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Le paysage médiatique africain change rapidement. Le recours régulier aux sources numériques d’information a presque doublé en cinq ans seulement, plus d’un tiers des répondants de 18 pays déclarant avoir recours à l’internet ou aux réseaux sociaux au moins quelques fois par semaine pour se tenir informés. Si la radio demeure le média de masse le plus populaire sur le continent en raison de son accessibilité et de sa portée, les médias numériques redéfinissent de manière remarquable le paysage de l’information et, par conséquent, la politique.

Dans le même temps, les interactions gouvernementales avec les médias évoluent, souvent de façon inquiétante pour les partisans du développement démocratique. Les attaques contre les médias sont de plus en plus fréquentes, et les gouvernements imposent de nouvelles restrictions quant à qui peut produire et partager du contenu (Alfandika & Akpojivi, 2020; Conroy-Krutz, 2020; RSF, 2020). Les « taxes » sur les réseaux sociaux et les coupures totales ou partielles d’Internet sont également de plus en plus courantes (Guardian, 2019; CIPESA, 2019). Les dirigeants invoquent souvent de réels problèmes, notamment la diffusion de fausses informations et de propos haineux, pour justifier ces nouvelles réglementations, mais beaucoup de gens craignent que les gouvernants n’utilisent ces menaces pour étouffer la liberté de la presse et la liberté d’expression de façon plus globale.

Que pensent les Africains de ces changements? Afrobarometer constate, à travers des enquêtes représentatives au niveau national dans 18 pays, que les gens sont généralement favorables à la liberté de la presse, au rôle des médias comme organes de contrôle des gouvernements, et à un large accès des citoyens aux médias numériques. Ils considèrent généralement que la capacité des nouvelles technologies à informer et à autonomiser est prometteuse. Alors que l’accès aux médias numériques continue de croitre à travers tous les groupes démographiques et dans la plupart des pays, les opportunités de rendre les populations mieux éduquées et plus actives sont puissantes.

Cependant, ces nouveaux médias suscitent également une certaine appréhension. La majorité les considèrent comme facilitant la diffusion de fausses informations et de propos haineux. Et les mesures gouvernementales visant à limiter la diffusion de messages jugés indésirables sont généralement populaires. Ainsi, de nombreux Africains paraissent réellement ambivalents face à ces nouveaux paysages médiatiques: La plupart affirment vouloir des médias numériques sans restriction tout en soutenant la limitation des messages qu’ils considèrent potentiellement dangereux.

Jeffrey Conroy-Krutz

Jeffrey Conroy-Krutz is an associate professor at Michigan State University and editor of the Afrobarometer Working Papers series.

Joseph Koné

Research associate and finance officer at CREFDI