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Key findings
  • Par une marge de 2 contre 1 (61% contre 32%), les Africains affirment que leurs gouvernements ont le droit de contraindre les populations à payer des impôts. Mais la perception de la légitimité de l'impôt est relativement faible en Angola (36%), au Malawi (37%), et au Lesotho (40%), et l'est tout autant parmi les citoyens plus pauvres, moins éduqués, et sans emploi.
  • Les Africains ont tendance à penser que les citoyens ordinaires paient trop d'impôts et que les riches en paient trop peu. La plupart des Africains (70%) approuvent le principe de taxer les riches à des taux plus élevés pour soutenir les programmes destinés à aider les pauvres. Les opinions sont partagées sur la question de savoir si le gouvernement devrait s'assurer que les petits commerçants et les autres personnes du secteur informel paient des impôts
  • La moitié seulement (49%) des Africains estiment que leurs gouvernements consacrent les recettes fiscales au bien-être de leurs administrés. Deux tiers (67%) souhaitent que le Parlement contrôle les modalités d'utilisation des recettes fiscales.
  • Dans la plupart des pays, les citoyens sont très divisés sur la question de savoir s'ils seraient prêts à payer plus d'impôts en échange de meilleurs services publics.
  • Une bonne moitié (51%) des Africains affirment que les citoyens de leur pays évitent « souvent » ou « toujours » de payer les impôts dont ils sont redevables. Une grande majorité sont d’accord en Côte d'Ivoire (74%), en Tunisie (74%), au Ghana (72%), au Gabon (65%), et en Sierra Leone (65%).
  • Plus de six sur 10 répondants (62%) déclarent qu'il leur est difficile de savoir quelles taxes ou redevances ils sont censés payer, et plus encore (77%) éprouvent des difficultés à découvrir les usages auxquels leur gouvernement destine les recettes fiscales.
  • ▪ Plus d'un tiers (35%) des Africains déclarent que « la plupart » ou « tous » les agents des impôts sont corrompus, en plus des 43% qui estiment que « certains » se livrent à des actes de corruption. Quatre seulement sur 10 Africains (39%) affirment faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à la direction des impôts.
  • La perception de la légitimité des impôts est plus forte chez les citoyens qui font confiance à la direction des impôts et au parti au pouvoir, et qui estiment que le gouvernement consacre les recettes fiscales aux besoins de la population.

La fiscalité est un outil clé pour la mobilisation des ressources intérieures dans le monde entier. Dans nombre de pays africains, en revanche, les carences des systèmes d’administration fiscale réduisent la capacité des gouvernements à financer leurs programmes de développement et à fournir les services essentiels tels que les soins de santé, l’éducation, et les infrastructures (Drummond, Daal, Srivastava, & Oliveira, 2012).

Les recettes fiscales sont relativement peu importantes sur l’ensemble du continent. En 2018, 30 pays africains présentaient un ratio moyen de 16,5% entre les recettes fiscales et le produit intérieur brut, soit moins de la moitié du ratio observé dans les pays membres beaucoup plus riches de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (34,3%) (OCDE/CUA/ATAF, 2020).

Outre les insuffisances de capacité des organismes fiscaux gouvernementaux, la faiblesse des recettes fiscales peut être liée à des facteurs macroéconomiques tels que les grands secteurs agricoles et informels, généralement difficiles à fiscaliser (Di John, 2006; Mansour & Keen, 2009; Coulibaly & Gandhi, 2018; Moore, Prichard, & Fjeldstad, 2018). Une des questions qui se posent actuellement porte sur les modalités de taxation des entreprises hautement digitales – qui opèrent dans les pays africains sans nécessairement avoir une présence physique aisément imposable – dans des conditions équitables et qui n’entravent pas la croissance des nouvelles entreprises (Forum sur l’Administration Fiscale Africaine, 2020).

Mais la faiblesse des recettes fiscales peut aussi résulter de facteurs microéconomiques tels que la disposition des citoyens à payer des impôts (« conscience fiscale »), leur connaissance de ce dont ils sont redevables et de la destination de leurs impôts, ainsi que leur perception de la corruption dans l’administration fiscale (OCDE, 2019). Si les citoyens considèrent le paiement des impôts comme un échange fiscal ou une relation contractuelle (Moore, 2004), ces perceptions peuvent affecter la légitimité de la fiscalité dans son ensemble (D’Arcy, 2011).

Il ressort des données de l’enquête Afrobarometer recueillies dans 18 pays africains en 2019/2020 qu’une majorité d’Africains approuvent le droit de leur gouvernement à percevoir des impôts. Mais ce soutien à la fiscalité s’est affaibli au cours de la dernière décennie, tandis que le sentiment que les gens évitent souvent de payer leurs impôts a fortement progressé.

Par ailleurs, de nombreux Africains contestent l’équité de la charge fiscale de leur pays, et à peine la moitié d’entre eux estiment que le gouvernement consacre les recettes fiscales au bien-être de ses administrés.

Alors qu’une majorité d’entre eux seraient disposés à payer plus d’impôts pour soutenir les jeunes et le développement national, la plupart affirment avoir du mal à obtenir des informations sur les exigences et l’utilisation des impôts, et beaucoup considèrent les agents des impôts corrompus et indignes de confiance. De telles perceptions peuvent jouer un rôle dans la disposition des citoyens à soutenir – et à respecter – l’administration fiscale de leur gouvernement.

Thomas Isbell

Thomas Isbell is a postdoctoral research fellow at the Institute of Democracy, Citizenship and Public Policy in Africa, University of Cape Town.

Lulu Olan’g

Lulu Olan'g is a freelance researcher and a PhD student at Nazarbayev University in<br /> Kazakhstan