- Les jeunes togolais (18-35 ans) sont plus nombreux à avoir profité des niveaux d’éducation secondaire et post-secondaire que leurs aînés. o Cependant, ils sont plus confrontés au chômage : Près de la moitié (46%) des jeunes déclarent être sans emploi et à la recherche d’un travail, contre 23%-29% des cohortes plus âgées.
- En dehors des difficultés économiques et la pénurie d'emplois, le manque de formation ou de préparation adéquate, le manque d’expérience et le manque de compétence entrepreneuriale ou de motivation sont les trois principaux obstacles à l’accès des jeunes à l’emploi au Togo, selon les jeunes.
- Un peu plus de la moitié (52%) des jeunes manifestent un intérêt plutôt pour l'entrepreneuriat, tandis que 23% sont attirés par la fonction publique, 14% par le secteur privé et 6% par les organisations non gouvernementales.
- La majorité (56%) des jeunes considèrent que la création d’emplois est le domaine qui devrait faire l'objet d'investissements supplémentaires en priorité pour aider les jeunes.
- Pour les jeunes, le chômage est le plus important problème que le gouvernement devrait résoudre. o Mais seulement 23% des jeunes approuvent les performances du gouvernement dans la création d’emplois.
- Comme leurs aînés, la majorité des jeunes affirment que le pays se dirige dans la mauvaise direction (60%) et que la situation économique du pays est plutôt mauvaise (59%).
- Les jeunes citoyens sont moins susceptibles que leurs aînés de voter aux élections, d’avoir la proximité avec un parti politique et de contacter des élus.
- Le chômage au Togo est influencé par plusieurs facteurs démographiques et structurels. o Les femmes sont davantage exposées au chômage, reflétant des discriminations persistantes. La pauvreté vécue augmente également significativement le risque de chômage, particulièrement en milieu rural et chez les femmes. o A l’inverse, l’âge et le niveau d’éducation jouent un rôle protecteur : Chaque année supplémentaire d’âge réduit le risque de 1%, tandis qu’un niveau d’éducation plus élevé diminue fortement la probabilité d’être au chômage, allant jusqu’à -28% en milieu rural pour les diplômés post-secondaire.
L’Afrique est le continent le plus jeune au monde avec environ 60% de sa population qui a moins de 25 ans. Toutefois, le continent fait face à une crise de l’emploi des jeunes caractérisée par un fort chômage, du sous-emploi et une prédominance de l’informel (Commission Economique pour l’Afrique des Nations Unies, 2023). Plus d’un quart des jeunes âgés de 15 à 24 ne sont ni employés, ni scolarisés, ni engagés dans une formation (Organisation Internationale du Travail, 2023).
Au Togo, l’Etat avec l’appui de ses partenaires a déployé une série de réformes et de programmes pour améliorer l’employabilité des jeunes et favoriser leur insertion professionnelle. Ces efforts incluent le Programme de Volontariat National, le Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs, et la réforme de la formation professionnelle avec les Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (Republic of Togo, 2014 ; Banque Africaine de Développement, 2025 ; Togo First, 2024a). L’Etat promeut également l’entrepreneuriat via des dispositifs tels que le Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes et le Mécanisme Incitatif de Financement Agricole, et œuvre à l’amélioration du climat des affaires pour stimuler l’investissement privé et public (Dossavi, 2024 ; Togo First, 2024b). D’autres initiatives, telles que les projets à haute intensité de main-d’œuvre et la création du Haut Conseil pour l’Emploi des Jeunes, témoignent de cette mobilisation (Afebia, 2021).
Malgré ces efforts, le pays reste confronté au défi du chômage et du sous-emploi, nécessitant un ajustement continu des politiques publiques (Karlen, Rother, & De Silva, 2023).
Dans ce contexte, un module spécial sur les jeunes a été intégré au Round 10 d’Afrobarometer afin de recueillir leur point de vue sur leurs conditions de vie, leurs aspirations et leurs difficultés.
Les résultats de l’enquête révèlent un paradoxe frappant : Bien que mieux éduqués que leurs aînés, les jeunes togolais peinent à trouver leur place sur le marché du travail. Près de la moitié d’entre eux se déclarent sans emploi et en recherche active.
Au-delà de la rareté des opportunités économiques, les jeunes identifient comme freins majeurs à l’emploi le manque de formation adéquate, l’insuffisance d’expérience professionnelle, ainsi qu’un déficit de compétences entrepreneuriales ou de motivation.
Face à ces défis, plus de la moitié se tournent vers l’auto-emploi. Cependant, la création d’emplois est perçue comme la priorité absolue pour tout investissement en faveur de la jeunesse.
Pourtant, seuls environ un sur quatre jeunes approuvent la performance du gouvernement en la matière. Comme leurs aînés, une majorité de jeunes estiment que le pays va dans la mauvaise direction et jugent la situation économique mauvaise, et seul le quart d’entre eux s’attendent à une amélioration.
Politiquement, les jeunes affichent un désengagement notable : Ils sont moins nombreux à voter, à s’affilier à un parti politique et à contacter leurs élus.
L’analyse des déterminants du chômage met en lumière des disparités importantes selon le genre, le niveau de vie et l’éducation. Les femmes et les personnes en situation de pauvreté, notamment en milieu rural, sont plus exposées au chômage, tandis que l’avancée en âge et un niveau d’éducation élevé réduisent significativement ce risque.