- En moyenne dans 18 pays, six Africains sur 10 (59%) affirment que la corruption a augmenté dans leur pays au cours des 12 derniers mois, dont 41% qui déclarent qu'elle a « beaucoup augmenté ». Un sur cinq répondants (21%) pensent qu'elle a au moins « quelque peu » diminué, tandis que 16% soutiennent qu'elle est demeurée inchangée (Figure 1).
- Parmi les institutions publiques clés, la police est la plus largement considérée comme corrompue; en moyenne, près de la moitié (48%) des Africains estiment que « la plupart » ou « tous » les policiers sont impliqués dans des affaires de corruption, en plus de 36% qui considèrent que « certains » d'entre eux sont corrompus (voir également Sanny & Logan, 2020). Plus d'un tiers des citoyens perçoivent la corruption chez la plupart/tous des parlementaires (38%), des fonctionnaires (37%), des juges et magistrats (35%), des agents du fisc (35%), et des officiels de la présidence (35%). Les conseillers municipaux ou communaux ne sont que légèrement mieux lotis (33%) (Figure 4).
- La corruption n'est pas une expérience rare dans la plupart des pays africains (Figure 9). En moyenne, dans 18 pays, au moins un tiers des citoyens qui ont eu à faire à la police au cours des 12 derniers mois affirment avoir dû verser des pots-de-vin (35% de ceux qui ont sollicité l'assistance de la police, et 33% de ceux qui ont eu à faire à la police dans d'autres situations, comme un contrôle routier ou une enquête).
- Près de deux tiers (64%) des Africains affirment que leur gouvernement répond « plutôt mal » ou « très mal » à la problématique de la corruption officielle. Seulement trois sur 10 (30%) approuvent les performances de leur gouvernement (Figure 12).
- Presque trois quarts (72%) des Africains déclarent que les citoyens ordinaires risquent de subir des représailles ou d'autres conséquences négatives lorsqu'ils dénoncent les actes de corruption aux autorités. Seulement un sur quatre répondants (24%) pensent pouvoir signaler la corruption sans crainte (Figure 15).
Selon les estimations des analystes, les pays en voie de développement perdent 1,26 mille milliards de dollars par an du fait de la corruption, du vol, et de l’évasion fiscale – une somme suffisamment importante pour sortir 1,4 milliard de personnes de la pauvreté sur une période de six ans (Fleming, 2019). Selon les experts en développement, à moins de juguler la corruption, il sera pratiquement impossible d’atteindre les autres Objectifs de Développement Durable (Nations Unies, 2019; Rubio & Andvig, 2019).
Pourtant, les scandales liés à la corruption font presque quotidiennement la une des journaux, en Afrique comme ailleurs. L’Afrique du Sud est toujours en proie aux retombées de la
« captation de l’État » pendant le régime de Jacob Zuma (Alberts, 2020; Arun, 2020). Les Namibiens se préparent à vivre le grand spectacle d’un procès impliquant deux ministres accusés et emprisonnés dans le scandale de corruption #Fishrot (Zenda, 2020; Iceland Review, 2020). Des allégations de corruption relatives à l’aide apportée dans le cadre de la pandémie de la COVID-19 nous parviennent du Zimbabwe (Guardian, 2020), de la Somalie (Daysane, 2020), du Kenya (Malalo, 2020), du Nigéria (Financial Times, 2020), et d’autres pays.
Et les Africains moyens estiment que les choses s’empirent au lieu de s’améliorer. Les enquêtes d’Afrobarometer réalisées dans 18 pays africains révèlent que la majorité des citoyens affirment que la corruption s’est accrue dans leur pays au cours des 12 derniers mois. Aux yeux des citoyens, la police est la plus coupable, mais nombre de professionnels de la santé exigent également des pots-de-vin.
La majorité des citoyens affirment que leur gouvernement déploie trop peu d’efforts pour lutter contre la corruption. Et, ce qui n’est pas bon signe pour les militants qui s’efforcent de mobiliser les citoyens sur cette question, la plupart des Africains affirment risquer des représailles en signalant les cas de corruption aux autorités.