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AD69: Malgré un certain progrès, les infrastructures de base demeurent un défi en Afrique

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Les infrastructures constituent le soubassement du développement. Contingent indispensable d’un environnement favorable à l’investissement et au gagne-pain, une infrastructure adéquate favorise la croissance économique, réduit la pauvreté, et améliore la prestation des soins de santé et d’autres services (Banque Mondiale, 2014; Wantchekon, 2014). La Banque Africaine de Développement (BAD), dont la Stratégie 2013-2022 fait du développement des infrastructures l’une de ses cinq priorités opérationnelles, note que « l’Afrique a encore des besoins massifs en infrastructures » et n’investit pourtant que 4% de son produit intérieur brut (PIB) en infrastructures, comparée à la Chine qui en investit 14%. La BAD estime que « combler le besoin en infrastructures pourrait augmenter la croissance du PIB d’environ 2 points de pourcentage chaque année » (Banque Africaine de Développement, 2013).

Les dirigeants politiques et les citoyens ordinaires reconnaissent et affirment tous l’importance du développement des infrastructures en Afrique. Sous le leadership de l’Union Africaine, du Nouveau Partenariat Économique pour le Développement en Afrique (NEPAD), et de la BAD, le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique est conçu pour régler un « déficit en infrastructures en Afrique [qui] pénalise la croissance et le développement du continent. » Comme l’a dit le Président sud-africain Jacob Zuma lors du lancement du programme en 2010, « l’heure de l’Afrique a sonné, et sans infrastructures, nos rêves ne se réaliseront jamais » (Nouveau Partenariat Économique pour le Développement en Afrique, 2010).

Tout comme leurs dirigeants, les citoyens africains appellent à de plus grands investissements en infrastructures. A la question de savoir les problèmes qu’ils considèrent les plus importants de leur pays, 22% des répondants aux enquêtes d’Afrobaromètre dans 32 pays ont mentionné les infrastructures et le transport parmi les trois questions principales auxquelles le gouvernement devrait trouver s’attaquer – seuls le chômage, la santé, et l’éducation étaient classés plus prioritaires (Bentley, Olapade, Wambua, et Charron, 2015). Quant à leurs priorités en matière de dépense accrue de la part du gouvernement parmi six secteurs principaux, environ un répondant sur quatre ont indiqué accorder la priorité aux infrastructures.

Pour évaluer et suivre la progression de l’accès des citoyens aux infrastructures de base, Afrobaromètre note directement au niveau communautaire les observations par rapport à la présence ou l’absence d’infrastructures dans les nombreuses communautés visitées par ses équipes sur le terrain. Cet article se focalise sur cinq types d’infrastructures de base: l’électricité, l’eau courante, les systèmes d’égouts, les routes bitumées/pavées, et le service de téléphonie mobile. (Des publications subséquentes se pencheront sur d’autres services, tels que la santé, l’éducation, la police, et les services bancaires.)

Les résultats démontrent qu’en dépit d’un certain progrès, les infrastructures demeurent un énorme défi. Tandis que quelques pays sont parvenus à fournir tout leur territoire en électricité et en eau courante, et que plusieurs autres ont accompli un progrès admirable au cours de la décennie écoulée, moins d’un citoyen sur cinq ont accès à ces services essentiels dans certains pays. Seulement la moitié environ des citoyens vit dans des zones avec des routes bitumées ou pavées. Les systèmes d’égouts sont particulièrement rares – accessibles à un citoyen sur trois – et très peu de progrès a été accompli au cours de la décennie écoulée dans l’extension de l’accès à ce service. L’exception observée est au niveau du service de téléphonie mobile, qui a rapidement accru ces dernières années et est maintenant disponible à 93% d’Africains.

La disponibilité des infrastructures varie considérablement d’une région à l’autre – avec le Nord de l’Afrique en tête et l’Est de l’Afrique à la dernière place pour la plupart des services – ainsi que d’un pays à l’autre. Les habitants de zones rurales demeurent particulièrement désavantagés; en moyenne, moins de la moitié des ruraux ont accès à l’électricité, à l’eau courante, à un système d’égouts, ou à des routes bitumées/pavées, et les dissimilitudes d’accessibilité entre les zones urbaines et rurales du même pays vont parfois jusqu’à 90 points de pourcentage.

Winnie Mitullah

Winnie previously served as the core partner director for East Africa at Afrobarometer

Romaric Samson

Romaric Samson is the co-national investigator for Benin.

Pauline M. Wambua
Samuel Balongo

Sam is the project manager for East Africa