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AD75: Hors réseau ou « marche-arrêt » : La majorité des Africains manquent d’électricité fiable

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Key findings
  • Accès: Défini comme l’existence à proximité d’un réseau électrique, l’accès est à la portée d’environ deux-tiers (66%) d'Africains mais varie considérablement à travers le continent. Seuls 17% de Burundais et 25% de Burkinabé vivent dans des zones où un réseau électrique est disponible, contre 100% de Mauriciens et d'Egyptiens. L’accès est le plus faible dans les zones rurales.
  • Raccordement: Six sur 10 Africains (60%) sont connectés à un réseau électrique, allant de moins d'un sur cinq citoyens au Burundi (11%), au Malawi (12%), et au Burkina Faso (14%) à la couverture universelle en Ile Maurice et en Tunisie.
  • Fiabilité: Ni l'accès ni le raccordement ne garantit l’électricité, puisque même dans certains pays où la plupart des ménages sont connectés, très peu ont l'électricité « la plupart du temps » ou « toujours ». L'exemple le plus frappant est le Nigéria, où 96% des répondants sont connectés, mais seuls 18% de ces raccordements fonctionnent plus de la moitié du temps.
  • L’aptitude du gouvernement à fournir de l'électricité fiable: En moyenne, seuls quatre sur 10 Africains (41%) affirment que leur gouvernement est performant dans la fourniture de l’électricité. Les taux d'approbation varient de seulement 7% à Madagascar à 91% en Ile Maurice. Dans les deux-tiers des pays enquêtés, la majorité décrivent la performance du gouvernement comme « plutôt » ou « très » mauvaise.

Les coupures d’électricité rotatives peuvent défrayer la chronique; l’absence complète d’infrastructures électriques pas souvent. Tous ces deux phénomènes découlent du déficit en énergie électrique de l’Afrique, un obstacle important au développement humain et socio- économique avec des effets pernicieux sur la santé (imaginez des cliniques sans équipement de survie et sans médicaments et vaccins réfrigérés), l’éducation, la sécurité, et la croissance des entreprises.

Ils sont également ciblés par d’importantes initiatives de développement comme Power Africa conduit par les Etats-Unis d’Amérique, le Nouveau Partenariat pour l’Energie en Afrique de la Banque Africaine de Développement, le partenariat des Nations Unies pour les Energies Renouvelables pour Tous, et les stratégies nationales en vue de l’atteinte de l’Objectif du Millénaire pour le Développement Durable N° 7. Comme le disait le Président américain Barack Obama au lancement de Power Africa (USAID, 2013),

L’accès à l’électricité est fondamental à toute opportunité à cette ère. Elle est la lumière à laquelle les enfants étudient, l’énergie qui permet de transformer une idée en vraie entreprise. C’est l’élément vital qui permet aux familles de satisfaire leurs besoins les plus essentiels. Et c’est le raccordement nécessaire pour connecter l’Afrique au réseau global de l’économie. On doit avoir de l’électricité.

Des millions d’Africains ne l’ont pas. Beaucoup d’autres l’ont, puis ne l’ont plus, ensuite pourraient l’avoir – tout ça au cours de la même journée. Dans ses enquêtes de 2014/2015, Afrobaromètre a exploré la portée et la qualité des connections au réseau électrique à travers quelques 54.000 entrevues dans 36 pays ainsi qu’à travers des observations directes dans des milliers de communautés en Afrique. Apportant un référentiel expérientiel aux efforts internationaux et nationaux en vue du développement adéquat des infrastructures électriques, ses résultats suggèrent que de telles initiatives nécessiteraient des engagements à long terme et de grosses ressources financières.

En moyenne dans les 36 pays, seuls quatre Africains sur 10 bénéficient d’une alimentation en énergie fiable. Quand bien même deux-tiers environ des Africains vivent dans des zones connectées à un réseau électrique, sept sur 10 citoyens dans certains pays – et neuf sur 10 dans leurs zones rurales – n’en bénéficient pas. Les raccordements effectifs des ménages au réseau sont légèrement inférieurs (60% en moyenne), tout aussi variables d’un pays à l’autre.

Même les ménages connectés au réseau n’ont pas nécessairement la lumière: En moyenne, seuls 69% des ménages connectés ont effectivement de l’électricité qui marche « la
plupart du temps » ou « toujours ». Au Nigéria, quand bien même 96% des ménages sont connectés, seuls 18% de ces raccordements fonctionnent effectivement plus de la moitié du temps. Au Ghana, où le mot « dumsor » (Akan pour « marche-arrêt ») est devenu un mot à usage courant, 87% des ménages sont connectés, mais seuls 42% de ces raccordements fournissent de l’énergie fiable. Cela correspond néanmoins à trois fois le taux de raccordements fiables en Guinée (12%).

Aussi n’est-il pas étonnant que les Nigérians, les Ghanéens, et les Guinéens mènent le peloton de ceux qui classent l’approvisionnement en énergie parmi leurs premières priorités. Sans aucun doute, la nature du problème (infrastructure ou capacité insatisfaisante, mauvais service, ou une combinaison des deux) varie aussi considérablement d’un pays à l’autre que les causes fondamentales (manque de ressources, mauvaise gestion, mauvaise planification). Une majorité d’Africains pointent un doigt accusateur vers leurs gouvernements, dont ils affirment qu’ils ne s’acquittent pas de leur devoir de leur assurer un approvisionnement fiable en électricité.

Abel Oyuke

Abel previously served as the surveys manager for East Africa

Peter Halley Penar

Peter Halley Penar previously served as a research assistant for Afrobarometer.

Brian Howard

Brian is the head of publications at Afrobarometer