Skip to content
Key findings
  •  Les Africains considèrent la violence basée sur le genre (VBG) comme le problème lié aux droits des femmes le plus important auquel leur gouvernement et leur société doivent s'attaquer, suivi par le nombre insuffisant de femmes occupant des postes influents au sein du gouvernement, l'inégalité d'accès à l'éducation et l'inégalité des opportunités dans le monde du travail. Presque quatre citoyens sur 10 (38%) déclarent que la violence basée sur le genre est « assez courante » ou « très courante » dans leur communauté.
  •  Une grande majorité (75%) de citoyens, qui s'accroît lentement, estiment que les femmes devraient avoir les mêmes chances que les hommes d'être élues à des fonctions publiques. Mais plus de la moitié (52%) affirment qu'une femme qui se présente à une élection risque d'être critiquée ou harcelée. Les femmes sont encore moins susceptibles que les hommes de participer à plusieurs formes d'engagement civique, y compris le vote.
  •  En moyenne, à travers 39 pays africains, les femmes sont moins susceptibles que les hommes d'avoir fait des études secondaires ou post-secondaires (51% contre 59%), un écart qui est encore plus important chez les plus jeunes bien que leurs niveaux d’éducation soient également plus élevés.
  •  Presque trois quarts (73%) des Africains estiment que les femmes devraient avoir les mêmes droits que les hommes en matière de propriété et d'héritage fonciers, bien que le soutien à l'égalité varie de 31% seulement en Mauritanie à 92% au Cabo Verde. Une majorité plus faible (58%) de répondants soutiennent l'égalité des droits des femmes à l'emploi, mais là encore, l'opinion varie considérablement d'un pays à l'autre. Environ sept citoyens sur 10 (69%) affirment que les femmes jouissent effectivement des mêmes droits que les hommes à l'emploi, mais ils sont moins nombreux (63%) à en dire autant pour ce qui est de la propriété foncière.
  •  Les femmes sont nettement moins nombreuses que les hommes à posséder des biens de production et d'information essentiels, tels que des véhicules à moteur (15% contre 31%), des radios (50% contre 65%) et des comptes bancaires (34% contre 43%). De même, les femmes sont moins susceptibles que les hommes de déclarer qu’elles prennent elles-mêmes les décisions financières de leur ménage (35% contre 44%).
  •  Les gouvernements sont relativement bien notés pour leurs efforts de promotion de l'égalité des sexes, mais presque deux tiers (63%) des citoyens estiment que leurs gouvernements devraient en faire plus.

Où que nous regardions, nous entendons dire que l’égalité des sexes est la pierre angulaire  du développement de l’Afrique. L’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA) fait de la « pleine  égalité des sexes dans tous les domaines de la vie » l’un de ses objectifs fondamentaux. Dans  le cadre de cet objectif, les résultats à atteindre d’ici 2023 comprennent l’élimination de tous  les obstacles qui empêchent les femmes de posséder et d’hériter du foncier, de conclure des contrats et de posséder de comptes bancaires ; la garantie qu’au moins une femme sur cinq contrôlent des actifs productifs ; et la réduction d’au moins un tiers de  la violence à l’égard des femmes (l’élimination devant être atteinte d’ici  2063) (Union Africaine, 2015a, b). 

De même, les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations  Unies (2016) soulignent la centralité de l’égalité des sexes, non seulement  comme objectif à part entière (ODD No. 5), mais aussi comme élément  constitutif de l’ensemble des objectifs, cibles et indicateurs des ODD. 

Nous notons des signes d’engagement au moins partiel pour ces objectifs sur l’ensemble du  continent. Quarante-quatre Etats africains ont ratifié le Protocole de Maputo de 2003 sur les  droits des femmes en Afrique, qui vient de célébrer son 20ème anniversaire (Union Africaine, 2003, 2023). De même, 52 Etats africains ont ratifié la Convention des Nations Unies (1979) sur  l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, et tous les Etats  membres des Nations Unies sont invités à mettre en œuvre les Objectifs de Développement Durable. 

Cependant, les défenseurs de l’égalité des sexes reconnaissent également que la réalité est  encore loin de correspondre à ces nobles aspirations. Le changement, bien que réel, est  souvent lent et inégal ; les disparités persistent même si les femmes et les hommes  progressent en niveau d’instruction, en accès à la technologie et à l’information, et évoluent  professionnellement. 

La Commission Economique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies, par exemple, rapporte  que les filles sont toujours plus susceptibles de ne pas être scolarisées que les garçons (CEA,  2023), en raison non seulement de la moindre priorité accordée par les familles à l’éducation  des filles, mais aussi de facteurs tels que le mariage précoce et la violence basée sur le  genre (Savedra & Brixi, 2023 ; Banque Africaine de Développement & CEA, 2020). Le score  de l’Afrique dans l’indice Women, Business and the Law de la Banque Mondiale (2020) monte  très lentement, ce qui suggère que l’égalité économique et juridique ne sera pas une réalité  avant de nombreuses années. L’indice du genre d’Equal Measures 2030 (2022), qui surveille  les indicateurs d’égalité des sexes pour 14 ODD, qualifie les progrès en Afrique de « lents et  fragmentés ». 

Afrobarometer offre une perspective citoyenne sur l’égalité des sexes en Afrique, basée sur  un module spécial inclus dans les enquêtes du Round 9 dans 39 pays sondés entre fin 2021 et  mi-2023. Nos conclusions, elles aussi, suggèrent des progrès lents parallèlement à des défis  persistants. En principe, la plupart des Africains sont d’accord avec les objectifs de l’égalité  des sexes, et beaucoup signalent même que l’égalité dans le monde du travail et les droits  fonciers est en grande partie effective. 

Mais dans les données relatives à l’expérience vécue des femmes – leur niveau d’instruction,  leur statut professionnel, leur contrôle des ressources – les disparités hommes-femmes  subsistent, affichant souvent peu de changement au cours de la dernière décennie (voir par  exemple Lardies, Dryding, & Logan, 2019). Le soutien aux femmes en politique se heurte à  des attentes de réactions négatives de la part de la communauté. Même la sécurité  physique demeure une préoccupation majeure : La violence basée sur le genre se classe au  premier rang des problèmes de droits des femmes auxquels les Africains disent que leur  gouvernement et leur société doivent s’attaquer. 

En résumé, transformer le soutien déclaré à l’égalité en une réalité ancrée dans la loi, dans  l’acceptation sociale et dans la pratique quotidienne semble encore être une entreprise de  longue haleine. Une note encourageante : Des majorités d’Africains estiment non seulement  que leurs gouvernements travaillent assez bien à assurer l’égalité des sexes mais aussi qu’ils  doivent en faire plus, reconnaissant ainsi que le travail est loin d’être parachevé. 

Maame Akua Amoah Twum

Maame is the communications coordinator for North and Anglophone West Africa at Afrobarometer

Carolyn Logan

Carolyn is the director of analysis and capacity building at Afrobarometer.