- Les Congolais sont fortement attachés à leur identité nationale : Seulement 9% tiennent à leur groupe ethnique plus qu’à leur identité nationale.
- Près de la moitié (47%) des Congolais déclarent que les membres des groupes ethniques auxquels ils appartiennent sont « quelques fois » (30%), « souvent » (12%) ou « toujours » (5%) injustement traités par le gouvernement à cause de leur ethnie. En revanche, 42% affirment que cette forme de discrimination ne se produit pas.
- La majorité des répondants disent faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à leurs proches (95%), aux personnes d’autres groupes ethniques (64%), aux voisins (62%), aux personnes d’autres religions (61%) ainsi qu’aux autres citoyens (59%).
- La majorité des citoyens congolais aimeraient ou seraient indifférents au fait d’avoir pour voisins les personnes d’autres ethnies (91%) ou religions (87%), les immigrants et travailleurs étrangers (76%), les réfugiés (76%) et les supporteurs d’autres partis politiques (79%). Mais seulement 15% se montrent tolérants envers les personnes homosexuelles.
Le Congo-Brazzaville compte une soixantaine d’ethnies. Ce brassage culturel se vit et s’expérimente quotidiennement, formant un environnement social très hétérogène (Ekondi, 2021). Cependant, les turbulences politiques qu’a connues le pays ont déchiré le tissu social et mis à mal la cohésion ainsi que l’identité nationale (Ngouari, 2006).
Les premières élections démocratiques, marquées par des résultats contestés dès 1956, ont accentué les replis identitaires au sein de la classe politique. Les clivages entre partis, souvent alignés sur des appartenances régionales, ont favorisé les premières tensions ethniques. Déjà à la fin de la colonisation, la création des premières formations politiques sur fond ethnique avait ouvert la voie à des affrontements, culminant en février 1959 avec une confrontation entre les communautés Kongo et Mbochi (Kitsimbou, 2006).
Ces clivages identitaires, ancrés depuis l’indépendance, ont été renforcés par les luttes politiques et les guerres civiles. Marginalisation du Sud, instrumentalisation des appartenances ethniques et régionalisme ont alimenté les tensions (Greani, 2016). Malgré les espoirs suscités par la transition démocratique des années 1990, les logiques de clientélisme ont perduré (Pourtier, 2000). Aujourd’hui, renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble reste un défi majeur pour préserver la paix et l’unité nationale.
Au regard de ces expériences, comment les Congolais ordinaires perçoivent-ils l’identité nationale, et quel est leur degré de confiance et de tolérance interpersonnelles ?
Les récents résultats de l’enquête Afrobarometer montrent que la majorité des Congolais se sentent avant tout citoyens de leur pays. Seule une personne sur 11 se disent plus attachées à leur groupe ethnique qu’à leur identité nationale. Pourtant, près de la moitié estiment que les membres de leur groupe ethnique sont parfois injustement traités par le gouvernement, même si beaucoup ne perçoivent pas ce type de discrimination.
Malgré ces perceptions, la confiance sociale est globalement élevée. Les Congolais déclarent faire confiance non seulement à leurs proches, mais aussi aux personnes d’autres groupes ethniques, à leurs voisins, aux personnes d’autres religions et aux autres citoyens.
Cette ouverture se reflète également dans l’acceptation de la diversité. La majorité des citoyens affirment qu’ils aimeraient ou seraient indifférents à avoir pour voisins des personnes d’autres ethnies et religions, des travailleurs étrangers ou réfugiés ou encore des partisans d’autres partis politiques. Toutefois, l’acceptation reste assez limitée envers les personnes homosexuelles.
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