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Key findings
  • Plus de la moitié (55%) des Gabonais affirment ne pas avoir entendu parler du conflit homme-faune, aussi bien en milieu urbain (55%) qu’en milieu rural (51%). La méconnaissance du conflit homme-faune est largement plus observée chez les populations moins instruites.
  • Parmi les Gabonais qui ont connaissance de ce conflit: o Plus de huit sur 10 (82%) l’associent à la destruction des plantations par les éléphants. Un tiers (32%) des répondants associent ce phénomène également au fait que les populations sont attaquées par les animaux, et moins d’un quart (23%) le lient au fait que la population sur-chasse les animaux. o Deux-tiers (64%) des Gabonais estiment que l’activité économique, notamment l’exploitation forestière et minière, est le facteur principal qui l’aggrave.

La cohabitation entre l’homme et la faune sauvage a toujours été conflictuelle pour des raisons d’occupation de l’espace et d’accès aux ressources naturelles (FAO, 2020). Cependant, on observe depuis quelques années une recrudescence des tensions dans le partage de l’espace entre la faune et les êtres humains. Deuxième vaste étendu de forêts tropicales dans le monde, le bassin du Congo situé en Afrique Centrale n’échappe pas à cette problématique. Selon un rapport de l’Union Européenne (2017), les conflits homme- faune sont devenus légion en Afrique Centrale (L’Union, 2018).

Au Gabon, depuis de nombreuses années, le conflit homme-faune prend des proportions inquiétantes. Les plantations des communautés villageoises sont régulièrement ravagées par des éléphants, et certains villages enregistrent des incursions récurrentes de ces pachydermes (Ivembi, 2018). Le gouvernement avec la collaboration des organismes internationaux et certaines organisations de la société civile a entrepris de trouver des solutions pour gérer cette question.

Déjà en 2016, inspiré par les méthodes kényanes, le Gabon avait lancé le Plan National de Gestion du Conflit Homme-Faune (PNGCHF). Celui-ci consiste à construire des barrages électriques autour des 11 parcs nationaux dont la présence est souvent mise en avant pour expliquer l’exacerbation du conflit homme-faune dans ce pays (Ngounou, 2019). La Banque Mondiale a mis à la disposition du Gabon un budget de 9,5 millions de dollars afin d’explorer des stratégies et des innovations visant à réduire les conflits humains-espèces sauvages (Ella & Xinhua, 2017), et l’État gabonais a lui-même inscrit pour la première fois une ligne budgétaire dans la loi des finances 2020 destinée à ce conflit.

Les résultats de la dernière enquête Afrobarometer montrent que les Gabonais affirment que le principal facteur qui favorise le conflit homme-faune est l’activité économique, notamment forestière et minière, plutôt que la présence des parcs nationaux. Cependant, plus de la moitié des sondés reconnaissent ne pas avoir entendu parler du conflit homme- faune.

Boris Cabral Wakongo Nzamba

Boris is data manager at Centre d'Etudes et de Recherches en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP), Gabon

Stéphane Ondo Zé

Stéphane Ondo Zé est doctorant en géographie à l’Université de Reims, France, et chercheur junior au CERGEP de l’Université Omar Bongo de Libreville