- Un tiers (36%) environ des Marocains affirment que « certains » ou « plusieurs » réfugiés, migrants, et autres personnes déplacées devraient être autorisées à vivre au Maroc. Mais la majorité n'en veulent que « peu » (30%) ou « pas du tout » (26%).
- Deux-tiers (64%) considèrent que c'est une bonne chose qu'un immigré crée une entreprise qui emploie des nationaux. Environ quatre sur 10 accueilleraient volontiers un immigré qui épouse l'un de leurs parents proches (39%) ou devient leur voisin (38%).
- Mais presque la moitié (47%) des Marocains sont « d'accord » ou « tout à fait d'accord » pour dire que les migrants prennent les emplois des nationaux, et le pays ne devrait donc plus accepter de migrants. De même, quatre sur 10 (43%) pensent que le Maroc héberge assez de migrants et ne devrait plus en recevoir. Trois sur 10 (31%), d'autre part, affirment que les migrants sont un atout économique et que le pays devrait donc être plus accueillant.
- L'Europe (68%) est la destination la plus populaire des potentiels émigrants; 1% seulement choisiraient de partir dans un autre pays d'Afrique.
- Plus de la moitié (53%) des potentiels émigrants affirment que la raison la plus importante qui pourrait pousser quelqu'un à penser à émigrer est la recherche du travail.
Dans le réseau complexe de la migration internationale, le Maroc se distingue singulièrement comme un pays d’origine et de transit et de destination. La diaspora propre du Maroc est la 10ème plus importante au monde, totalisant environ 10% de sa population (Organisation de Coopération et de Développement Economiques, 2018). Durant des décennies, le Maroc a également été un pays de transit populaire pour les migrants qui cherchent à traverser vers l’Europe; en 2018, le Service Européen pour l’Action Extérieure (2018) a enregistré l’arrivée en Espagne par le Maroc de plus de 57.000 citoyens d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. Et ces dernières années, le pays est devenu une destination pour les migrants qui, incapables ou peu disposés à traverser vers l’Europe, se cherchent un nouveau départ au Maroc (International Migration Institute Network, 2019).
Sous la direction du Roi Mohamed VI, un champion continental des questions de migration, le pays a adopté une Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile basée sur les droits de l’homme en 2014 qui appelle à la régularisation et l’intégration dans la société des immigrés par l’accès à l’éducation, aux soins de santé, et au travail (North Africa Post, 2017; Gattioui, 2016; ReliefWeb, 2018). En effet, la constitution du pays accorde aux immigrés les mêmes droits qu’aux Marocains, dont le droit de vote aux élections locales. Il y a cependant eu des rapports d’arrestations et de bannissement des immigrés illégaux visant à raccourcir leur passage vers l’Europe (Alimi, 2018).
Comme pour illustrer l’engagement complexe de leur pays en rapport aux questions de migration, la toute récente enquête nationale d’Afrobaromètre indique que les attitudes des citoyens marocains envers les immigrés sont un mélange d’ouverture et de prudence. Alors que la majorité des Marocains accueilleraient volontiers les étrangers qui créent des entreprises, seule une minorité sont d’accord pour permettre à plus de réfugiés, de migrants, et d’autres personnes déplacées d’entrer dans le pays, et la moitié affirment que les migrants prennent les emplois des nationaux. L’étude révèle également que plus d’un tiers des Marocains ont pensé à émigrer, pour la plupart vers l’Europe et à la recherche de travail.