- La violence basée sur le genre (VBG) arrive en deuxième position des enjeux les plus importants liés aux droits des femmes que les Camerounais souhaitent que leur gouvernement et leur société abordent.
- Environ la moitié (48%) des citoyens déclarent que la violence faite aux femmes et aux filles est un phénomène « assez courant » ou « très courant » dans leur communauté.
- Presque deux tiers (63%) des Camerounais affirment que le recours à la force physique par un homme pour discipliner sa femme est « parfois » (47%) ou « toujours » (17%) justifié, tandis que 36% rejettent cette pratique.
- Six répondants sur 10 (60%) considèrent qu'il n’est « pas très probable » ou « pas du tout probable » qu'une femme soit critiquée, harcelée ou humiliée par d'autres membres de la communauté si elle signale un cas de violence basée sur le genre aux autorités. Mais quatre personnes sur 10 (40%) pensent qu'il faut s'attendre à une telle réaction négative. o La grande majorité (84%) des citoyens estiment que la police est susceptible de prendre au sérieux les cas de violence basée sur le genre.
- Plus de la moitié (54%) des Camerounais disent que la violence domestique devrait être traitée comme relevant du droit pénal, mais 44% considèrent qu'il s'agit d'une affaire privée à résoudre au sein de la famille.
Le Cameroun a adopté un certain nombre de conventions et de lois internationales contre la violence basée sur le genre (VBG), notamment la Convention sur l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes et le Protocole de Maputo. Sa Stratégie Nationale de Lutte Contre les Violences Basées sur le Genre (2017-2020) avait pour objectif de contribuer à réduire de moitié la survenue des différentes formes de VBG (Institut National de la Statistique, 2020).
En dépit de ces mesures, la violence basée sur le genre continue d’être une menace pour un grand nombre de camerounaises, en particulier dans les régions anglophones du Nord Ouest et du Sud-Ouest du pays, malmenées par les conflits armés entre les séparatistes et les forces gouvernementales (Craig, 2021 ; Moussi, 2024 ; Commission des Droits de l’Homme du Cameroun, 2023 ; Fonds des Nations Unies pour la Population, 2023).
Selon l’Enquête Démographique et de Santé réalisée en 2018 au Cameroun, 43% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles, et 32% des femmes mariées ou séparées ont subi des violences de la part de leur partenaire intime au cours des 12 mois précédant l’enquête (Institut National de la Statistique & ICF, 2020 ; Institut National de la Statistique, 2020). Une femme sur cinq déclare que son premier rapport sexuel a été forcé (Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation, 2018). Les normes culturelles et la peur de la stigmatisation empêchent de nombreuses femmes au Cameroun de signaler les violences basées sur le genre et de solliciter des soins (Mildred, 2014 ; Nguefack-Tsague et al., 2024). Bien que le nombre de mariages de mineurs ait baissé, 12% des filles se marient encore avant l’âge de 15 ans (Institut National de la Statistique, 2020).
Cette dépêche fait le point sur un module d’enquête spécial inclus dans l’enquête Afrobarometer du Round 9 (2021/2023) pour explorer les perceptions des Africains sur la violence basée sur le genre.
Au Cameroun, presque la moitié des citoyens déclarent que la violence sur les femmes et les filles est un phénomène courant dans leur communauté, et la VBG se classe au deuxième rang des enjeux les plus importants en matière de droits des femmes, nécessitant une action du gouvernement et de la société. Une petite majorité de répondants considèrent la violence domestique comme un acte criminel nécessitant l’intervention de la police, plutôt que comme une affaire familiale. Pourtant, une nette majorité de Camerounais approuvent le recours à la force physique par les hommes à l’encontre de leurs épouses.