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Key findings
  • La moitié (50%) des Ivoiriens considèrent la violence conjugale comme une affaire privée et non comme une affaire pénale.
  • Plus de la moitié (53%) des citoyens soutiennent qu’il est « parfois justifié » ou « toujours justifié » qu’un homme utilise la force physique pour discipliner sa femme.
  • Une forte majorité (72%) des citoyens disent que les cas de violence sur les femmes et les filles ne sont pas courants dans leur communauté, mais 28% affirment le contraire.
  • Aux yeux des Ivoiriens, les violences sexistes font partie des plus importants défis liés au genre auxquels est confronté leur pays.
  • La majorité des Ivoiriens pensent qu’il est probable que la police prenne au sérieux les plaintes contre les VBG (89%) mais qu’il est également probable que les victimes qui se plaignent subissent des critiques ou du harcèlement de la part de leur communauté (62%).

Selon la Déclaration sur l’Elimination de la Violence à l’Egard des Femmes (Nations Unies, 1994), est considérée comme violence basée sur le genre (VBG) tout acte délétère contre la femme pouvant lui causer des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques. Cette forme de violence menace la vie, la santé et les capacités sociales et productives de ses victimes (Assa, 2022).

Conscient de la gravité du phénomène et de ses conséquences sur les individus ainsi que sur le développement, l’État de Côte d’Ivoire affiche une volonté de plus en plus manifeste pour l’endiguer. S’appuyant sur la Stratégie Nationale de Lutte contre les Violences Basées sur le Genre, les efforts mettent l’accent sur la prévention, la prise en charge et la justice. Une assistance juridique des survivants est envisagée, ainsi qu’un renforcement de leur prise en charge psycho-sociale. Les frais du certificat médical qui empêchaient les victimes de porter plainte sont dorénavant pris en charge par l’État (ONU Femmes, 2013 ; Ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, 2022 ; Portail Officiel du Gouvernement de Côte d’Ivoire, 2021).

Cependant, les cas de violence contre les femmes et les jeunes adolescentes restent toujours présents dans le quotidien des Ivoiriens. En 2020, les services sociaux de la Côte d’Ivoire ont rapporté 5.405 cas de violences sexistes dont 822 cas de viol. Plus des trois quarts (77%) des victimes de viol étaient des mineurs. Également 416 cas de féminicide ont été enregistrés rien que dans la ville d’Abidjan courant 2019 et 2020 (Portail Officiel du Gouvernement de Côte d’Ivoire, 2021 ; Réaux, 2021).

Mais la plupart des cas de VBG ne sont jamais portés à la connaissance des autorités. De nombreuses victimes n’intègrent pas les circuits de prise en charge et de justice formelle, optant plutôt pour des systèmes parallèles de justice traditionnelle qui mènent à des modes de règlement communément appelés « à l’amiable » ou « en famille » (Fédération Internationale pour les Droits Humains, 2022).

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire d’Afrobarometer Round 9 (2021/2022) pour explorer les expériences et les perceptions des Africains sur les violences basées sur le genre.

Les résultats montrent que la moitié des Ivoiriens considèrent la violence domestique comme une affaire privée et non une affaire pénale. La majorité des citoyens trouvent qu’il est justifié qu’un homme utilise la force physique pour discipliner sa femme, même s’ils affirment que les cas de violences sexistes ne sont pas fréquents dans leur communauté.

Les citoyens ivoiriens estiment qu’il est probable que la police prenne au sérieux les plaintes sur les VBG mais qu’il est également probable que les victimes qui portent plainte soient objet de critiques ou de harcèlement dans leur communauté.

Joseph Koné

Research associate and finance officer at CREFDI

Silwe Kaphalo Segorbah

Silwe Kaphalo Segorbah is the Executive Director of CREFDI and the National Investigator in Cote d’Ivoire