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Key findings
  • Six Mauritaniens sur 10 (60%) déclarent s'être sentis en danger en se promenant dans leur quartier au moins une fois au cours de l'année précédente, tandis que 38% disent avoir craint de subir des actes de criminalité à leur domicile.
  • Environ un huitième (13%) des répondants affirment avoir eu recours au service de la police au cours de l'année précédente. Le tiers (32%) disent avoir rencontré la police dans d'autres situations, comme les points de contrôle, lors de contrôles d'identité ou de circulation, ou au cours d'une enquête. o Près des deux tiers (65%) des citoyens qui ont sollicité l'aide de la police déclarent qu'il leur a été facile d'obtenir l'assistance dont ils avaient besoin. Mais 28% disent avoir dû verser des pots-de-vin avant de se faire servir. o Plus de la moitié (54%) de ceux qui ont eu affaire à la police dans d'autres situations disent avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des ennuis.
  • Des majorités de Mauritaniens déclarent que la police fait « parfois », « souvent » ou « toujours » un usage excessif de force contre les présumés criminels (69%) et lors des manifestations (68%), et la moitié (49%) d’entre eux disent qu’elle arrête au moins « parfois » les conducteurs sans raison valable.
  • Seulement environ quatre répondants sur 10 (43%) disent que la police agit « souvent » ou « toujours » de manière professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens. o Toutefois, plus des trois quarts (77%) pensent qu’il est probable que la police prenne au sérieux les plaintes pour violences basées sur le genre.
  • Plus de la moitié (54%) des Mauritaniens expriment leur insatisfaction quant aux efforts du gouvernement dans la lutte contre la criminalité.

La police mauritanienne s’est retrouvée au cœur de nombreuses critiques ces dernières  années en raison de ses agissements, souvent perçus comme excessifs et répressifs. Lors de la  manifestation pacifique de septembre dernier pour dénoncer les difficultés d’accès aux documents d’Etat civil, ainsi que pendant le sit-in des syndicats d’enseignants en novembre,  les interventions de la police ont entraîné des blessés et, tragiquement, des décès (Anne,  2023 ; Seck, 2024). Ces évènements s’ajoutent à la répression violente des manifestations post électorales de 2024, à l’usage de la force contre les journalistes et à des cas dramatiques  comme le décès de militants des droits de l’homme lors d’interrogatoires en commissariat  (Amnesty, 2024 ; Kane, 2024 ; Reporters Sans Frontières, 2024). 

Pour lutter contre les violences policières et renforcer le professionnalisme de la police, l’Etat  mauritanien a adopté une loi qui interdit et sanctionne les actes de torture et autres  traitements cruels ou inappropriés et organise régulièrement des formations à l’endroit des  forces de l’ordre sur les droits humains (Nations Unies, 2013 ; Sahara Media, 2024 ; Alliance  Sahel, 2020). 

Cette dépêche rend compte d’un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire  Afrobarometer Round 9 (2021/2023) pour explorer les expériences et les évaluations des  Mauritaniens sur le professionnalisme de leur police. 

D’après les résultats, des majorités de citoyens estiment que la police utilise au moins « parfois »  une force excessive contre ceux qui sont suspectés d’un crime et lors des manifestations.  Seulement une minorité de répondants affirment qu’elle agit régulièrement de manière  professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens. 

La majorité des Mauritaniens déclarent s’être sentis en insécurité dans leur quartier, et plus de  la moitié désapprouvent la performance du gouvernement en matière de réduction de la  criminalité. La plupart des répondants qui ont eu affaire à la police au cours de l’année  précédente ont trouvé qu’il était facile d’obtenir de l’assistance, mais beaucoup parmi eux ont déclaré avoir dû verser des pots-de-vin pour se faire servir ou pour s’éviter des ennuis. 

Lemrabett Chareck Mahy

Lemrabett Chareck Mahy est statisticien doctorant à la faculté des sciences et techniques de l'Université de Nouakchott.

Nebila Laaroussi

Nebila Laaroussi est statisticienne et économiste

Mohamed Ahmed

Mohamed Ahmed est sociologue.

Roughaya Geye

Roughaya Geye est étudiante en master en migration à la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Nouakchott.