- L’accès à l’information et à l’Internet ainsi qu’aux périphériques tels que la radio, la télévision et le téléphone avec accès à l’Internet est inégal au regard du genre. o Les hommes (97%) s’informent plus régulièrement que les femmes (85%) si l’on considère ceux qui écoutent au moins une fois par mois les informations quel que soit le média. o Cette disparité existe déjà au niveau des terminaux d’accès tels que la radio (87% vs. 78%), la télévision (67% vs. 59%) et le téléphone avec accès à l’Internet (61% vs. 45%) en défaveur des femmes.
- L’inclusion et l’autonomie financière restent un défi pour l’équité genre. o Les femmes moins que les hommes possèdent un compte mobile money (71% vs. 84%) ou un compte dans une banque (20% vs. 28%). o Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à devoir prendre l’avis de leur conjoint et d’autres personnes en ce qui concerne l’utilisation de leurs revenus.
- Les femmes expriment moins d’intérêt que les hommes pour la politique et les affaires publiques. Quelle que soit la dimension considérée, à savoir la proximité à un parti politique, la discussion de questions politiques, la participation à une réunion communautaire ou le contact avec des leaders, on trouve un déficit pour les femmes par rapport aux hommes.
- Les aspirations démocratiques diffèrent suivant le genre. o Bien que majoritaire, la préférence des femmes (70%) pour un régime démocratique l’est moins que chez les hommes (76%). o Les femmes rejettent moins les pratiques autocratiques de gouvernance que les hommes, et soutiennent moins certains principes démocratiques.
L’analyse des différences genres dans l’opinion publique est l’un des champs d’intérêt des sciences sociales depuis de nombreuses années car elle permet d’essayer d’en comprendre les raisons et les impacts sur notre quotidien. Cette différence d’opinions se remarque à travers la réaction et l’expérience des femmes et des hommes face aux problèmes actuels (Center for American Women and Politics, 2021).
Ce travail, mettant en relief quelques sujets pour lesquels il existe des écarts importants entre les opinions ou l’accès des femmes et ceux des hommes, suscite particulièrement de l’intérêt en cette période où des avancées substantielles et symboliques se sont observées dans la sphère politique au Togo. En effet, plusieurs femmes occupent des postes de premier plan dans le pays. Ainsi, pour la première fois de son histoire, non seulement une femme occupe la tête du gouvernement, mais un tier des postes du gouvernement – et d’autres postes clés comme le perchoir de l’Assemblée Nationale et le médiateur de la république – sont occupés par des femmes. Ces progrès ont fait du Togo une référence en matière de promotion de la femme en le propulsant aux premiers rangs du classement des pays où les femmes émergent en leadership (McCarthy, 2022 ; Banque Mondiale, 2021).
Au-delà de la sphère politique, il y a également eu de grandes avancées – documentées par le biais des sondages d’Afrobarometer – dans les aspirations des Togolais en ce qui concerne l’égal accès entre les hommes et les femmes à l’éducation, à l’emploi et à la gestion des revenus. La situation est néanmoins moins reluisante quand il s’agit des aspirations en matière d’accès au foncier des femmes. En plus, les attentes des Togolais relatifs au rôle de la femme dans la gestion et l’éducation des enfants et surtout des violences basées sur le genre sont assez loin des standards attendus (Akinocho, 2019).
Ce travail se focalise sur l’écart, selon le genre, d’opinion sur certaines problématiques et d’accès à certains biens et infrastructures – thèmes qui sont moins abordés dans les débats scientifiques, comparativement aux droits fondamentaux de la femme, son rôle et son statut dans la société (Bigot & Piau, 2004 ; Akinocho & Blimpo, 2014).
Dans le contexte togolais, les résultats révèlent des gaps au niveau de l’accès à l’information et aux technologies de l’information et de la communication. Le niveau de bancarisation et la liberté de gestion de ses propres revenus constituent des points où les femmes sont dépassées par les hommes. Également sur les questions d’engagement citoyen et d’intérêt pour les affaires publiques, des écarts ont été remarqués, tout comme sur la demande des pratiques de gouvernance démocratiques.
Ces résultats fournissent des outils de mesure qui peuvent guider les politiques à la recherche de solutions dans des secteurs où les inégalités d’accès aux services ou aux biens persistent. Ils permettent aussi d’identifier les sujets de société pour lesquels les différences d’aspiration devraient susciter les actions correctives ou susciter des interrogations des autorités politiques, sociales et religieuses.
Related content