Le thème central de ce deuxième rapport d’enquêtes Afrobaromètre est la perception du rôle du marché dans l’opinion publique malienne et ce dans un contexte de démocratisation. Cette perception est mesurée sur un échantillon aléatoire de 1 286 adultes des deux sexes dans toutes les 8 régions administratives du pays ainsi que dans le district de Bamako.
Les enquêtes révèlent une certaine modération dans l’idéalisme démocratique des Maliens, ce qui trahit une volonté de limiter le rôle du marché, par exemple en matière de concurrence entre partis politiques. A ce propos, il ne se dégage pas un choix net pour le multipartisme intégral, au contraire l’on pense que “la compétition entre partis politiques conduit à des conflits”. De même, des limites sont associées aux réformes économiques pour leur donner un contenu autre que purement libéral. Ainsi, le soutien à la démocratie est associé à la satisfaction des besoins économiques de base, la confiance aux institutions à la prise en charge de ces mêmes préoccupations et l’adhésion aux réformes au non désengagement total de l’Etat de la sphère économique. Autant d’éléments qui contrarient quelque peu le paradigme de l’économie de marché. Dans tous les cas, les Maliens paraissent partagés entre la préférence pour l’économie de marché et l’économie dirigée. Dans ces conditions, la légitimation du marché passe par la recherche des déterminants de l’adhésion populaire aux réformes pro-libérales. Pour ce faire, un indice composite a été construit à l’aide de 10 valeurs qui traduisent le choix entre le marché et l’interventionnisme. Cet indice a ensuite été régressé sur 17 variables indépendantes, réparties en 5 catégories:
- attitudes face aux réformes économiques (3 variables)
- attitudes face à la propriété (2 variables)
- perceptions des performances du Gouvernement (4 variables)
- valeurs démocratiques (6 variables)
- conditions socio-économiques (2 variables). Les aspects les plus favorables au marché touchent la déréglementation du marché du travail de façon à tolérer de grands écarts de salaire y compris à la fonction publique, la sécurisation de la propriété privée et la liberté d’entreprendre sans privatisation préalable.
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