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La démocratie est un mode de gouvernance par lequel le peuple décide de dessiner son avenir. Elle incarne ainsi l’expression de la reconnaissance de l’État de droit et des droits de l’homme. Depuis les années 1990, les états africains ont massivement adhéré à ce modèle de gouvernance, et l’Union Africaine (2007) continue d’inviter ses membres à le promouvoir sur le continent à travers la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections, et de la Gouvernance.

Néanmoins, dans de nombreux pays africains, le processus de mise en oeuvre de la gouvernance démocratique a été confronté à plusieurs obstacles, au rang desquels les entorses aux libertés individuelles et collectives, à la transparence et l’équité des élections, et à l’égalité des chances devant la loi, pour ne citer que ceux-ci.

Le cas de la Côte d’Ivoire nous interpelle à ce sujet. Bien qu’il s’avère que les populations ivoiriennes manifestent une forte aspiration à la démocratie, en témoigne les luttes menées pour accéder à l’indépendance en 1960 et au multipartisme (Ikpo, 2016), son histoire n’a jamais permis au pays de prétendre à une place honorable dans le classement des pays démocratiques. A titre d’exemple, le Democracy Index du Economist Intelligence Unit (2019) classe la Côte d’Ivoire 111éme sur 167 pays du monde, le rangeant dans la catégorie « régime hybride », c’est-à-dire à mi-chemin entre une démocratie imparfaite et un régime autoritaire.

L’actualité illustre les défis démocratiques que le pays continue à affronter, comme la demande de l’Association de la Presse Etrangère (APECI) que les autorités fassent cesser toutes sortes de harcèlement aux journalistes (Camara, 2020) ou encore le fait que le gouvernement ne reconnaisse pas la compétence de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (2020) par rapport au mandat d’arrêt émis contre l’ex-Président de l’Assemblée Nationale Soro Guillaume et l’emprisonnement de ses collaborateurs (Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, 2020; Zébéyoux, 2020).

Dans ce contexte, l’on se pose la question à savoir, la démocratie est-elle mythe ou réalité en Côte d’Ivoire? Quelle est la demande de démocratie dans ce pays d’Afrique occidentale? Et quelle est l’offre de démocratie, ce qui correspond à la pratique effective de la démocratie telle que perçue par les populations?

La présente analyse des données des enquêtes d’Afrobarometer suggère une offre de démocratie insuffisante comparée à la demande populaire. La liberté d’opinion est demandée, mais surtout le respect des pouvoirs judiciaire et législatif par rapport au pouvoir exécutif reste insatisfaisant pour la majorité des citoyens. L’appréciation de plusieurs indicateurs canoniques de la démocratie dans la présente étude a pour but de faire un bilan à ce stade de notre patrie.

Pétanhangui Yéo

Pétanhangui A. Yéo est doctorant à l’Université Félix Houphouet-Boigny et associé de recherche au CREFDI à Abidjan.

Silwe Kaphalo Segorbah

Silwe Kaphalo Segorbah is the Executive Director of CREFDI and the National Investigator in Cote d’Ivoire

Joseph Koné

Research associate and finance officer at CREFDI