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Key findings
  • La radio demeure très majoritairement la source d'information la plus courante en Afrique. En moyenne, dans les 34 pays enquêtés, les deux tiers (68%) des personnes sondées écoutent la radio au moins quelques fois par semaine.
  • La consommation de médias numériques à des fins d'information croît rapidement. Entre 2014/2015 et 2019/2021, la proportion d'Africains qui s'informent au moins quelques fois par semaine par le biais des médias sociaux ou de l'Internet a presque doublé, passant de 24% à 43% dans les 31 pays concernés par les deux enquêtes.
  • En Afrique, les résidents urbains, les citoyens plus instruits, les hommes et les jeunes sont les plus susceptibles d'avoir recours aux médias numériques. Bien que l'utilisation ait également augmenté dans d'autres groupes, les écarts démographiques dans le recours aux médias numériques sont demeurés à peu près pareils depuis 2014/2015, et ont même augmenté sur le plan du milieu urbain/rural et de l'éducation.
  • Les Africains expriment un soutien massif au rôle des médias dans la reddition de comptes des gouvernements, et la majorité d'entre eux soutiennent la liberté des médias dans tous les pays sauf le Mozambique, la Tunisie, le Cameroun, le Maroc et la Tanzanie. Mais la plupart des Africains soutiennent le droit de leur gouvernement à limiter la diffusion de discours haineux, de fausses informations et de messages insultants à l'égard de leur président.
  • La majorité (57%) des Africains considèrent que les médias numériques ont des effets essentiellement positifs sur la société, tandis qu'un quart seulement (24%) considèrent que leur impact est surtout négatif. Toutefois, même si les Africains apprécient la capacité des médias sociaux à informer et à autonomiser les citoyens, ils perçoivent également des menaces évidentes dans leur capacité à diffuser de fausses informations et des discours de haine.

Le paysage médiatique africain change rapidement. Le recours régulier aux sources numériques d’information a presque doublé en cinq ans seulement. Si la radio demeure le média de masse le plus populaire sur le continent en raison de son accessibilité et de sa portée, les médias numériques redéfinissent de manière remarquable le paysage de l’information et, par conséquent, la politique.

Dans le même temps, les interactions gouvernementales avec les médias évoluent, souvent de façon inquiétante pour les partisans du développement démocratique. Les attaques contre les médias sont de plus en plus fréquentes, et les gouvernements imposent de nouvelles restrictions quant à qui peut produire et partager du contenu (Alfandika & Akpojivi, 2020 ; Conroy-Krutz, 2020 ; RSF, 2020). Les « taxes » sur les médias sociaux et les coupures totales ou partielles d’Internet sont également de plus en plus courantes (Guardian, 2019 ;

CIPESA, 2019). Les dirigeants invoquent souvent de réels problèmes, notamment la diffusion de fausses informations et de propos haineux, pour justifier ces nouvelles réglementations, mais beaucoup de gens craignent que les gouvernants n’utilisent ces menaces pour étouffer la liberté de la presse et la liberté d’expression de façon plus globale.

Que pensent les Africains de ces changements ? Afrobarometer constate, à travers des enquêtes représentatives au niveau national dans 34 pays, que les gens sont généralement favorables à la liberté de la presse, au rôle des médias comme organes de contrôle des gouvernements et à un large accès des citoyens aux médias numériques. Ils considèrent généralement que la capacité des nouvelles technologies à informer et à autonomiser est prometteuse. Alors que l’accès aux médias numériques continue de croître à travers tous les groupes démographiques et dans la plupart des pays, les opportunités de rendre les populations mieux éduquées et plus actives sont puissantes.

Cependant, ces nouveaux médias suscitent également une certaine appréhension. La majorité les considèrent comme facilitant la diffusion de fausses informations et de propos haineux. Et les mesures gouvernementales visant à limiter la diffusion de messages jugés indésirables sont généralement populaires. Ainsi, de nombreux Africains paraissent réellement ambivalents face à ces nouveaux paysages médiatiques : La plupart affirment vouloir des médias numériques sans restriction tout en soutenant la limitation des messages qu’ils considèrent potentiellement dangereux.

Jeffrey Conroy-Krutz

Jeffrey Conroy-Krutz is an associate professor at Michigan State University and editor of the Afrobarometer Working Papers series.

Joseph Koné

Research associate and finance officer at CREFDI