- En ce qui concerne la priorité accordée aux soins de santé : En moyenne dans les 34 pays sondés, les Africains continuent de citer la santé parmi les premières priorités auxquelles leurs gouvernements devraient s'attaquer. Elle se classe deuxième (34%), juste derrière le chômage (35%), et constitue le problème le plus cité dans neuf pays, en tête desquels la Tanzanie et l'Ouganda (54% chacun).
- Pour ce qui est de l'accès physique aux centres de santé : En moyenne à travers 34 pays, les équipes de terrain ont constaté que les centres de santé sont facilement accessibles aux citoyens dans 60% des zones de dénombrement visitées.
- Pour ce qui est du manque de soins médicaux : Plus de six sur 10 répondants (62%) affirment avoir manqué de soins médicaux au moins une fois au cours de l'année écoulée, dont plus de 80% des Guinéens, Libériens, Sierra-Léonais et Gabonais.
- En ce qui concerne la qualité du service : Près de la moitié (49%) des répondants qui ont eu des contacts avec le système de santé affirment avoir éprouvé des difficultés à recevoir des soins médicaux. Au moins sept personnes sur 10 font état de difficultés au Libéria (72%), au Soudan (71%), au Gabon (70%) et en Gambie (70%).
- En ce qui concerne les performances gouvernementales pour l’amélioration des soins de santé primaires : En moyenne, 55% des répondants dans les pays sondés déclarent que leur gouvernement parvient « assez mal » ou « très mal » à améliorer les services de santé de base – la première réponse majoritairement négative depuis qu'Afrobarometer a commencé à poser cette question en 1999.
- Récapitulatif des performances des pays : La comparaison des pays sur la base de plusieurs indicateurs révèle des expériences par rapport aux soins de santé parmi les plus troublantes au Libéria, au Soudan, au Gabon, en Gambie, au Maroc, au Sénégal, en Ouganda et en Guinée. En revanche, Maurice et le Lesotho se distinguent par les évaluations les plus positives des expériences vécues par les citoyens.
Alors que l’Afrique et le monde commencent à se remettre maintenant que les pires ravages de la pandémie de COVID-19 semblent être derrière nous, il est opportun de faire le point sur l’état des systèmes de soins de santé sur le continent. La pandémie n’est pas encore finie – l’Afrique du Sud sort tout juste de sa cinquième vague d’infection (Al Jazeera, 2022), et il pourrait y en avoir d’autres à venir (Landman, Irfan, & Resnick, 2022). En attendant, les Centres Africains de Contrôle et de Prévention des Maladies (2022) et les gouvernements nationaux continuent d’intensifier leurs campagnes de vaccination. Mais la guerre en Ukraine et la dégradation de l’économie mondiale ont finalement supplanté la COVID-19 en tête des actualités.
Aux premiers stades de la pandémie, un grand nombre d’experts ont mis en garde contre la possibilité d’une extrême vulnérabilité des Africains à la pandémie, notamment en raison des nombreux défis auxquels sont déjà confrontés les systèmes de santé dans une grande partie du continent (Mattes, Logan, Gyimah-Boadi, & Ellison, 2020). Si les pronostics les plus pessimistes se sont avérés sans suite dans la plupart des pays – l’Afrique du Sud étant une exception notable – la pandémie a permis de déceler les failles des systèmes de santé, tout en laissant présager que la prochaine crise sanitaire mondiale pourrait frapper plus durement si des mesures d’amélioration et de préparation ne sont pas prises.
Dans une perspective à plus long terme, les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies relèvent également la nécessité de renforcer les systèmes de santé (Nations Unies, 2018). L’ODD#3 se préoccupe de la bonne santé et du bien-être. Mais les fiches d’évaluation des ODD élaborées par Afrobarometer, sur la base de nos données les plus récentes recueillies dans 34 pays sondés au cours du Round 8 (2019/2021), révèlent que, du point de vue des citoyens, une poignée de pays seulement ont accompli des avancées significatives vers la réalisation de cet ODD (Afrobarometer, 2021).
Au contraire, de plus en plus d’Africains signalent manquer de soins médicaux, et la proportion de ceux qui mentionnent la santé parmi les problèmes les plus importants de leur pays est également en hausse. Et même parmi ceux qui bénéficient de soins, ils sont de plus en plus nombreux à dire qu’il leur est difficile de recevoir les services médicaux dont ils ont besoin et qu’ils sont même obligés de recourir à des pratiques de corruption. Il n’est pas surprenant que les citoyens soient aussi de plus en plus critiques à l’égard des performances de leur gouvernement dans ce secteur : Pour la première fois en 20 ans de sondages d’Afrobarometer, la majorité des répondants déclarent que leurs gouvernements répondent mal à la problématique de l’amélioration des services de santé de base.
Par ailleurs, les données disponibles indiquent que les difficultés engendrées par la pandémie ne sont pas à l’origine de ces critiques de plus en plus négatives : Les tendances baissières existaient déjà même avant la survenue de la COVID-19 et, en réalité, dans certains cas, les tendances semblent être quelque peu moins négatives depuis le début de la pandémie.