- Les jeunes africains (âgés de 18 à 35 ans) sont plus instruits que leurs aînés : Presque deux tiers (64%) des jeunes ont au moins fait des études secondaires, contre 35% des personnes âgées de 56 ans et plus.
- Mais ils sont plus susceptibles que leurs aînés d'être sans emploi et à la recherche d'un travail.
- Le chômage arrive en tête des problèmes les plus importants auxquels les jeunes africains souhaitent que leur gouvernement s'attaque, devant la gestion de l'économie et la santé.
- En moyenne à travers 39 pays, seulement deux jeunes sur 10 (19%) déclarent que leur gouvernement est performant en matière de création d'emplois.
- Deux tiers environ des jeunes estiment que leur pays évolue dans « la mauvaise direction » (66%) et que sa situation économique est « plutôt mauvaise » ou « très mauvaise » (64%).
- Comme leurs aînés, les jeunes africains soutiennent la démocratie (64%) et rejettent les alternatives autoritaires comme le régime fondé sur un seul homme (80%), le régime de parti unique (78%) et le régime militaire (65%).
- Cependant, six jeunes sur 10 (60%) ne sont pas satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays.
- Les jeunes africains sont plus susceptibles que leurs aînés de considérer les institutions et les dirigeants gouvernementaux corrompus et de ne pas leur faire confiance.
- Les jeunes sont également plus ouverts à tolérer une prise de pouvoir par l'armée si les dirigeants élus abusent de leur pouvoir (56% chez les 18-35 ans contre 47% chez les 56 ans et plus).
- Les jeunes sont moins susceptibles que les citoyens plus âgés de voter aux élections, de se réclamer d'un parti politique, d'assister à une rencontre communautaire, de se joindre à d'autres personnes pour évoquer un problème et de prendre contact avec un dirigeant local.
- Parmi les jeunes, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à s'impliquer dans les processus politiques.
Les agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine soulignent le rôle vital des jeunes comme catalyseurs d’une gouvernance et d’un développement durables et transformateurs en Afrique (Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, 2017). Avec une population dont l’âge moyen est d’environ 19 ans, l’Afrique a tout à gagner de sa jeunesse si son énergie et ses compétences sont exploitées efficacement et si elle dispose des moyens et opportunités nécessaires pour contribuer à l’élaboration des politiques publiques et à la prise de décision.
Jusqu’à présent, les jeunes demeurent nettement minoritaires dans les instances formelles de gouvernance et dans le débat politique ; ils sont perçus comme un bloc électoral important mais marginalisés dans les processus décisionnels significatifs (Ayaji, Gukurume, & Bangura, 2022). Comme le fait remarquer Niang (2019), l’Afrique abrite la population la plus jeune du monde et certains de ses dirigeants les plus âgés. Une combinaison d’obstacles juridiques (par exemple, les exigences d’âge et financières pour exercer une charge publique) et de normes sociales compromet systématiquement la participation active des jeunes, en particulier des jeunes femmes, aux décisions relatives aux politiques publiques et au développement. Ce décalage entre les systèmes politiques africains – dominés par des hommes âgés, en particulier au plus haut niveau – et la jeunesse africaine se traduit par une gouvernance et des politiques qui ne répondent pas aux besoins et aux attentes des jeunes.
Les critiques évoquent souvent le manque d’intérêt des jeunes vis-à-vis de la politique, en particulier pour ce qui est des partis politiques et des élections. Cependant, l’explosion de la participation des jeunes à des processus politiques non conventionnels, notamment les mouvements politiques et sociaux en ligne, montre que beaucoup sont en réalité engagés et suggère que leur participation pourrait dépendre de la probabilité qu’ils se fassent entendre et qu’ils contribuent à un changement politique tangible (Van Gyampo & Anyidoho, 2019).
Les résultats des enquêtes du Round 9 d’Afrobarometer soulignent les opinions et expériences des jeunes africains, ainsi que certaines des difficultés qu’ils rencontrent. Sur l’ensemble du continent, le chômage est la principale question politique prioritaire à laquelle les jeunes de 18 à 35 ans souhaitent que leurs gouvernements s’attaquent. Même si les jeunes africains sont plus instruits que leurs aînés, ils sont aussi plus susceptibles d’être au chômage et, dans leur grande majorité, ils attribuent à leurs gouvernements des notes médiocres pour ce qui est de leur performance eu égard à la création d’emplois. Plus généralement, par rapport aux générations plus âgées, les jeunes font moins confiance aux institutions et responsables gouvernementaux et sont plus susceptibles de les considérer corrompus.
Néanmoins, les jeunes africains sont tout aussi attachés à la démocratie et opposés aux alternatives non démocratiques, notamment les régimes militaires, que leurs aînés. Mais les jeunes africains sont particulièrement insatisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays et, dans le cas hypothétique d’abus de pouvoir de la part des dirigeants élus, ils sont plus susceptibles que leurs aînés de tolérer une intervention militaire.
Pour ce qui est de l’engagement politique, la jeunesse africaine est moins impliquée que les générations plus âgées dans les processus conventionnels tels que les élections, l’affiliation à un parti politique et la participation à des rencontres communautaires, mais plus susceptible de participer à des manifestations ou à des mouvements de protestation.