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Key findings
  • Plus de trois quarts (78%) des Gabonais accordent plus d'importance à la responsabilisation du gouvernement qu'à son efficacité, un accroissement de 35 points de pourcentage par rapport à 2015.
  • La plupart des Gabonais affirment que le président doit toujours obéir aux lois et aux tribunaux (88%) et rendre compte au Parlement de la façon dont son gouvernement dépense l'argent des contribuables (68%).
  • Néanmoins, des majorités croissantes affirment qu'en pratique, le président ignore « souvent » ou « toujours » les lois et les tribunaux (66%) ainsi que le Parlement (66%).
  • Plus de sept Gabonais sur 10 (72%) désapprouvent la performance du président. Mais quatre Gabonais sur 10 seulement (40%) estiment qu'il est de leur responsabilité, en tant qu'électeurs, de s'assurer qu'il fait bien son travail.
  • Le soutien populaire aux élections comme meilleur moyen de choisir les dirigeants a baissé de 76% à 68%, mais les Gabonais rejettent massivement (90%) l'idée d'abolir les élections et le Parlement en faveur d'un régime dictatorial unipersonnel

L’obligation de rendre compte constitue un pilier central de la gouvernance démocratique. Si la tenue d’élections libres et transparentes contribue à promouvoir le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple, les événements qui se déroulent entre deux élections peuvent être tout aussi importants. Le respect de l’état de droit et des autres instances gouvernementales est aussi essentiel à la gestion quotidienne des affaires publiques qu’à la tenue d’élections de qualité.

Au Gabon, le pouvoir exécutif très personnalisé autour du Président Ali Bongo Ondimba et des processus électoraux défaillants sapent la responsabilité tant horizontale que verticale. Dans son évaluation du Gabon dans la catégorie « non libre », Freedom House (2019) fait état de lacunes sur plusieurs dimensions de la responsabilité, telles que l’indépendance des instances gouvernementales, la transparence des activités du gouvernement, et l’égalité de traitement des personnes devant la loi.

Ali Bongo est au pouvoir depuis 2009 au lendemain du décès de son père, Omar Bongo, qui a dirigé le Gabon pendant 42 ans. Ali Bongo a revendiqué un second mandat de sept ans après l’élection de 2016 marquée par la violence et des accusations de fraude, et a fait adopter en 2018 des amendements constitutionnels qui renforcent davantage les pouvoirs exécutifs (Hoije & Batassi, 2018). Les élections législatives prévues pour la fin 2016 ont été reportées à plusieurs reprises, puis contestées par les partis d’opposition quand elles ont finalement eu lieu – se soldant par la victoire du parti au pouvoir – à la fin 2018 (eNCA, 2018a, 2018b; Reuters, 2018; Freedom House, 2019).

Comment les Gabonais ordinaires perçoivent-ils la responsabilité du gouvernement dans leur pays? Sur la base de la dernière enquête nationale d’Afrobarometer réalisée en 2017, la plupart des Gabonais accordent plus d’importance à la responsabilisation du gouvernement qu’à son efficacité. De fortes majorités affirment que le président doit obéir aux tribunaux et aux lois et justifier les dépenses du gouvernement devant le Parlement. Mais les Gabonais affirment de plus en plus souvent que leur président ignore à la fois le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif.

Thomas Isbell

Thomas was formerly capacity building manager (advanced analysis track)<br /> for Afrobarometer.

Sadhiska Bhoojedhur

Sadhiska Bhoojedhur is a senior data analyst for Island Living, Mauritius.