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Key findings
  • En moyenne, à travers 39 pays, deux tiers (66%) des Africains déclarent que la pollution de l'environnement est un problème grave dans leurs communautés ; les citadins sont particulièrement préoccupés (72%).
  • Les citoyens citent le plus souvent (27%) la gestion des déchets, y compris les plastiques, comme le principal problème environnemental dans leurs communautés, suivi de la déforestation (19%) et de la pollution des eaux (17%). o La déforestation (28%) est la principale préoccupation environnementale dans les zones rurales, tandis que la gestion des déchets (37%) arrive en tête dans les communautés urbaines. o Il y a une grande variabilité d'un pays à l'autre : La gestion des déchets est le principal problème dans 20 pays, alors que la déforestation arrive en tête dans 13 pays, que la gestion des déchets humains est la priorité dans cinq pays et que la pollution des eaux est le problème le plus important dans trois pays.
  • Trois quarts (76%) des Africains déclarent que les sacs en plastique sont une source majeure de pollution dans leur pays.
  • Presque la moitié (46%) des répondants affirment que les citoyens ordinaires portent la responsabilité principale de la prévention de la pollution et de la propreté des communautés, mais presque autant pensent que le gouvernement – au niveau central (24%) ou local (19%) – devrait jouer un rôle de premier plan. Seule une poignée d'entre eux attribuent un rôle primordial aux entreprises et à l'industrie (5%).
  • En moyenne, seulement quatre Africains sur 10 (40%) estiment que leurs gouvernements accomplissent correctement leur mission de protection de l'environnement, alors que 51% d'entre eux émettent un avis négatif. Et une majorité écrasante (78%) de répondants souhaitent que leurs gouvernements en fassent davantage.
  • Les citoyens sont équitablement partagés sur la question de savoir si le gouvernement devrait donner la priorité à la protection de l'environnement même si cela coûte des emplois et ralentit le développement économique (45%) ou s'il devrait se concentrer sur la création d'emplois même au détriment de la protection de l'environnement (45%).
  • Une pluralité de 45% affirment que les avantages de l'extraction des ressources naturelles, tels que les emplois et les revenus, l'emportent sur ses inconvénients, tels que la pollution. Mais 38% pensent que les inconvénients sont plus importants, et une minorité significative (17%) de répondants sont indécis sur cette question.
  • Trois quarts (76%) des Africains désirent que leurs gouvernements réduisent les impacts négatifs en renforçant la législation régissant l'extraction des ressources naturelles.
  • Une petite majorité (51%) de répondants affirment que les citoyens ordinaires ont leur mot à dire dans les décisions concernant l'extraction des ressources à proximité de leurs communautés, mais 36% ne sont pas d'accord et 13% sont indécis.
  • Les citoyens sont équitablement divisés sur la question de savoir si les communautés locales reçoivent (41%) ou ne reçoivent pas (43%) une part équitable des revenus provenant de l'extraction des ressources naturelles.

La pollution et la dégradation de l’environnement présentent des risques importants pour la  santé humaine, la croissance économique, la biodiversité et la survie des écosystèmes, ainsi  que pour la viabilité des communautés. La pollution atmosphérique (PNUE, 2021) et hydrique  (OMS, 2024), la gestion inadéquate des déchets organiques (PNUE, 2018 ; Gutberlet & Uddin,  2017), les ordures et le fléau des déchets plastiques (OCDE, 2022), ainsi que la déforestation  et la dégradation des habitats (Manu, Chen, Hoang, & Leu, 2024) sont autant de menaces pour la vie et les moyens de subsistance des populations africaines, et  peuvent freiner le développement humain et économique. La pollution et  la dégradation de l’environnement peuvent avoir des effets disproportionnés sur les populations pauvres et vulnérables (Assemblée des  Nations Unies pour l’Environnement, 2018). 

L’impact essentiel et transversal de la protection de l’environnement se  reflète dans le fait que la prévention de la pollution et la gestion efficace  des ressources apparaissent à plusieurs reprises dans les Objectifs de Développement  Durable (ODD) des Nations Unies. Des objectifs environnementaux explicites figurent dans les  buts suivants : eau propre et assainissement (ODD 6), énergie propre et abordable (ODD 7),  villes et économies durables (ODD 11), consommation et production responsables (ODD 12),  action climatique (ODD 13), vie aquatique (ODD 14) et vie terrestre (ODD 15). La pollution et  la gestion des ressources ont également des répercussions sur l’éradication de la pauvreté  (ODD 1), la lutte contre la faim (ODD 2) et d’autres objectifs (PNUE, 2023 ; Nations Unies,  2015). 

L’absence de régulation ou d’application de la loi, l’insuffisance des infrastructures, la  pauvreté et la faiblesse des économies rendent de nombreux Africains particulièrement  vulnérables aux ravages causés par la pollution et la dégradation de l’environnement. The  State of Global Air, par exemple, estime que le taux de mortalité en Afrique lié à la pollution  atmosphérique est presque deux fois supérieur à la moyenne mondiale (Health Effects  Institute, 2022), alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2024) signale que les  maladies hydriques entraînent la mort de 115 personnes toutes les heures sur le continent. Les  matériaux plastiques contaminent les sources d’eau, constituent des lieux de reproduction  pour les insectes et détruisent l’habitat, ce qui a de graves répercussions sur la santé  humaine et animale (OMS, 2023). Si l’Afrique abrite 65% des terres arables non cultivées de la  planète (Banque Africaine de Développement, 2017), le continent est confronté à une crise  environnementale due, dans de nombreux cas, à une extraction non durable et peu  judicieuse de ses ressources naturelles, exacerbée par le changement des conditions  climatiques.

L’extraction des ressources est un domaine particulièrement complexe de politique et  d’action qui a de lourdes conséquences sur l’environnement. Alors que le monde se tourne  vers les énergies renouvelables, les véhicules électriques et les systèmes d’intelligence  artificielle, une course est engagée pour se procurer les minéraux nécessaires à la mise en  œuvre de ces innovations. Selon le Fonds Monétaire International (2024), l’Afrique  Subsaharienne détient environ 30% des réserves mondiales de ces minéraux essentiels, en  particulier le cuivre et le cobalt, qui sont vitaux pour la transition verte (Center for Strategic  and International Studies, 2023). Les revenus tirés de l’extraction des ressources naturelles sont  une composante essentielle du produit intérieur brut de nombreux pays africains. Mais à  mesure que la demande de ressources minières augmente, les préoccupations concernant  les inconvénients environnementaux, en particulier pour les communautés locales, ainsi que  l’équité dans la distribution des revenus, croissent également (Manu et. al, 2024). 

Certains citoyens, et certains pays, agissent. La lauréate du prix Nobel Wangari Mathai a  encouragé les femmes du Green Belt Movement du Kenya à planter des millions d’arbres.  Presque trois douzaines de pays ont interdit ou restreint l’utilisation des sacs en plastique et  des plastiques à usage unique, même si certains peinent à mettre en œuvre ces décrets  (Greenpeace, 2020). Des activistes locaux partout sur le continent ont entrepris de lutter  contre les changements climatiques et d’y réagir (Belanger, 2021). A l’heure où nous écrivons  ces lignes, des Ghanéens participent à des manifestations contre les galamsey – décrites  comme une « marche de prière environnementale » – contre l’extraction informelle de l’or  liée à la pollution chimique et à la destruction de l’environnement (Reuters, 2024). 

Pour la première fois, Afrobarometer a inclus dans ses enquêtes du Round 9 (2021/2023) un  module de questions sur la gouvernance environnementale et l’extraction des ressources  naturelles. Les chiffres ici présentés révèlent que les populations africaines partagent  clairement ces préoccupations mondiales concernant l’impact de la pollution, de la  mauvaise gestion de l’environnement et de l’extraction des ressources naturelles sur leurs  communautés. De grandes majorités affirment que la pollution est un problème grave dans  leurs communautés et attribuent aux performances gouvernementales des notes médiocres  pour ce qui est de la résolution de ce problème. Plus des trois quarts des répondants  demandent à leur gouvernement de faire davantage d’efforts pour limiter la pollution et  protéger l’environnement. 

En ce qui concerne les activités d’extraction des ressources naturelles, les populations  africaines exigent davantage, en particulier une meilleure régulation de la part de leurs  gouvernements, une plus grande participation à l’extraction des ressources et une part plus  équitable des bénéfices pour les communautés locales. Mais nous constatons également  que les Africains ont du mal à trouver un compromis entre la stimulation de la croissance  économique et la protection de l’environnement, ce que beaucoup d’entre eux perçoivent  comme une nécessité. Ils sont divisés sur la question de savoir si les avantages liés à  l’extraction des ressources l’emportent sur les inconvénients, et une proportion plus  importante que d’habitude ne souhaite pas ou ne peut pas donner son avis sur cette  question difficile. Mais si les gouvernements peuvent s’attaquer à certains des principaux  aspects négatifs en renforçant la législation, en donnant davantage la parole au public et  en partageant plus équitablement les revenus – en augmentant les bénéfices tout en  réduisant les inconvénients – cela pourrait modifier l’équilibre des sentiments du public sur  cette question importante.

Alfred Kwadzo Torsu

Alfred Kwadzo Torsu is the Data Analytics Lead at Afrobarometer, where he focuses on using data to guide and shape effective policies.

Carolyn Logan

Carolyn is the director of analysis and capacity building at Afrobarometer.