Le dénuement économique – qu’il soit évalué en fonction de la fréquence à laquelle les gens manquent des denrées de première nécessité ou de la proportion des personnes dont le revenu est inférieur à 1,90 dollar par jour – a continuellement chuté en Afrique entre 2005 et 2015. Les résultats du Round 7 d’Afrobarometer, réalisé dans 34 pays africains entre fin 2016 et fin 2018, montrent cependant que cette amélioration du niveau de vie a marqué un coup d’arrêt et que la « pauvreté vécue » est à nouveau en hausse.
Pour éviter de compromettre les progrès durement acquis dans le niveau de vie des Africains, notre analyse souligne la nécessité d’un engagement renouvelé des citoyens, des gouvernements, et des bailleurs de fonds internationaux à défendre la démocratie et à développer les infrastructures de prestation de services.
Résultats clés
- Entre 2005 et 2015, les enquêtes Afrobarometer ont constaté une amélioration constante des conditions de vie de l’Africain lambda. Mesurée en fonction de la fréquence à laquelle les gens manquent d’un éventail de denrées de première nécessité (nourriture, eau potable, soins de santé, combustible de cuisson, et revenu en espèces), la « pauvreté vécue » a régressé de façon constante au cours de cette période – une tendance que confirment les estimations de la Banque Mondiale basées sur la consommation.
- Les toutes dernières enquêtes d’Afrobarometer suggèrent toutefois que l’Afrique risque de compromettre ces progrès observés sur le plan du niveau de vie. Si les citoyens de la plupart des pays africains continuent de se porter mieux qu’en 2005/2006, le dénuement en denrées de première nécessité – mesuré par notre Indice de Pauvreté Vécue – s’est accru dans la moitié environ des pays enquêtés depuis 2015. La tendance est similaire pour la « grande pauvreté vécue », c’est-à-dire combien les gens souffrent de pénuries fréquentes des denrées de première nécessité.
- La pauvreté vécue varie considérablement à travers le continent. Par exemple, les gens vivent rarement dans le dénuement à Maurice. A contrario, le Guinéen et le Gabonais lambda ont quelques fois, au cours de l’année précédente, connu le dénuement par rapport à plusieurs denrées de première nécessité. En général, la pauvreté vécue est la plus élevée en Afrique Centrale et Afrique de l’Ouest, et la plus faible en Afrique du Nord.
- La pauvreté vécue varie également au sein des sociétés. Reflétant les effets de la « tendance urbanistique » des gouvernements successifs d’après les indépendances, les habitants des zones rurales continuent de vivre la pauvreté beaucoup plus fréquemment que les citadins et les habitants des banlieues.
- Une analyse de régression hiérarchisée et multivariée de plus de 40.000 répondants révèle que les citadins, les personnes affichant un niveau d’instruction élevé, et celles qui ont un emploi (surtout dans un métier de classe moyenne) sont moins susceptibles de vivre dans la pauvreté, tout comme les jeunes et les hommes.
- Mais outre les caractéristiques personnelles, nous relevons des facteurs encore plus importants au niveau du gouvernement et de l’état. D’abord, les Africains habitants dans les pays de longue tradition démocratique sont moins susceptibles de vivre dans la pauvreté.
- Ensuite, les habitants des communautés disposant de principales infrastructures de développement, dont des routes pavées, des réseaux électriques, et des systèmes d’adduction d’eau, sont moins susceptibles de manquer de denrées de première nécessité. En effet, les efforts combinés des gouvernements africains et des bailleurs de fonds internationaux visant à construire des infrastructures de développement, en particulier dans les zones rurales, semblent avoir joué un rôle majeur dans la réduction des niveaux de pauvreté – du moins jusqu’à récemment.
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