria.
- Plus de quatre sur 10 citoyens (42%) déclarent que leur ménage a manqué « quelques fois », « plusieurs fois » ou « toujours » de nourriture suffisante au cours de l'année précédente.
- La majorité des répondants affirment que des services sont disponibles dans leur communauté en faveur des enfants maltraités ou négligés (58%), des enfants ayant un handicap physique (56%) et des enfants et adultes souffrant de problèmes mentaux ou émotionnels (52%). o Ces appréciations varient considérablement d'un pays à l'autre, les plus positives s'observant au Sénégal, à Maurice, au Togo et en Mauritanie, et les moins positives en Sierra Leone, au Zimbabwe, au Malawi, au Lesotho, au Nigéria et au Libéria.
Si l’Afrique abrite la population la plus jeune au monde, un grand nombre de ses 650 millions d’enfants se heurtent à des obstacles considérables à leur bien-être et à leurs perspectives d’avenir. La pauvreté, l’accès difficile à l’éducation et aux soins de santé, le travail des enfants, l’épidémie du VIH/SIDA, les conflits armés et les mouvements migratoires figurent parmi les menaces qui pèsent sur le développement harmonieux des enfants du continent,
tout comme les diverses formes de violence psychologique et physique, d’abus et d’exploitation sexuels et de négligence (Nations Unies, 2022 ; Partenariat Africain pour Mettre Fin à la Violence Contre les Enfants, 2021 ; UNICEF, 2005 ; Hope, 2005).
La plupart des pays africains ont ratifié la Convention des Nations Unies Relative aux Droits de l’Enfant et la Charte Africaine des Droits et du Bien être de l’Enfant, et beaucoup ont progressé en matière de protection des
droits et du bien-être des enfants dans des domaines allant de la survie de l’enfant et de la scolarisation aux efforts visant à mettre fin au mariage des enfants et à la discrimination à l’égard des filles (Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant, 2021).
Cependant, les progrès sont encore inégaux et sont loin de répondre aux ambitions des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (2023) et de l’Agenda 2040 pour les Enfants d’Afrique (Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant, 2016 ; Fambasayi, 2021 ; African Child Policy Forum, 2018). Les progrès accomplis s’accompagnent souvent de nouveaux problèmes, tels que les conflits armés qui provoquent des crises humanitaires au Soudan, en Ethiopie et au Mozambique. Au Soudan, par exemple, on estime que 19 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et que plus de 7 millions de personnes, dont environ 3,3 millions d’enfants, ont été déplacées par le violent conflit qui déchire le pays (UNICEF, 2023 ; New Arab, 2023).
Un débat qui couve depuis longtemps porte sur le recours à la force physique pour discipliner les enfants, une pratique dont il est de plus en plus évident qu’elle nuit à l’apprentissage, à la santé mentale et au développement des enfants (Gershoff & Grogan Kaylor, 2016). Le Rapport Africain sur le Bien-être des Enfants 2020 relève que 60% des enfants sondés ont déclaré avoir subi au moins une forme de châtiment corporel au cours de l’année précédente, souvent de la part de membres de la famille proche et d’enseignants (African Child Policy Forum, 2020).
Le présent profil panafricain fait le point sur un module spécial inclus dans le questionnaire du Round 9 (2021/2023) d’Afrobarometer relatif aux expériences et perceptions des Africains concernant les châtiments corporels, la maltraitance et la négligence des enfants, la disponibilité de services de soutien pour les enfants vulnérables et la performance gouvernementale en ce qui concerne le bien-être de l’enfant.
Les résultats de l’enquête révèlent que le recours à la force physique pour discipliner les enfants bénéficie toujours d’un soutien massif de la part des adultes africains, même si l’opposition s’accroît lentement.
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