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Key findings
  • La majorité des Gabonais pensent que les femmes devraient être libres de décider si elles veulent se marier et quand (75%), ainsi que quand elles veulent avoir des enfants et le nombre d'enfants qu’elles veulent avoir (62%). o Les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes de défendre le principe de la liberté de décision des femmes en matière de mariage (81% contre 69%) et de procréation (70% contre 51%).
  • La quasi-totalité (97%) des Gabonais estiment que les élèves qui tombent enceintes ou ont des enfants devraient être autorisées à continuer leurs études. o Huit répondants sur 10 (82%) soutiennent l'éducation à la sexualité à l'école. ▪ Plus de sept citoyens sur 10 estiment que les contraceptifs devraient être accessibles à toute personne sexuellement active, peu importe l’âge (72%) et la situation matrimoniale (75%).
  • La plupart des Gabonais pensent que l’avortement est justifié si la santé de la femme enceinte est en danger (81%) ou la grossesse est le fruit d’un viol ou de l’inceste (72%). Si la mère est dans l'incapacité économique de s'occuper d'un enfant, la moitié (50%) des répondants disent que l’avortement est « parfois » ou « toujours » justifié.

Le troisième Objectif de Développement Durable (ODD) des Nations Unies (2015) vise à  promouvoir le bien-être pour tous, en mettant un accent particulier sur l’amélioration de la  santé sexuelle et reproductive, la santé maternelle et néonatale ainsi que sur la prévention  des maladies. 

Au Gabon, les questions de santé et de droits sexuels et reproductifs englobent divers enjeux,  notamment la prévention des grossesses précoces, l’accès à l’information et aux services de  santé reproductive, la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et les droits liés à  l’avortement (Fonds des Nations Unies pour la Population, 2019). 

La moitié des adolescentes âgées de 15 à 19 ans sont touchées par des grossesses  précoces. Ces grossesses, souvent non désirées, entraînent des complications médicales et  des abandons scolaires, limitant ainsi les opportunités éducatives et économiques des jeunes  filles, et poussent à recourir parfois à l’avortement (Conjonctures.net, 2023). L’interruption  volontaire de grossesse, n’étant autorisée par la loi que dans des cas particuliers comme  quand la vie de la mère est en danger, demeure socialement stigmatisée et clandestine  avec des risques sur la santé et la vie (UNICEF, 2017). Quatre filles sur 10 de moins de 25 ans  ont déjà pratiqué l’avortement clandestin au Gabon (Mapiya, 2023).  

De plus, l’accès aux soins médicaux pour les femmes et les filles représente un autre obstacle  à la réalisation des droits sexuels et reproductifs, et la précarité menstruelle, qui touche de  nombreuses jeunes gabonaises, limite parfois leur accès à l’éducation (Ndong Mebale,  2024). 

Pour relever ces défis, le Gabon met en œuvre plusieurs initiatives visant à lutter contre les  grossesses précoces et garantir la santé sexuelle et reproductive des filles. Le pays a intensifié  les campagnes de sensibilisation à l’endroit des jeunes (Gabon RSE, 2024). Ces actions ont  permis de recenser plus de 2.000 jeunes filles enceintes en 2022 à qui un accompagnement  psychologique, médical et social a été fourni. Grâce à ces actions, plus de 80% des  bénéficiaires ont pu poursuivre leurs études (Edou, 2024 ; Ngoma, 2022). 

Un module spécial de questions dans l’enquête Afrobarometer Round 10 (2024) explore les  opinions et les expériences des Gabonais relatives à la santé et aux droits sexuels et  reproductifs. 

Selon les résultats, la majorité des Gabonais pensent que les femmes devraient être libres de décider de leur mariage et de leur procréation. Les Gabonais estiment également que les  jeunes femmes qui tombent enceintes ou ont des enfants devraient avoir le droit de  continuer leurs études, et soutiennent l’enseignement de l’éducation à la sexualité à l’école.

Aussi, la grande majorité des répondants approuvent l’accès des contraceptifs à toutes les  personnes sexuellement actives, indépendamment de leur âge et de leur situation  matrimoniale. 

Les Gabonais tolèrent l’avortement lorsque la grossesse met en danger la vie ou la santé de  la mère, ou est le fruit d’un viol ou de l’inceste. Ils sont mitigés si ce sont les difficultés  économiques qui motivent l’interruption volontaire de grossesse, mais s’y opposent  largement si c’est pour d’autres raisons. 

 

Estelle Diane Benga Amvane

Estelle Diane Benga Amvane est chargée de communication du CERGEP, partenaire national d’Afrobarometer au Gabon.

Mylena Magdala Bilemba Ngouengue

Research assistant at CERGEP, Gabon.