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Key findings
  • En moyenne à travers 33 pays, 41% des Africains se sentent plus attachés à leur identité nationale qu'à leur identité ethnique, contre seulement 14% qui privilégient leur identité ethnique par rapport à leur identité nationale ; 45% sont attachés aux deux à parts égales. o Au cours de la dernière décennie, à travers 25 pays, l'attachement à l'identité nationale a régressé de 12 points de pourcentage, tandis que la préférence pour l'identité ethnique a gagné 4 points. La proportion de citoyens qui accordent la même valeur aux deux identités s'est accrue de 8 points. o La priorité accordée à l'identité nationale a régressé dans la plupart des pays sondés, notamment en Afrique du Sud (-52 points de pourcentage), au Lesotho (-27 points), en Tanzanie (-23 points), au Ghana (-22 points), au Kenya (-20 points) et en Sierra Leone (-20 points).
  • Quatre Africains sur 10 (41%) déclarent que les membres de leur groupe ethnique sont « quelques fois », « souvent » ou « toujours » traités de manière injuste par leur gouvernement en raison de leur appartenance ethnique. A travers 25 pays, la perception de la discrimination ethnique s'est accrue de 8 points de pourcentage depuis 2016/2018.
  • Environ un Africain sur cinq (21%) disent faire « beaucoup » confiance aux personnes appartenant à d'autres groupes ethniques, tandis que 36% leur font « partiellement » confiance.
  • En revanche, neuf Africains sur 10 n'ont aucune objection à vivre aux côtés de personnes d'origines ethniques différentes (90%) et sont ouverts aux mariages interethniques au sein de leur propre famille (89%).
  • Et la plupart (85%) indiquent un sentiment d'inclusion, déclarant que les autres citoyens « me considèrent comme un citoyen comme les autres ».
  • La confiance et la tolérance interethniques sont plus faibles, et les perceptions de traitement injuste plus fréquentes, chez les personnes qui se sentent plus attachées à leur identité ethnique qu'à leur identité nationale.

En Afrique, l’identité ethnique est plus qu’une simple question d’appartenance personnelle – elle joue un rôle essentiel dans l’élaboration des dynamiques sociales, économiques et  politiques. Mais elle est également évolutive et peut être influencée par le niveau d’études, la profession et d’autres facteurs (Bannon, Miguel & Posner, 2004), tout en étant soumise à  l’influence politique, voire à la manipulation (Eifert, Miguel & Posner, 2007). 

L’appartenance ethnique est souvent considérée comme une menace à l’unité et la stabilité nationales. Les clivages ethniques peuvent entraîner une répartition inégale du pouvoir et  des ressources, marginalisant ainsi certains groupes et alimentant des tensions politiques susceptibles de dégénérer en conflit (Peltier, 2024 ; Wilhelm Otieno, 2024). L’ethnicité et les allégeances ethniques peuvent se  mêler à des griefs historiques et à l’exclusion politique (Posner, 2004), ce qui  risque de continuer à limiter les opportunités économiques et à perpétuer  les cycles de pauvreté (Alesina, Michalopoulos & Papaioannou, 2012)

Mais si elle est souvent considérée comme une source de tension, l’identité  ethnique peut aussi stimuler un sentiment de fierté culturelle et d’appartenance à une communauté, d’autant plus que les sociétés africaines sont de plus  en plus diversifiées et interconnectées. En ce sens, l’ethnicité peut non seulement diviser mais  aussi unir, en contribuant à un sentiment d’objectif commun (Union Africaine, 2021). La  diversité et l’identité ethniques peuvent donc être considérées comme une ressource pour le développement plutôt que comme un obstacle à celui-ci (Guterres, 2021). Au vu de cette  dualité, comment les Africains eux-mêmes perçoivent-ils leur identité ethnique et  l’importance de l’ethnicité dans leur vie sociale et politique ? 

De récentes données d’Afrobarometer permettent de répondre à ces questions. Les résultats  de 33 pays sondés au cours du Round 9 (2021/2023) révèlent que les Africains sont  susceptibles de faire passer leur identité nationale avant leur identité ethnique, ou de faire  allégeance aux deux à parts égales ; seule une petite minorité fait passer son identité  ethnique en premier. Toutefois, au cours de la dernière décennie, la préférence pour  l’identité nationale a légèrement reculé au profit de l’identité ethnique (ou « les deux »). 

Cependant, lorsque nous nous penchons sur la façon dont les Africains perçoivent les  personnes d’autres ethnies, les données semblent presque contradictoires. D’une part, nous  constatons des niveaux de confiance relativement faibles envers les personnes d’autres  groupes ethniques – ainsi qu’envers les personnes d’autres religions et d’autres personnes en  dehors des réseaux familiaux et communautaires – ce qui constitue un obstacle à une  intégration sociale complète. En plus, un nombre croissant de personnes déclarent que leur  groupe ethnique est victime de discrimination à caractère ethnique de la part des pouvoirs  publics.

Dans le même temps, les résultats révèlent une ouverture généralisée non seulement à  l’intégration et à la coexistence, mais aussi à la cohabitation – que ce soit en tant que voisins  ou membres mariés de la famille – avec des personnes d’autres ethnies. Ces contradictions  suggèrent que la diversité ethnique peut être à la fois un défi et une opportunité pour l’unité  et l’inclusion. 

Les résultats ci-dessous révèlent comment les Africains perçoivent et gèrent leurs identités  ethniques et nationales, et dans quelle mesure l’identité ethnique influe sur la confiance  sociale et les expériences de discrimination. 

Maakwe Cumanzala

Maakwe Cumanzala is a Neubauer Family Economics and Public Policy PhD student at Tufts University.

Carolyn Logan

Carolyn is the director of analysis and capacity building at Afrobarometer.