- La pauvreté vécue varie considérablement d'un bout à l'autre du continent. À Maurice, les gens ont rarement souffert de la pénurie de certains produits de première nécessité (nourriture, eau potable, soins de santé, combustibles de cuisson et revenu en espèces) au cours de l'année précédente. En revanche, le Guinéen et le Gabonais moyens ont déclaré manquer fréquemment de plusieurs de ces produits de première nécessité.
- La pauvreté vécue est clairement à la hausse, inversant une tendance décennale d'amélioration constante des conditions de vie que nous avons vu s'achever dans les enquêtes Afrobarometer du Round 7 en 2016/2018. Dans les pays qui ont réalisé la plus longue série d'enquêtes, la carence en biens de première nécessité, mesurée par notre Indice de Pauvreté Vécue, est revenue aux mêmes niveaux que ceux mesurés en 2005/2006. La tendance est similaire pour la « pauvreté vécue élevée », la proportion des gens qui connaissent des pénuries fréquentes des biens de première nécessité.
- Les accroissements des niveaux nationaux de pauvreté vécue au cours de la dernière décennie tendent à être plus importants dans les pays où l'économie a connu une stagnation ou une récession, comme le montre l'évolution du PIB par habitant.
La pauvreté vécue – mesurée comme la fréquence à laquelle les gens se retrouvent sans les produits de première nécessité – a constamment régressé en Afrique entre 2005 et 2015 (Mattes, Dulani, & Gyimah-Boadi, 2016), une tendance à laquelle correspondent les estimations de la pauvreté établies par la Banque Mondiale (2018) sur la base des habitudes de consommation. Cependant, les résultats des enquêtes Afrobarometer du Round 7 (réalisées en 2016/2018) ont laissé entendre que la tendance à l’amélioration des niveaux de vie observée au cours de la décennie s’était interrompue et que la pauvreté vécue était à nouveau à la hausse (Mattes, 2020).
Les résultats les plus récents, issus des enquêtes du Round 8 d’Afrobarometer réalisées dans 34 pays africains entre juillet 2019 et juillet 2021, viennent confirmer que le dénuement est effectivement en pleine résurgence. Cette tendance trouve ses racines dans un ralentissement à échelle continentale qui a débuté en 2014 : La croissance économique a fortement décéléré en 2016, et s’est transformée en une véritable récession économique en 2020 du fait de la pandémie de COVID-19.
Les hausses dans les niveaux nationaux de pauvreté vécue tendent à être plus importantes dans les pays où l’économie a marqué une phase de stagnation ou de récession, mesurée par l’évolution du produit intérieur brut (PIB) par habitant.
Mais la manière dont les gouvernements africains ont réagi à la pandémie de COVID-19 a également influencé les tendances en matière de pauvreté : Parmi les pays dont l’enquête du Round 8 suivait la première vague de COVID-19, les mesures gouvernementales plus restrictives étaient associées à des hausses plus importantes de la pauvreté vécue. Et les hausses de la pauvreté étaient également plus importantes là où des pourcentages plus élevés de répondants ont déclaré aux enquêteurs qu’il était difficile de se conformer à ces restrictions.
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