A en juger par les titres qui font la une des médias, la démocratie semble être mise à rude épreuve partout par des leaders comme Vladimir Putin en Russie, Recep Tayyip Erdogan en Turquie, et Yoweri Museveni en Ouganda. Pourtant les sociologues savent qu’il y a souvent une disparité entre ce qui transparait des bulletins d’actualités ou des média sociaux et les tendances profondes et réelles. A titre d’exemple, l’intérêt médiatique aux guerres en Syrie et en Irak suggère une montée des conflits dans le monde. Pourtant par rapport aux siècles précédents et depuis la fin de la Guerre Froide, les conflits aussi bien internationaux que civils sont au plus bas (Human Security Report Project, 2014). Le contraste est le même entre les perceptions alimentées par les média et les tendances réelles de la pauvreté globale. La sagesse commune suggère une aggravation des conditions de vie sur une planète surpeuplée, tandis que des indicateurs empiriques démontrent que, entre 1990 et 2010, le taux global de pauvreté extrême a été réduit de moitié (Economist, 2013).
Le même type de disparités existe-t-il en ce qui concerne la démocratie? Surtout en Afrique, où beaucoup de présidents s’accrochent au pouvoir (comme au Cameroun, en République Démocratique du Congo, en Ouganda, et au Zimbabwe), manipulent les élections (comme au Burundi, au Gabon, et en Zambie), ou ignorent les institutions de responsabilité publique (comme en Afrique du Sud), l’on pourrait raisonnablement conclure que la démocratie en Afrique n’est qu’une façade érigée pour faire plaisir à un public crédule dans le reste du monde.
Cependant ce point de vue ne tiendrait pas compte du fait que plus de la moitié de tous les Africains vivent aujourd’hui dans des démocraties électorales multipartites fonctionnelles qui sont manifestement plus libres que les régimes militaires ou de parti unique qui dominaient auparavant le continent. De même, les avancées enregistrées après 1990 dans les pays africains en termes de libertés civiles et droits politiques culminèrent en 2006, tout au moins d’après les experts cités par Freedom House Une telle évolution dans le monde a conduit quelques analystes à conclure que l’Afrique fait actuellement partie d’une récession démocratique internationale (Diamond, 2015).
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