Skip to content
Key findings
  • Une forte majorité (93%) des Togolais sont pour une monnaie unique sous-régionale pour faciliter les échanges dans la sous-région. Cette opinion est également partagée au Gabon (89%), au Cameroun (88%) et en Côte d’Ivoire (82%).
  • La grande majorité (91%) des Togolais sont pour le contrôle de la monnaie unique par les pays de la CEDEAO et non pas des puissances étrangères comme la France pour le CFA. Les Camerounais (84%) et les Ivoiriens (81%) partagent la même opinion.
  • Neuf Togolais sur 10 (90%) pensent que les pays d’Afrique de l’Ouest sont en mesure de prendre en charge complètement la gestion de leur propre monnaie sans l’aide de quiconque.
  • Ils sont 91% les Togolais qui pensent que la CEDEAO devrait travailler à la mise en place effective de sa monnaie régionale unique l’Éco pour faciliter l’intégration et les échanges dans la sous-région.
  • Près de trois Togolais sur quatre (73%) pensent que le gouvernement devrait prendre seul les décisions comme l’adoption d’une monnaie unique.
  • Près de neuf Togolais sur 10 (87%) pensent que le franc CFA profite plus à la France plutôt qu’aux pays membres de la zone franc comme le Togo et devrait être remplacé. Les Gabonais (81%) également épousent une telle assertion.
  • Les positions des Togolais se sont renforcées entre 2021 et 2022 sur tous ces sujets.

La sortie du franc CFA a connu un intérêt particulier dans les débats publics avant la crise causée par la pandémie de la COVID-19. Cet intérêt était dû à une mobilisation sans précédent des activistes anti franc CFA dans plusieurs capitales africaines et même au-delà. Cela a d’ailleurs conduit des autorités italiennes à publiquement prendre position contre cette monnaie, qu’elle accuse d’appauvrir l’Afrique francophone et de provoquer l’immigration clandestine vers l’Italie (Akinocho, 2019).

Les pays d’Afrique de l’Ouest ont également réactivé sur la période le projet d’une monnaie unique pour la sous-région, avec en plus la création de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf), en mettant en place une force de travail présidentiel et technique. Les travaux ont permis d’aboutir au nom (Éco), à un régime de change (flexible avec ciblage d’inflation), au principe d’une banque centrale qui serait à̀ caractère fédéral et non une banque centrale unique, au respect de critères de convergence à atteindre et à un calendrier progressif à partir de 2020 (Jacquemot, 2019 ; Ouestafnews, 2019 ; Sy, 2019).

La pandémie de la COVID-19 a mis un coup d’arrêt à la plupart des progrès faits jusqu’à lors. En effet, les pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), face aux défis financiers que posaient la pandémie, ont finalement décidé de reporter à 2027 la mise en place de la monnaie unique (Fualdes, 2020 ; BBC, 2021). Beaucoup d’experts restent sceptiques sur le respect de cette nouvelle feuille de route, la quatrième, parce que les délais semblent assez serrés pour atteindre la convergence des économies de la sous-région, surtout sans le leadership du Nigéria (BBC, 2021 ; RFI, 2021).

Un autre écueil sur le chemin de cette mise en œuvre de la monnaie unique est la réforme du franc CFA adopté par les pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) en décembre 2020, qui transforme le CFA en Éco. Les pays non-membres de la zone UEMOA ont fortement critiqué cette réforme, qui selon eux – même si elle s’inscrit dans les efforts de l’UEMOA d’atteindre les objectifs de convergences – n’a rien à avoir avec le projet de l’Éco sous-régional qui est antérieur (Fualdes, 2020 ; Kadi, 2022 ; Konandi, 2019 ; RFI, 2021). Certains analystes considèrent même cette réforme comme une tentative de sabotage du processus de mise en place de la monnaie unique régionale, et d’autres un témoignage de tension voire de rivalités entre les pays de l’UEMOA et les pays non-membres (Kadi, 2022 ; Konandi, 2019 ; RFI, 2021).

Les résultats des enquêtes Afrobarometer permettent de montrer que la grande majorité des citoyens d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone interrogés sont pour l’adoption de monnaie sous-régionale unique. Ils pensent que ces monnaies doivent être entièrement contrôlées par les pays de la région et non par des puissances étrangères. Ils anticipent également des bénéfices de ces monnaies notamment l’augmentation des échanges sous- régionaux.

Hervé Akinocho

Hervé Akinocho is the director of the Center for Research and Opinion Polls – CROP, based in Lome in Togo.