Skip to content
Key findings
  • Aux yeux des Gabonais, la violence sexiste est le troisième problème important lié à l’égalité genre à adresser par le gouvernement et la société, derrière l’inégalité dans le milieu professionnel et le manque de femmes à des postes d’influence dans le gouvernement.
  • Une large majorité (63%) des Gabonais déclarent que la violence à l’égard des femmes n’est « pas très courante » (46%) ou « pas du tout courante » (17%) dans leur communauté.
  • Cependant, les deux tiers (65%) des citoyens estiment qu’il est « parfois justifié » ou « toujours justifié » pour un homme de battre sa femme.
  • Six Gabonais sur 10 (60%) considèrent qu’il est « quelque peu probable » ou « très probable » qu'une femme soit critiquée ou harcelée si elle signale des violences sexistes aux autorités.
  • Pour la majorité (56%) des Gabonais, la violence domestique est une affaire pénale plutôt qu’une affaire privée à résoudre au sein de la famille.

La violence basée sur le genre (VBG) fait référence à tout acte de violence dirigé contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Bien qu’elle touche les deux sexes, cette expression dans nos sociétés renvoie davantage aux violences auxquelles sont exposées les femmes et les filles.

Le Gabon n’est pas épargné par la question. Selon l’Enquête Nationale sur les Violences Basées sur le Genre de 2016, plus des deux tiers (68%) des personnes âgées de plus de 15 ans ont été victimes d’au moins une forme de VBG au cours de l’année précédente (Ministère de la Santé, de la Prévoyance Sociale et de la Solidarité Nationale, 2016). Ce rapport souligne que 66% de victimes de violences physiques et 92% de victimes de violences sexuelles étaient des femmes.

La Stratégie de Promotion des Droits de la Femme et de Réduction des Inégalités Femmes/Hommes au Gabon corrobore ces tendances, puisque les femmes représentent 90% des victimes de violences sexuelles et 83% des victimes de violences économiques (Fondation Sylvia Bongo Ondimba, 2020).

D’autres sources rapportent des cas de VBG qui conduisent à des dégâts physiques lors des altercations entre conjoints. De manière générale, l’analyse des crimes passionnels montre qu’au sein des foyers, dans 54% des situations, ce sont les femmes qui décèdent contre 29% des hommes et 17% des enfants (Etsila, 2021).

On observe que la hiérarchisation sociale des sexes, la consommation d’alcool, la jalousie, la précarité dans laquelle vivent certaines femmes et la méconnaissance des droits expliqueraient le niveau de prévalence du phénomène. En réaction, les victimes des VBG ont souvent recours à des instances traditionnelles et familiales pour gérer les cas de violence, sans pour autant trouver des solutions durables (Ministère de la Santé, de la Prévoyance Sociale et de la Solidarité Nationale, 2015).

En plus d’avoir ratifié la Convention sur l’Elimination de Toutes Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes et d’autres traités internationaux, le Gabon a mis en place un arsenal juridique afin de prévenir et combattre les violences sexistes. Le gouvernement a également établi un numéro vert et une plateforme nommée Gabon Egalité pour dénoncer les auteurs de violences et accompagner les victimes.

Ce travail porte sur un module d’enquête spécial inclus dans le questionnaire d’Afrobarometer Round 9 (2021/2022) pour explorer les expériences et les perceptions des Africains sur les violences basées sur le genre.

Selon les résultats, aux yeux des Gabonais, la violence sexiste fait partie des trois principaux défis liés à l’égalité entre les genres. La majorité des citoyens affirment que les VBG ne sont pas très courantes dans leur communauté, mais ils justifient l’usage de la force sur la femme.

La violence domestique est une affaire pénale pour la majorité des Gabonais, qui estiment pourtant qu’une femme qui ose signaler un acte de violence quelconque serait harcelée ou critiquée par sa communauté.

Judicaël Etsila

Chercheur à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines et chercheur associé au CERGEP

Alexandria Polle Mabiala

Alexandria Polle Mabiala is a research assistant at CERGEP, Gabon.