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Key findings
  • La moitié (50%) des jeunes sénégalais âgés de 18 à 35 affirment avoir pensé à émigrer vers un autre pays, dont 30% qui y ont « beaucoup » réfléchi. Leurs motivations: la recherche de travail (56% de ceux qui ont pensé à émigrer) et les difficultés économiques (26%).
  • La tendance à avoir « beaucoup » pensé à émigrer est plus accentuée chez les jeunes sénégalais âgés de 18 à 35 ans (30%) que chez leurs ainés (16%).
  • Parmi les jeunes qui ont au moins « un peu » pensé à émigrer, la grande majorité s’apprêtent déjà (9%) ou planifient de quitter le pays dans un ou deux ans mais n’ont pas commencé à se préparer dans ce sens (56%). On note le phénomène de s’apprêter plus chez les personnes avec un niveau d’étude post-secondaire (19%) ou secondaire (10%) que chez celles sans éducation formelle (5%), plus chez les hommes (12%) que chez les femmes (5%), et plus en milieu urbain (8%) qu’en milieu rural (5%).
  • L’Europe est la principale destination évoquée par les jeunes âgés de 18 à 35 ans (57%), suivi par l’Amérique du Nord (28%).
  • Trois jeunes sénégalais sur quatre (75%) disent que le gouvernement répond « plutôt mal » ou « très mal » au besoin de créer des emplois
  • L’insatisfaction des jeunes dans la prise en compte de leurs besoins est aussi largement évoquée. En effet, six d’entre eux sur 10 (63%) disent que le gouvernement répond mal aux besoins des jeunes.
  • La majorité des jeunes disent aussi que les députés à l’Assemblée Nationale (64%) et les conseillers municipaux (59%) n’écoutent pas les gens.

En une semaine en octobre 2020, au moins 200 personnes ont péri aux larges des côtes sénégalaises et mauritaniennes (Carretero, 2020). Les naufrages de pirogues quittant le Sénégal se succèdent. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), 414 personnes ont péri en voulant regagner l’Europe depuis janvier dernier, et rien qu’en septembre, 14 bateaux transportant 663 migrants ont quitté le Sénégal (Carretero, 2020). Le naufrage le plus meurtrier de l’année 2020, selon l’OIM, est celui qui a fait 140 victimes, morts noyés dans un accident d’une pirogue au large des côtes sénégalaises (ONU Info, 2020).

Dans un contexte où les jeunes migrants choisissent ce qui est communément appelé
« Barça ou Barsakh » (signifiant arriver à Barcelone (Espagne) avec succès ou périr en essayant) (Diop, 2020), certaines voix s’élèvent pour dénoncer « l’indifférence des dirigeants africains » (Dakar Actu, 2020) et le « mutisme » du gouvernement sénégalais face à ces catastrophes (Gaye, 2020). D’autres observateurs parlent d’échec des politiques (Xibaaru, 2020; Guéye, 2020). Pourtant, plus de 1.000 milliards de francs CFA aurait été investi « en vain » dans le cadre du fond judiciaire d’urgence pour la lutte contre les causes profondes des migrations irrégulières sur financement de l’Union Européenne (Dakar Actu, 2020).

Même si les migrants sont divers en termes d’âges, la plupart sont des jeunes, et la question de l’emploi des jeunes est une préoccupation qui domine l’actualité brûlante au Sénégal suite aux drames survenus (Info Migrant, 2020). Pour mieux comprendre ce phénomène, les données de la plus récente enquête d’Afrobarometer au Sénégal, menée en fin 2017, nous informent que la recherche d’emploi est la principale motivation des jeunes qui pensent à émigrer, suivie par les difficultés économiques. Également, le chômage est cité par les jeunes comme étant le top des problèmes les plus importants que le gouvernement devrait résoudre.

En 2017, la moitié des jeunes affirmaient avoir pensé à émigrer, et la majorité d’entre ceux-ci avaient déjà des plans de partir dans un ou deux ans. L’Europe est la principale destination à laquelle ils/elles ont pensé, suivi par l’Amérique du Nord. En plus de cela, une écrasante majorité des jeunes se disent insatisfaits de la réponse du gouvernement en ce qui concerne la création d’emplois et la prise en compte des besoins des jeunes. A cela s’ajoute le fait que les jeunes estiment que leurs représentants élus ne les écoutent pas. Echec des politiques ou désespoir des jeunes, les migrations clandestines semblent être loin de connaître leur épilogue.

Ousmane Djiby Sambou

Ousmane Djiby Sambou is a knowledge management officer at UNICEF