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Key findings
  • Plus du quart (26%) des Malgaches affirment que leur localité a été, dans les deux dernières années, le théâtre d’actes de vindicte populaire. Le phénomène est plus urbain, avec 31% des répondants contre 24% en milieu rural.
  • Quatre Malgaches sur 10 (41%) sont « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec la pratique de la vindicte populaire. Cette acceptation est plus forte chez les ruraux (43% contre 31% des urbains) et chez les moins instruits
  • Considérés comme au moins « parfois » justifiées pour les viols et les vols de zébu par les deux-tiers des Malgaches, les vindictes populaires restent non-justifiées pour une large majorité des répondants pour les vols à l’étalage et les vols à la tire.
  • La grande majorité des ruraux (79%) et une petite majorité (55%) des urbains vivent avec une autre forme de justice populaire – les dina ou pactes communautaires – en tant que moyen de régulation sociale.
  • Liés essentiellement aux vols de zébu (35%), à l’hygiène et l’assainissement (18%), et au respect des traditions (13%), les dina portent sur différents aspects de la vie des Malgaches et peuvent concerner également la gestion des ressources naturelles ou encore le port illicite d’arme à feu, entre autres domaines.

Un phénomène rare avant la crise politique de 2009, la pratique de la vindicte populaire semble augmenter à Madagascar. Du Nord au Sud, de nombreuses régions sont concernées par la volonté de la population elle-même de punir des agressions sexuelles, des dahalo (bandits), des vols à la tire, et autres délits. Des cas remarquables ont montré que le lynchage peut s’abattre sur n’importe quel individu lambda soupçonné d’avoir commis un délit (Madagascar Matin, 2016; Mada-actus.info, 2018).

Cette justice populaire, appelée aussi fitsaram-bahoaka en malgache, va à l’encontre des éléments qui définissent la justice pénale, comme la présomption d’innocence. Elle tente de s’apparenter à la notion de justice alors qu’elle est bien considérée comme un crime (Etika, 2013). Pour y remédier, des initiatives du gouvernement existent telles que le partenariat entre l’état, à travers le Ministère de la Justice, et le programme « Renforcement Etat de Droit » du Programme des Nations Unies pour le Développement, qui organise depuis peu des ateliers de sensibilisation en rapprochant les autorités locales et les citoyens, tout en vulgarisant quelques éléments juridiques sur le sujet (NewsMada, 2017).

Selon la plus récente enquête d’Afrobaromètre à Madagascar, quatre Malgaches sur 10 sont d’accord pour l’application des vindictes populaires, pratique qui prévaut déjà dans les localités de résidence du quart de la population. Cette idée est davantage soutenue par les ruraux et les répondants de niveau primaire et les non-scolarisés. Le paradoxe est que, c’est dans les zones où les forces de l’ordre sont les plus présentes qu’on rencontre le plus de vindictes populaires.

Par ailleurs, une forme de justice communautaire acceptée par tous est présente dans le pays. Les dina ou pactes communautaires, une justice ancestrale composée de règles sociales au niveau local, impose des sanctions en cas de délit. Ces sanctions se présentent souvent sous forme d’une amende, bien qu’aujourd’hui elles peuvent prendre d’autres formes.

Laetitia Razafimamonjy

Laetitia Razafimamonjy est coordonnateur de projets du cabinet COEF Ressources à Madagascar.

Désiré Razafindrazaka

Desire Razafindrazaka is the director and founder of COEF Resources.

Ellora Soulisse

Ellora Soulisse est consultante du cabinet COEF Ressources à Madagascar.

Sitraka Razanakoto

Sitraka Razanakoto est consultants au cabinet COEF Ressources à Madagascar.

Patricia Ramanamandimby

Patricia Ramanamandimby est consultants au cabinet COEF Ressources à Madagascar