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Key findings
  • En moyenne, dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest, la plupart des citoyens qui ont subi des mesures de confinement ou des couvre-feux liés à l'épidémie de COVID-19 ont déclaré qu'il était difficile de les respecter (75%), mais qu'elles étaient nécessaires pour limiter la propagation de la maladie (66%).
  • Six citoyens sur 10 (61%) ont reconnu que la fermeture des écoles était nécessaire, mais plus des trois quarts (78%) pensent qu'elles auraient dû rouvrir plus tôt.
  • Sept Sénégalais sur 10 (71%) ont déclaré avoir reçu une certaine forme d'aide gouvernementale pour les soutenir à faire face à la pandémie, mais moins d'un Libérien (9%) et d'un Béninois (4%) sur 10 ont bénéficié d'une telle aide.
  • A l'exception du Niger, la majeure partie des personnes interrogées ont approuvé le recours à la police et aux autres forces de sécurité en cas d'urgence pour faire respecter les mesures de santé publique.
  • Pour ce qui est de l'avenir, la plupart des Ouest-Africains ne s'attendent pas à ce que la COVID-19 soit un problème grave dans leur pays au cours des six prochains mois. Mais à l'exception du Niger, les majorités ont déclaré que leur gouvernement devrait investir davantage dans la préparation aux urgences sanitaires comme la pandémie de COVID-19.

Les gouvernements africains ont été félicités pour leur intervention rapide visant à limiter la propagation de la COVID-19, ce qui a peut-être permis au continent d’éviter, jusqu’à présent, les décès massifs enregistrés ailleurs (Bearak & Paquette, 2020; Smith, 2020). Bon nombre d’entre eux ont également mis en place une certaine assistance pour aider les entreprises et les familles vulnérables à surmonter la pandémie (Zane, 2020).

Toutefois, les fermetures et autres restrictions, souvent mises en œuvre dans les jours qui ont suivi l’apparition des premiers cas de COVID-19 (Goitom, 2020), et parfois sévèrement appliquées par la police et l’armée, ont également suscité des critiques et, dans certains pays, des protestations à grande échelle (Carothers & Press, 2020; Africa News, 2020a; Ben Ahmed, 2020).

Par ailleurs, les défenseurs de la démocratie accusent certains dirigeants africains – surtout en Ouganda – d’avoir utilisé la pandémie comme une excuse pour restreindre les droits démocratiques, limiter la concurrence politique, et consolider leur pouvoir (Human Rights Watch, 2020; Freedom House, 2020; Gargard, 2020; Repucci & Slipowitz, 2020; Africa News, 2020b).

Comment les Africains ordinaires, qui ont supporté le poids de la pandémie et des mesures visant à la contenir, perçoivent-ils les performances de leurs gouvernements?

De nouvelles enquêtes Afrobarometer dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Libéria, Niger, Sénégal, et Togo) montrent que les gens ont eu du mal à se conformer aux mesures de confinement et ont trouvé que les fermetures d’écoles duraient trop longtemps, mais ils ont généralement soutenu ces deux mesures comme étant nécessaires pour limiter la propagation de la COVID-19. L’aide des gouvernements n’a allégé les difficultés liées aux mesures de confinement que pour une minorité de citoyens; le Sénégal est le seul pays de l’enquête où une majorité des ménages ont reçu un tel soutien.

Dans ces cinq pays, la plupart des personnes interrogées ont déclaré que l’aide était distribuée de manière inéquitable et qu’une part importante des ressources destinées à la lutte contre la COVID-19 était gaspillée à cause de la corruption. De surcroît, les majorités ne font pas confiance à leurs gouvernements quant à la fourniture de données fiables sur les nombres de cas et de décès liés à la COVID-19, ou pour la garantie de l’innocuité des vaccins contre cette maladie.

Malgré ces critiques, les majorités dans tous les pays ont donné des notes positives à leurs gouvernements pour leur gestion de la réponse à la COVID-19 – une contradiction apparente qui peut traduire les faibles attentes du public envers le gouvernement ou le sentiment que la réponse à la COVID-19 était un problème exceptionnellement difficile.

Quant au fait de savoir si la population acceptera de faire des compromis entre la préservation des droits politiques et les mesures de protection de la santé publique pendant une pandémie, les majorités dans la plupart des pays ont approuvé l’utilisation de la police et d’autres forces de sécurité pour faire appliquer les mesures de santé publique, mais les avis étaient plus partagés sur le report ou la limitation des campagnes électorales et la censure des médias.

A l’exception du Niger, la majorité des personnes interrogées ont déclaré que leur gouvernement avait intérêt à investir davantage dans la préparation aux urgences sanitaires telles que la pandémie de COVID-19, même si cela implique une diminution des ressources disponibles pour d’autres services de santé.

 

 

Aminatou Seydou

Aminatou Seydou is a researcher.