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Key findings
  • Plus de la moitié (52%) des Togolais affirment avoir au moins « un peu » pensé quitter le Togo pour aller vivre dans un autre pays de manière durable, dont 23% qui disent avoir « beaucoup » eu cette idée.
  • Parmi ceux qui ont pensé émigrer : o La plus grande partie (43%) évoquent la recherche d’un travail ou de meilleures opportunités d’emploi comme principal motif. Le quart (26%) disent que c’est à cause des difficultés économiques, 18% la pauvreté/misère, et 7% disent aller à la recherche de meilleures opportunités d’affaires. o Quatre sur 10 (40%) souhaiteraient se rendre en Amérique du Nord. Mais un tiers opteraient pour une destination sur le continent africain, notamment le Nigéria (4%), d’autres pays en Afrique de l’Ouest (20%) ou d’autres régions d’Afrique (10%). Une moindre proportion (14%) d’entre eux préfèreraient l’Europe.
  • La majorité (64%) des Togolais pensent que les populations d’Afrique de l’Ouest devraient avoir la liberté de franchir les frontières afin de commercer ou de travailler dans les pays de la sous-région. Par contre, un tiers (34%) d’entre eux pensent plutôt que le gouvernement devrait limiter les mouvements transfrontaliers. o Deux répondants sur trois (66%) affirment qu’il est « difficile » ou « très difficile » pour les populations d’Afrique de l’Ouest de traverser les frontières.
  • Une écrasante majorité de Togolais aimeraient ou sont indifférents à l’idée d’avoir pour voisins des immigrés ou travailleurs étrangers (89%) ou des réfugiés (87%). o Cependant, des majorités souhaitent accueillir moins de travailleurs étrangers et de réfugiés dans le pays.
  • Deux tiers (67%) des Togolais souhaitent que le gouvernement facilite les échanges commerciaux du Togo avec d'autres pays afin de créer des opportunités économiques.
  • Seulement un sur 13 citoyens (8%) disent être au courant de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf).

En Afrique de l’Ouest, les flux migratoires se déroulent majoritairement à l’intérieur de la  région, bien que le discours dominant mette davantage l’accent sur les migrations vers  d’autres continents (Centre d’Etudes Stratégiques de l’Afrique, 2023). En réalité, près de deux  tiers des migrants ouest-africains résident dans un autre pays de la région, même si les  départs vers l’extérieur connaissent une progression notable (Portail sur les Données  Migratoires, 2023). 

Les migrations font partie intégrante de l’histoire, du fonctionnement économique et de  l’organisation sociale des sociétés africaines (Organisation Internationale pour les Migrations,  2024). Des millions d’Africains se déplacent chaque année à travers le continent, motivés par  la quête d’opportunités économiques ou éducatives ou pour échapper aux conflits et aux  effets des changements climatiques, perpétuant des routes commerciales historiques encore  actives aujourd’hui (Bakewell & Jόnsson, 2011 ; Kéfi, 2025).  

En 2019, au Togo, les immigrés représentaient 3,45% de la population, majoritairement en  provenance de pays voisins. En 2023, le pays comptait environ 49.000 réfugiés et  demandeurs d’asile (République Togolaise, 2024). Dans la même année, près d’un million de  Togolais vivaient à l’étranger, majoritairement installés dans d’autres pays africains, tandis  qu’une proportion plus faible résident sur les autres continents (Portail Officiel de la  République Togolaise, 2023).  

Quoiqu’il soit fondamental de s’attaquer aux défis liés à la migration, il faut noter qu’elle  apporte des avantages considérables aux pays d’origine et d’accueil, entre autres le  rapatriement de fonds, la mobilité des compétences et l’établissement des liens  transnationaux avec des investissements dans les secteurs clés (Fargues, Rango, Börgnas, &  Schöfberger, 2021). 

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire  Afrobarometer Round 10 pour explorer les expériences et les perceptions des Africains sur la  migration et les échanges commerciaux.  

Les résultats indiquent que la moitié des Togolais ont envisagé d’émigrer, dont près d’un  quart qui y ont « beaucoup » pensé. Les raisons évoquées sont principalement économiques.  L’Amérique du Nord est la destination la plus convoitée, suivie par d’autres pays africains.  

Si la majorité des citoyens soutiennent la libre circulation des personnes et des biens au sein  de la sous-région ouest-africaine, ils sont tout autant majoritaires à juger difficile le  franchissement des frontières dans cet espace. La plupart des Togolais affichent une grande  tolérance envers les étrangers, et plus de la moitié estiment que la présence d’expatriés est bénéfique pour l’économie nationale. Malgré cela, beaucoup souhaitent voir moins de travailleurs étrangers et de réfugiés dans leur pays.

Par ailleurs, la plupart des Togolais souhaitent que leur gouvernement renforce les échanges commerciaux avec d’autres pays pour créer des opportunités économiques. Pourtant, la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf), initiative phare en la matière, reste largement méconnue.

Iman Badana Egougnon

Iman Badana Egougnon est chercheur au Center for Research and Opinion Polls (CROP), partenaire national d’Afrobarometer au Togo.

Leonie Back

Leonie Back est chercheuse au Center for Research and Opinion Polls (CROP)