- Comme leurs aînés, six sur 10 jeunes Africains (61% des 18-35 ans) estiment que leur pays va « dans la mauvaise direction ».
- Le chômage figure en tête de liste des problèmes les plus importants auxquels les jeunes Africains voudraient que leur gouvernement s'attaque, suivi par la santé, l'éducation, et les infrastructures. Les jeunes sont plus susceptibles que leurs aînés de donner la priorité de l'action gouvernementale au chômage et à l'éducation.
- Les jeunes Africains sont, en moyenne, plus instruits que leurs aînés. La majorité (62%) des 18-35 ans ont au moins un niveau d’études secondaires, contre 46% et 31%, respectivement, pour les tranches d'âge intermédiaire et supérieure. Si presque tous les jeunes de Maurice, de la Tunisie, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Gabon ont étudié, la majorité au Niger (60%) et presque la moitié des jeunes Burkinabè (46%), Maliens (45%) et Guinéens (44%) n'ont aucune éducation formelle.
- Les jeunes Africains sont également beaucoup plus susceptibles que leurs aînés d’être au chômage (34% des jeunes contre 22% des 36-55 ans et 12% des plus de 55 ans). Les taux de chômage rapportés par les jeunes répondants grimpent jusqu'à 56% au Lesotho et 53% au Libéria.
- Seule une minorité des Africains affirment que leur gouvernement satisfait bien aux besoins des jeunes (28%) et à la création d’emplois (21%) et répond aux besoins en matière d'éducation (46%). Les répondants jeunes et plus âgés évaluent les performances du gouvernement de façon presque identique.
La satisfaction des besoins des jeunes – en matière d’éducation, d’emploi et de moyens de subsistance – est devenu une idée maitresse des discussions politiques aux niveaux mondial et continental au cours de la dernière décennie. La Charte Africaine de la Jeunesse insiste sur les droits des jeunes à participer aux processus politiques et décisionnels et invite les États à les préparer en leur offrant les compétences nécessaires pour ce faire (Union Africaine, 2006). Les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies considèrent les
jeunes comme des partenaires essentiels pour l’avènement de sociétés inclusives et pacifiques (Nations Unies, 2018). Plus d’un tiers des 169 cibles des ODD évoquent la jeunesse (PNUD, 2017).
Presque 60% de la population africaine est âgée de moins de 25 ans, ce qui représente d’énormes opportunités mais aussi des défis (Fondation Mo Ibrahim, 2019). Le fait que 14% seulement des législateurs du continent sont âgés de moins de 40 ans met en évidence l’écart entre la voix des jeunes et l’importance de la
jeunesse pour le progrès économique et social (Brookings, 2019). Les taux de chômage des jeunes sont deux fois plus élevés que ceux des adultes dans la plupart des pays africains, et 60% des chômeurs africains sont des jeunes (African Capacity Building Foundation, 2017). Près de la moitié des jeunes Africains ont envisagé d’émigrer – le plus souvent à la recherche d’un emploi (Sanny, Logan, & Gyimah-Boadi, 2019).
Les résultats des derniers sondages d’Afrobarometer dans 34 pays mettent en lumière les défis auxquels sont confrontés les jeunes Africains. Les jeunes citoyens estiment ne pas recevoir le soutien dont ils ont besoin de la part de leurs gouvernements – et leurs aînés sont du même avis. Les Africains plus jeunes ont fait des progrès considérables en termes de succès académiques, mais ils restent confrontés à d’énormes disparités en termes d’emplois rémunérés, de sorte que la création d’emplois est la question la plus cruciale à l’ordre du jour à leurs yeux. Si aussi bien les citoyens jeunes et les citoyens plus âgés sont favorables à des efforts plus énergiques de la part des gouvernements en faveur des jeunes, ils reprochent à leurs gouvernements leur incapacité à répondre à ces besoins.
Les Africains de tous âges semblent comprendre que si les jeunes souffrent et sont incapables de se créer des moyens de subsistance productifs, il ne s’agit pas seulement d’un « problème des jeunes » mais d’un « problème de la société ». Cependant, même si leurs aînés soutiennent un programme pro-jeunes, la jeunesse africaine pourrait davantage se faire écouter directement dans les processus d’élaboration des politiques (Kuwonu, 2017 ;Resnick & Casale, 2011). Les jeunes Africains sont beaucoup moins susceptibles de voter que leurs compatriotes plus âgés, et ils sont également généralement moins engagés dans les processus politiques au quotidien. Les États africains ont été incapables de faire participer efficacement les jeunes à la gouvernance et aux processus décisionnels (Union Africaine, 2017), mais les jeunes eux-mêmes pourraient bien trouver des moyens – notamment en votant – de se faire entendre dans la conception des politiques et des programmes visant à surmonter les obstacles auxquels ils sont confrontés.
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