- Plus des trois quarts (76%) des Gabonais affirment que la corruption a augmenté dans le pays au cours des 12 derniers mois, dont 68% qui déclarent qu’elle a « beaucoup augmenté ».
- Parmi les institutions clé du pays, le président et les officiels de la Présidence, les policiers/gendarmes et les députés à l’Assemblée Nationale sont les plus largement perçues comme corrompues avec respectivement 70%, 68% et 67% de citoyens qui estiment que « la plupart » ou « tous » sont impliqués dans des affaires de corruption.
- Neuf Gabonais sur 10 (90%) désapprouvent la performance du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique.
- La grande majorité (91%) des Gabonais affirment que les citoyens risquent des représailles ou d’autres conséquences négatives s’ils dénoncent des actes de corruption.
Chaque année la corruption fait perdre à l’Afrique une somme de 148 milliards de dollars, soit environ 25% du produit intérieur brut moyen selon la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique. Au Gabon, les pertes annuelles liées à la corruption sont estimées entre 400 et 500 milliards de FCFA (Atcha, 2018 ; Mve, 2017). Le niveau avancé de la corruption nuit aux efforts de croissance du pays en ralentissant l’émergence d’une classe moyenne à travers la redistribution des profits générés par l’Etat (Mavoungou, 2019 ; Mve, 2017).
Pour lutter contre le fléau, un ministère dédié à la lutte contre la corruption a été créé. Le gouvernement a également mis sur pied la Commission Nationale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite et l’Agence Nationale d’Investigation Financière (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2014).
Cependant, la corruption dans le pays demeure endémique, en témoigne la 124e place du pays sur 180 économies dans le classement de Transparency International sur l’Indice de Perception de la Corruption au cours de l’année 2021 (Ntoutoume, 2022). Les inquiétudes des populations sur l’étendue de la corruption dans le pays sont grandissantes. Les récents procès de l’ancien administrateur-directeur général de la Société Nationale des Hydrocarbures, de l’ancien porte-parole de la Présidence de la République et de l’ancien directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie et de Garantie Sociale, tous accusés de détournement de fonds et de blanchiment de capitaux, ont révélé l’ampleur de la corruption dans certaines hautes administrations du pays (Bouenguendi, 2022).
C’est dans ce contexte que les résultats de la dernière enquête d’Afrobarometer sont sollicités pour relater les perceptions de la population sur la corruption. Une large majorité des Gabonais estiment que la corruption s’est accrue dans leur pays au cours des 12 derniers mois. Aux yeux des citoyens, les officiels de la Présidence, les policiers/gendarmes et les députés à l’Assemblée Nationale seraient trempés dans des affaires de corruption ainsi que des agents des services publics de l’éducation et de la santé.
De plus, les Gabonais ne sont pas satisfaits de la performance de leur gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique, mais ils pensent risquer des représailles en signalant un acte de corruption.
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