- En moyenne à travers 39 pays, au moins huit Africains sur 10 expriment des attitudes tolérantes vis-à-vis des personnes d'ethnies différentes (89%), de religions différentes (85%), d'affiliations politiques différentes (82%) et de nationalités différentes (80%). Seulement un quart (24%) d'entre eux expriment la même attitude vis-à-vis des personnes entretenant des relations homosexuelles. o Les niveaux de tolérance sont demeurés relativement stables au cours de la dernière décennie. o Si l'intolérance vis-à-vis des préférences sexuelles atteint 94% en Ouganda, en Sierra Leone et au Niger, elle n'est pas universelle sur le continent : Moins d'un tiers des répondants expriment des attitudes intolérantes vis-à-vis des personnes entretenant des relations homosexuelles au Cabo Verde (18%), en Afrique du Sud (23%) et aux Seychelles (30%). o La comparaison des régions révèle que l'Afrique du Nord se classe systématiquement en queue de peloton en matière de tolérance vis-à-vis des différences sociales, tandis que l'Afrique Centrale et l'Afrique de l'Ouest se classent en tête de peloton.
- Les parents sont les seules personnes auxquelles une majorité (58%) d'Africains déclarent faire « beaucoup » confiance. Mais la majorité des répondants disent faire au moins « partiellement » confiance à leurs voisins, à d'autres citoyens, à des personnes d'origine religieuse ou ethnique différente et à « d'autres personnes qu’ils connaissent ».
- La confiance interpersonnelle est plus élevée chez les habitants des zones rurales, les personnes moins instruites, les Musulmans et les Africains de l'Ouest et du Centre que chez leurs congénères respectifs.
- Une majorité (57%) d’Africains déclarent faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à ses concitoyens, variant de 26% à São Tomé et Príncipe à 86% au Mali.
- Six Africains sur 10 (61%) déclarent que les gens sont « souvent » ou « toujours » traités de manière inégale en vertu de la loi.
- Presque la moitié (47%) disent que leur gouvernement traite « souvent » ou « toujours » les gens de façon inéquitable en fonction de leur situation économique – environ trois fois plus que ceux qui perçoivent une discrimination généralisée sur la base de l'appartenance ethnique (17%).
- La perception d'une discrimination fréquente de la part du gouvernement sur la base du statut économique est la plus répandue en Tunisie (72%), au Nigéria (67%), en Eswatini (66%), au Cabo Verde (66%) et au Mali (66%).
- Seulement 13% des Africains se disent plus attachés à leur identité ethnique qu'à leur identité nationale. La plus grande proportion (45%) des répondants déclarent accorder autant d'importance à l'une qu'à l'autre.
Avec plus de 1.500 langues et dialectes, l’Afrique est le théâtre d’une cohésion sociale – et de son absence – qui résultent d’une interaction complexe entre l’unité et la diversité, façonnée par l’héritage colonial, les divisions ethniques et la rhétorique politique. Le génocide rwandais de 1994, l’apartheid sud-africain, l’expulsion massive des Nigérians du Ghana en 1969 et la réplique « le Ghana doit partir » en 1983 sont autant de rappels brutaux des conséquences dévastatrices de la polarisation ethnique et de l’incapacité à nourrir un sentiment commun d’identité et de tolérance (Parker & Rathbone, 2007 ; Lawal, 2019).
Au cours des 20 dernières années, le continent a connu quelques signes d’une meilleure acceptation de la diversité. En Afrique de l’Est, par exemple, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (2016) cite la Commission Nationale pour la Cohésion et l’Intégration du Kenya, la Vision 2040 de l’Ouganda et la Vision 2025 de la Tanzanie comme exemples d’efforts visant à construire des sociétés plus inclusives. D’autres auteurs soulignent l’importance de renforcer la cohésion sociale en réduisant les inégalités sociales et économiques et en veillant à ce que les besoins fondamentaux de tous soient satisfaits (Harsch, 2006 ; Saoudi & Louis-Sarbib, 2023).
Pourtant, certaines parties du continent sont toujours aux prises avec des attaques et des discriminations xénophobes, des disparités économiques, l’instabilité politique, la corruption, la marginalisation de certains groupes et d’autres menaces à la cohésion sociale (Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, 2016 ; Masiko-Mpaka, 2023 ; Mabasa, 2023 ; Schwikowski, 2023). Le nationalisme ethnique, l’extrémisme religieux et le scepticisme croissant vis-à-vis des institutions publiques exacerbent les tensions sociales et sapent les efforts visant à favoriser un sentiment d’appartenance et de solidarité entre diverses communautés (Ould Mohamedou, 2016 ; Bikus, 2022 ; Wortmann-Kolundžija, 2023). La communauté LGBTQ+ en Afrique est confrontée à certaines des lois les plus sévères et les plus discriminatoires au monde (Ferragamo & Robinson, 2023).
Les pays africains en font-ils assez pour lutter contre l’exclusion et la marginalisation de façon à créer un sentiment d’appartenance, à promouvoir la confiance et la paix, et à offrir à tous des opportunités équitables de mobilité ascendante ?
Ce document explore la cohésion sociale à travers quatre dimensions – la tolérance, la confiance, la discrimination et l’identité – sur la base de récentes données d’enquêtes Afrobarometer.
Les données recueillies dans 39 pays africains sondés entre fin 2021 et mi-2023 montrent que les Africains expriment des niveaux de tolérance assez élevés à l’égard des différences d’ethnie, de religion, de nationalité et d’appartenance politique. Il n’en va pas de même pour les différences sexuelles, bien que l’intolérance ne soit pas universelle sur le continent.
Les Africains sont circonspects quant à la confiance qu’ils accordent aux autres : Si la majorité des répondants disent faire au moins « partiellement » confiance à d’autres groupes de personnes, seuls les parents bénéficient d’une grande confiance de la part d’une majorité de répondants, et presque la moitié des répondants n’expriment que peu ou pas de confiance envers les personnes d’autres origines ethniques et religieuses.
Les réponses à l’enquête reflètent également la perception répandue d’un traitement inéquitable de la part des gouvernements, en particulier sur la base du statut économique des personnes.
Dans l’ensemble, les Africains se disent très attachés à leur identité nationale, mais une majorité d’entre eux considèrent que leur identité ethnique est au moins aussi importante.
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